Un comité demande à Québec de reconsidérer la hausse des frais de scolarité

Morgan Lowrie et Thomas MacDonald, La Presse Canadienne
Un comité demande à Québec de reconsidérer la hausse des frais de scolarité

MONTRÉAL — Québec va de l’avant avec un plan visant à augmenter d’environ 30 % les frais de scolarité des étudiants canadiens hors province, malgré une lettre d’un comité consultatif mandaté par le gouvernement les exhortant à reconsidérer leur décision.

Le président du comité, Éric Tessier, affirme que son groupe a écrit le mois dernier à la ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry, pour l’informer que les hausses pourraient compromettre l’accès à l’éducation et rendre la province moins attrayante pour des jeunes talentueux.

Il a soutenu que le projet de la province visant à augmenter les frais de scolarité annuels d’environ 9000 $ à 12 000 $ est trop cher pour de nombreux étudiants de l’extérieur de la province qui espèrent fréquenter les universités québécoises.

«C’est 33 %, c’est énorme», a-t-il dit en entrevue, soulignant que les autres provinces facturent généralement entre 6000 $ et 9000 $ pour les étudiants de l’extérieur de la province.

M. Tessier a déclaré que le Comité consultatif sur l’accessibilité financière aux études, qui se concentre sur l’accès à l’éducation, estime également que les étudiants de toutes origines supportent une trop grande part du coût du financement des études supérieures.

«Ces dernières années, la part du financement des universités repose un peu plus sur les épaules des étudiants, et de moins en moins sur le ministère», a-t-il expliqué.

Toutefois, un porte-parole de la ministre Déry affirme que la lettre du comité ne tient pas compte des principaux objectifs de la hausse des frais de scolarité, notamment la correction du déséquilibre financier entre les universités francophones et anglophones et la réduction de la part du financement public pour les étudiants hors province qui partent souvent après l’obtention de leur diplôme. 

Le bureau de Mme Déry a noté que le comité, qui a pour mandat de conseiller son ministère, avait envoyé sa lettre après la date limite pour soumettre des avis.

Le porte-parole a déclaré que le gouvernement se concentre sur la mise en œuvre de son plan, qui comprend une augmentation des frais de scolarité d’ici l’automne et l’imposition de nouvelles règles pour garantir que la plupart des étudiants maîtrisent le français une fois diplômés.

«Nous maintenons le cap sur nos orientations et allons continuer de travailler avec le réseau pour la mise en œuvre de la nouvelle grille tarifaire ainsi que des mesures visant le développement des compétences en français des étudiants hors Québec dans les universités anglophones», a écrit le directeur des communications, Simon Savignac, dans un courriel. 

Le gouvernement avait initialement menacé en octobre de presque doubler les frais de scolarité, passant de 8992 $ à 17 000 $, mais a ensuite réduit le montant de l’augmentation à 3000 $.

Les frais de scolarité devraient augmenter à 12 000 $ à partir de l’automne prochain. Mais une université anglophone, l’Université Bishop, est exemptée en raison de son emplacement à l’extérieur de Montréal, à Sherbrooke. Le gouvernement exigera également que 80 % des étudiants hors Québec des trois universités anglophones obtiennent un diplôme avec une connaissance intermédiaire du français parlé d’ici l’année universitaire 2025-2026.

Québec a également annoncé l’année dernière qu’il facturerait aux universités 20 000 $ pour chaque étudiant international admis et qu’il réinvestirait cet argent dans le réseau universitaire de langue française.

Le gouvernement a déclaré que le plan de frais de scolarité contribuerait à protéger la langue française en réduisant la part des écoles anglaises dans la population étudiante universitaire, qui s’élève, selon lui, à environ 25 %. 

Dans des réponses distinctes, les deux plus grandes universités anglophones de la province ont exhorté Québec à considérer les recommandations du comité.

«Le rapport du comité gouvernemental expose de nombreux arguments que nous avons soulevés auprès du ministre et du gouvernement sur cette question au cours des derniers mois», peut-on lire dans un communiqué de l’Université McGill. 

«Nous encourageons la ministre à écouter les experts du comité qui lui rend compte, qui lui fournissent des conseils et des données dans le cadre des propres processus de consultation de son ministère.»

L’Université Concordia a noté que le comité avait demandé plus de détails sur les raisons qui sous-tendent les augmentations des frais de scolarité, ce que les écoles ont également demandé.

«Ne pas tenir compte de cette recommandation témoignerait certainement d’un mépris supplémentaire à l’égard de la procédure régulière et des organismes d’experts», a écrit un porte-parole de Concordia.

– Avec des informations de Jacob Serebrin

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