Catherine Tait souhaite un financement prévisible et durable pour CBC/Radio-Canada

Mickey Djuric, La Presse Canadienne
Catherine Tait souhaite un financement prévisible et durable pour CBC/Radio-Canada

OTTAWA — Alors que le radiodiffuseur public national prévoit un déficit budgétaire et que les conservateurs menacent de réduire son financement s’ils remportent les prochaines élections, sa plus haute dirigeante soutient qu’il est temps de pérenniser son financement.

«Soyons clairs: le mandat de CBC/Radio-Canada n’a pas besoin d’être revu», a martelé sa présidente-directrice générale, Catherine Tait, vendredi.

«Ce qu’il faut revoir, c’est le modèle financier et la façon dont nous sommes gouvernés.»

Mme Tait a formulé ces commentaires devant un parterre d’acteurs de l’industrie lors de la conférence «Prime Time», destinée au secteur de la radiodiffusion, du cinéma et des médias.

Mme Tait a lancé l’idée d’un mode de financement prévisible et durable, par exemple en vertu d’une charte similaire à celle de la BBC, qui est assortie d’une entente de financement de six ans avec le gouvernement britannique.

Elle a également présenté l’exemple d’autres radiodiffuseurs publics d’ailleurs dans le monde, qui ont des chartes de cinq à dix ans, «afin qu’ils puissent réellement planifier» leurs activités.

CBC/Radio-Canada obtient son financement annuel en fonction du cycle parlementaire, a rappelé Mme Tait, ce qui laisse le diffuseur public dans l’incertitude.

«Nous vivons dans un état perpétuel d’inquiétude, sans savoir ce que l’année suivante nous réserve – et s’il y a un changement de gouvernement, ce que cela apportera», a-t-elle expliqué.

Questionné par La Presse Canadienne, un porte-parole de Radio-Canada a souligné que Mme Tait avait partagé son idée dans le cadre d’une discussion, et qu’il ne s’agissait pas d’une demande officielle adressée au gouvernement.

Secteur en transformation

À Ottawa, les conservateurs ont promis de réduire le financement de CBC/Radio-Canada et de transformer son siège social de Toronto en «logements abordables». Le chef conservateur Pierre Poilievre a cependant précisé que son parti maintiendrait le soutien aux services adaptés aux communautés francophones.

La ministre du Patrimoine canadien, Pascale St-Onge, a déjà affirmé en entrevue avec La Presse Canadienne qu’elle souhaitait que le rôle de Radio-Canada soit redéfini avant les prochaines élections fédérales.

Lors de son propre panel à la conférence «Prime Time», jeudi, Mme St-Onge a mentionné qu’elle ne cherchait pas à mener une vaste consultation sur l’avenir de Radio-Canada, puisque cela a déjà été fait plusieurs fois.

En lieu et place, un comité d’experts la conseille actuellement sur les façons dont CBC/Radio-Canada peut être mieux positionnée, alors que l’industrie de l’information s’adapte à une transformation numérique et rivalise avec les grandes entreprises technologiques mondiales pour les revenus publicitaires.

«Il y a d’autres radiodiffuseurs publics à travers le monde dont nous pouvons nous inspirer, voir quelles sont les meilleures pratiques et les meilleures idées. C’est ce dont je vais parler avec le comité d’experts», a souligné Mme St-Onge.

Le cabinet de la ministre n’a pas immédiatement répondu à une demande de commentaires de La Presse Canadienne afin de savoir si le gouvernement serait ouvert à l’idée de légiférer sur un nouveau modèle financier pour le diffuseur public.

Mais Mme St-Onge a déjà reconnu qu’il ne restait pas beaucoup de temps pour apporter des changements majeurs d’ici aux prochaines élections.

«Nous savons qu’il y aura des élections au plus tard à l’automne 2025. Non, je n’ai pas beaucoup de temps. Oui, c’est un grand défi», a-t-elle avoué.

Mme Tait a affirmé qu’elle «espère certainement» que Mme St-Onge pourra rassembler les «idées brillantes» du comité d’experts d’ici aux prochaines élections.

«Elle semble être très énergique», a-t-elle dit.

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