Pierre Poilievre veut plus de sécurité dans les ports pour contrer les vols d’autos

Pierre Saint-Arnaud, La Presse Canadienne
Pierre Poilievre veut plus de sécurité dans les ports pour contrer les vols d’autos

MONTRÉAL — Pierre Poilievre promet de rehausser la sécurité dans les ports, deuxième volet de son plan de lutte contre le vol de véhicules. 

Le chef conservateur s’est présenté au port de Montréal, mardi, affirmant que «c’est la mauvaise gestion des ports fédéraux par Justin Trudeau qui les a transformés en parcs de stationnement pour des véhicules volés qui disparaissent ensuite à l’étranger. L’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) est chargée de protéger nos frontières, mais le port de Montréal, où la majorité des véhicules volés quittent le Canada, est mal géré à cause de Justin Trudeau.»

Malgré ses fréquents reproches aux médias, il a cité le «Journal de Montréal», soulignant qu’il n’y a que cinq agents de l’ASFC qui ont pour mission de vérifier plus d’un demi-million de conteneurs au port de Montréal et que l’agence ne vérifie que 1 % des conteneurs en général. 

Vérifications aux rayons X 

Il promet donc d’acheter deux douzaines d’appareils à rayons X destinés aux ports reconnus comme étant des lieux de transit de véhicules volés et d’embaucher 75 personnes pour les opérer, dont une trentaine à Montréal, où le phénomène est le plus répandu, selon les experts en sécurité publique. Les trois autres ports dans la mire du chef conservateur sont ceux de Halifax, Vancouver et Prince Rupert, en Colombie-Britannique. 

M. Poilievre soutient que l’acquisition de ces appareils, capables de vérifier 150 conteneurs à l’heure, serait financée par le congédiement de consultants embauchés par l’Agence des services frontaliers du Canada. 

Il a repris à son compte des anecdotes rapportées par le quotidien «La Presse» où des victimes de vol n’arrivaient pas à récupérer leur véhicule malgré l’installation d’appareils de géolocalisation. «Si quelqu’un voit que la voiture est volée, ils devraient pouvoir appeler les policiers et leur dire: «Mon auto est en train de s’en aller au port de Montréal». Quelqu’un avec un scanner devrait pouvoir la trouver et l’enlever avant qu’elle soit envoyée à l’extérieur.» 

Pierre Poilievre profite de l’approche d’un sommet sur le vol de véhicules, qui aura lieu jeudi à Ottawa, pour avancer les propositions qu’il entend défendre à ce sujet. 

Lundi, il avait proposé un durcissement des peines imposées aux criminels impliqués dans le vol de véhicules. 

Réplique libérale

De retour aux Communes en après-midi, M. Poilievre a réitéré les éléments de son plan présenté plus tôt à Montréal, mais le premier ministre Justin Trudeau s’est empressé de rappeler que «quand nous sommes arrivés au pouvoir en 2015, on a dû renverser le congédiement de milliers d’agents frontaliers que le gouvernement Harper, avec ce chef de l’opposition comme ministre, avait coupés.»

Dans les corridors du Parlement, son ministre de la Sécurité publique, Dominic LeBlanc, a lui aussi fait ce rappel, mais a aussi fait valoir que «l’idée que le gouvernement fédéral, à lui seul, peut s’attaquer à quelque chose d’aussi complexe que le crime organisé, le vol d’auto dans les grandes et petites communautés à travers le pays est fallacieuse». 

Ajoutant que ces questions seraient discutées lors du sommer de jeudi, il a souligné que ce fléau devait être combattu sur tous les fronts par les corps policiers locaux, provinciaux, la Gendarmerie royale du Canada et l’ASFC, précisant qu’il n’était pas possible de «contrer le problème en étranglant le goulot au point de départ final des véhicules qui ont été volés». 

Condamnation de Justin Trudeau

M. Poilievre a par ailleurs détourné toutes les questions portant sur d’autres sujets, ramenant chacune d’entre elles à une condamnation du premier ministre Justin Trudeau. 

Interrogé, par exemple, sur la possibilité d’enlever le droit de grève aux débardeurs, comme l’a demandé à M. Trudeau le président de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, Michel Leblanc, le 16 janvier dernier, il a refusé de prendre position. Il a plutôt dit imaginer que «les travailleurs portuaires ont de la misère à payer le loyer qui a augmenté de 200 % en huit ans, donc je peux comprendre pourquoi ils veulent aller en grève. Ils doivent manger.» Le salaire moyen des débardeurs de Montréal, en 2023, était de 150 000 $. 

Lorsqu’un journaliste lui a demandé s’il allait rencontrer la mairesse de Montréal, Valérie Plante, pour tenter de rebâtir les ponts après l’avoir qualifiée d’incompétente, il en a plutôt rajouté. «La question oublie que j’ai appelé d’autres maires à travers le pays, y compris à Vancouver, à Calgary à Toronto, incompétents», faisant référence à la lenteur des villes à bouger face au manque de logements, tout en blâmant Justin Trudeau d’en être responsable. 

Interrogé quant à savoir si le Canada verse trop d’aide à l’Ukraine, il a plutôt proposé d’envoyer des missiles canadiens désuets à l’Ukraine après avoir reproché au premier ministre d’avoir «annoncé de grosses affaires, de gros projets qu’il n’a jamais livrés. (…) Il est un gros parleur, petit faiseur.» 

À un journaliste qui lui demandait sa position face aux politiques albertaines face aux jeunes trans, il a affirmé que «Justin Trudeau essaie de cacher sa position. Il refuse de dire spécifiquement ce à quoi il s’oppose et il sème de la désinformation», après avoir accusé le journaliste en question de semer aussi la désinformation, mais sans jamais donner sa propre position, outre de dire de laisser les provinces et les parents tranquilles. 

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