Ottawa fermera les écoles douteuses si les provinces ne bougent pas, prévient Miller

Nojoud Al Mallees, La Presse Canadienne
Ottawa fermera les écoles douteuses si les provinces ne bougent pas, prévient Miller

OTTAWA — Le ministre fédéral de l’Immigration assure qu’Ottawa est prêt à intervenir et à fermer les écoles douteuses qui abusent du programme pour étudiants étrangers si les provinces ne prennent pas leurs responsabilités. 

Marc Miller a indiqué mardi qu’il y a des problèmes dans le réseau universitaire, mais que certains des pires contrevenants sont des établissements privés – et qu’ils doivent disparaître.

«Il y a une responsabilité à assumer, a déclaré M. Miller sur la colline du Parlement, avant la réunion hebdomadaire du cabinet. Je pense simplement que certains des acteurs vraiment très mauvais se trouvent dans la sphère privée et qu’ils doivent être fermés.»

Le ministre a soutenu que les provinces sont responsables de résoudre les problèmes dans le secteur de l’enseignement postsecondaire.

Mais il a ajouté que si les provinces ne le font pas, Ottawa le fera – bien qu’il y ait des «enjeux de compétence» quant à ce que le gouvernement fédéral peut faire en enseignement postsecondaire.

Une forte augmentation des inscriptions d’étudiants étrangers depuis quelques années a mené à un examen minutieux du programme fédéral pour les étudiants étrangers. Le gouvernement libéral a été amené à plafonner le nombre de nouveaux visas d’études pour les deux prochaines années.

Plus de 900 000 étudiants étrangers ont obtenu un visa pour étudier au Canada l’année dernière; c’est plus de trois fois plus qu’il y a 10 ans.

Les critiques ont remis en question l’augmentation spectaculaire des inscriptions d’étudiants étrangers dans des établissements postsecondaires «douteux». Certains soutiennent que ce programme pourrait être devenu une porte dérobée vers la résidence permanente au Canada.

Le ministre Miller a présenté comme une solution le projet de son gouvernement visant à reconnaître les établissements postsecondaires qui appliqueraient des normes plus élevées en matière de services, de soutien et de résultats pour les étudiants étrangers.

«Le modèle d’établissements reconnus que nous avons lancé à l’automne est toujours très pertinent pour cette discussion, car nous serons capables de séparer le bon grain de l’ivraie, a-t-il déclaré mardi. Et peut-être même — si les provinces n’assument pas leurs responsabilités — de fermer ces établissements s’ils ne font pas un assez bon travail.»

Mécontentement de la province

À la suite des commentaires du ministre Miller, le président-directeur général de l’Association nationale des collèges de carrières (ANCC) a déclaré que son organisation soutenait les efforts du gouvernement fédéral pour freiner le nombre d’étudiants internationaux, mais il a repoussé les critiques adressées aux collèges privés.

«Les statistiques (d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada) sont claires: les collèges d’enseignement professionnel réglementés forment en grande majorité des apprenants canadiens et les établissements membres du ANCC représentent moins de 5% de tous les permis d’études en 2023. Nous ne sommes pas le problème», a affirmé Michael Sangster dans un communiqué.

Outre les collèges privés, M. Miller a également pointé du doigt les écoles qui ont enregistré une augmentation des demandes d’asile d’étudiants internationaux.

Les demandes d’asile des étudiants internationaux du Seneca College sont passées de 300 en 2022 à près de 700 en 2023. Au Conestoga College, les demandes sont passées de 106 à 450 au cours de la même période.

M. Miller a qualifié ces augmentations d’«alarmantes» et de «totalement inacceptables».

Le gouvernement de l’Ontario a exprimé son mécontentement devant la décision du gouvernement fédéral de plafonner les inscriptions d’étudiants internationaux.

Vendredi, le premier ministre Doug Ford a déclaré qu’Ottawa avait aveuglé la province avec cette décision, qu’il a comparée à «un coup de massue contre l’ensemble du système».

M. Miller a repoussé les critiques de l’Ontario mardi, affirmant qu’il s’agissait de «foutaises» et qu’il avait averti la province qu’elle devait contrôler l’afflux d’étudiants internationaux.

Le gouvernement de l’Ontario a annoncé lundi qu’il consacrerait 1,3 milliard $ supplémentaires sur trois ans aux établissements d’enseignement postsecondaire de plus en plus aux prises avec des difficultés financières en raison du faible financement provincial, du gel des droits de scolarité et, désormais, du plafonnement des inscriptions d’étudiants internationaux.

Les collèges et les universités ont déclaré que cela était loin de suffire à soutenir le secteur.

Un groupe d’experts mandaté par le gouvernement et le vérificateur général de l’Ontario ont noté que les faibles niveaux de soutien provincial sur plusieurs années, combinés à une réduction et un gel des droits de scolarité en 2019, expliquent en grande partie pourquoi les établissements se tournent de plus en plus vers les droits de scolarité des étudiants internationaux – qui sont bien plus élevés que ce que paient les étudiants nationaux – pour rester à flot.

Selon un rapport publié l’année dernière par Higher Education Strategy Associates, l’Ontario occupe la dernière place dans toutes les comparaisons du financement interprovincial de l’enseignement postsecondaire. 

Les étudiants internationaux donnent désormais plus d’argent aux établissements ontariens que le gouvernement, indique le rapport.

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