Face au protectionnisme, Legault veut plus d’échanges commerciaux avec la France

Frédéric Lacroix-Couture, La Presse Canadienne
Face au protectionnisme, Legault veut plus d’échanges commerciaux avec la France

MONTRÉAL — Le premier ministre François Legault souhaite voir les liens commerciaux entre le Québec et la France s’intensifier alors qu’il s’inquiète d’une nouvelle montée du protectionnisme aux États-Unis. 

C’est l’un des messages que M. Legault a lancés aux côtés de son homologue français, Gabriel Attal, lors d’un panel économique tenu au siège social de la Caisse de dépôt et placement du Québec, à Montréal, vendredi en fin de journée. 

Les échanges commerciaux entre les deux États s’élèvent à 6 milliards $ par année, mais «ce n’est pas assez», a déclaré M. Legault devant un parterre réunissant notamment des acteurs des milieux des affaires et de la politique.

Soulignant que la grande majorité des exportations du Québec vont vers les États-Unis, M. Legault a indiqué qu’«il y a un risque d’avoir de plus en plus de protectionnisme» peu importe qui sera élu à la Maison-Blanche en novembre prochain. 

«On a un allié, la France. Il faut que le Québec soit la porte d’entrée des entreprises françaises pour distribuer en Amérique du Nord. Et à l’inverse, il faut que la France soit la porte d’entrée pour les entreprises québécoises qui veulent exporter en Europe. Donc, c’est donnant-donnant», a-t-il dit, ajoutant plus tard que le protectionniste représente pour lui «une grande inquiétude». 

M. Legault a notamment vendu Hydro-Québec et sa production d’énergie faible en émission de GES comme un atout pour attirer des entreprises françaises en sol québécois. 

Le premier ministre de la France, Gabriel Attal, a aussi appelé à «aller encore beaucoup plus loin» dans les échanges commerciaux entre son pays et le Québec après un rebond l’an dernier. 

Dans un contexte géopolitique difficile et un «monde troublé» par divers enjeux, «pour avancer, mieux vaut se tourner vers des alliés, des personnes qui partagent vos valeurs» afin de bénéficier d’une certaine stabilité, a affirmé M. Attal. 

«En France, au Québec et au Canada, on a des valeurs, on sait les tenir et les respecter. Et je crois qu’on partage, en plus, les mêmes objectifs et les mêmes défis s’agissant les grands bouleversements du monde», a-t-il affirmé. 

Le dirigeant français répondait alors à la question si le Québec et la France étaient les meilleurs alliés dans ce climat d’incertitude. 

M. Legault estime que «le plus beau partenariat et le plus naturel pour toutes sortes de raisons, c’est entre la France et le Québec».

«Quand on regarde toute la géopolitique actuellement, ça va être important avec nos alliés qui ont des valeurs, qui ont des normes comparables aux nôtres, et d’être capable de s’associer et de travailler ensemble. Et peut-être de se privilégier un peu au détriment de pays qui refusent l’objectif de décarboner, entre autres», a-t-il dit. 

Avant le panel organisé par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, et animé par la déléguée générale du Québec à Paris, Michèle Boisvert, MM. Attal et Legault ont rencontré quelques entreprises françaises et québécoises.

Ce passage à Montréal marquait la dernière étape de la visite de Gabriel Attal en sol canadien, dans le cadre de la 21e Rencontre alternée des premiers ministres québécois et français. M. Attal s’est d’abord arrêté à Ottawa pour ensuite se rendre à Québec. 

Annonces d’investissements

À l’occasion de cette visite, Investissements Québec et Business France ont souligné vendredi la concrétisation de projets d’entreprises des deux côtés de l’océan Atlantique. 

Dans un communiqué, le bras financier du gouvernement québécois et l’agence nationale au service de l’internationalisation de l’économie française ont confirmé des investissements de compagnies québécoises en France. 

Parmi elles figure Médicom, un fournisseur d’équipements médicaux basé à Pointe-Claire, qui doit ouvrir prochainement une première usine de gants de nitrile en France qui produira 900 millions de gants par an. 

Également, Lallemand, une société de Montréal qui développe, produit et commercialise des levures et bactéries, entre autres, prévoit d’investir près de 30 millions $ dans deux de ses usines françaises, et ainsi créer des emplois. 

Chez les sociétés françaises qui prennent de l’expansion au Québec, on retrouve Sopra Steria, une entreprise de services informatiques, qui doit ouvrir des bureaux à Montréal et y développer des activités dédiées à l’industrie de l’aéronautique et du spatial. 

Il y a aussi Exaion, une filiale d’Électricité de France spécialisée dans le numérique, qui a inauguré un centre de données à Sherbrooke en février dernier. Elle prévoit un investissement de 25 millions $ sur cinq ans. 

Investissement Québec et Business France ont indiqué avoir accompagné ou soutenu ces différents projets.  

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