Un campement propalestinien est établi sur un campus de l’UQAM

Morgan Lowrie, La Presse Canadienne
Un campement propalestinien est établi sur un campus de l’UQAM

MONTRÉAL — Des militants propalestiniens de Montréal ont annoncé dimanche avoir installé un nouveau campement à l’Université du Québec à Montréal, alors que l’Université McGill, située à proximité, se prépare à intenter une action en justice pour éliminer le camp de protestation installé sur son terrain depuis le 27 avril.

Solidarité pour les droits humains des Palestiniennes et Palestiniens a déclaré dans un communiqué que l’UQAM se joint au mouvement étudiant international en solidarité avec le peuple palestinien dans le contexte de la guerre en cours entre Israël et le Hamas.

Les manifestants exigent que leur université rompe ses liens avec les institutions israéliennes et révèle tous ses liens avec Israël, et que le gouvernement du Québec abolisse le projet d’ouvrir un bureau diplomatique en Israël.

«Alors que les forces d’occupation intensifient leur agression meurtrière contre Rafah, nous, étudiants et travailleurs, refusons de garder le silence face à l’apartheid, au génocide et aux crimes coloniaux de l’État d’Israël, a martelé Leila Khaled, porte-parole du camp, qui se fait appeler Université Populaire Al-Aqsa. Nous nous adressons à l’UQAM, mais aussi à l’État québécois et à l’État canadien pour qu’ils prennent des mesures afin de mettre fin à leur collaboration et leur complicité avec l’État voyou.»

Ils veulent également que McGill retire sa demande d’ordonnance du tribunal pour vider le campement situé sur son terrain inférieur et qu’elle mette fin à toutes les tentatives de «judiciarisation» des manifestants.

Le communiqué indique que les militants n’ont pas l’intention de quitter le campement de l’UQAM tant que leurs revendications ne seront pas satisfaites et qu’ils encouragent les manifestants des autres campus à leur emboîter le pas.

Plus tard dans la journée, l’UQAM a publié son propre communiqué, disant que l’Université ne reconnaissait pas le groupe, qui s’auto-identifie à l’UQAM.

L’administration indique également que le Service de la prévention et de la sécurité se trouve sur les lieux sur place pour suivre la situation, «s’assurer du déroulement sécuritaire des activités et identifier des interlocuteurs ou interlocutrices de manière à établir un dialogue pour la suite des choses». 

L’UQAM rappelle que la sécurité constitue une préoccupation primordiale et que l’accès aux différents pavillons doit être préservé. 

«L’UQAM tient à indiquer que sa Fondation n’a aucun investissement dans l’armement, ayant adopté une politique d’investissement responsable il y a de nombreuses années, et que l’Université n’a pas actuellement d’entente de mobilité ni d’entente-cadre avec des universités israéliennes», soutient également l’administration dans son communiqué.

Suivant l’exemple des manifestants sur les campus américains, les manifestants au Canada ont érigé des campements dans les universités de Montréal, Toronto, Ottawa et Vancouver ainsi qu’à Edmonton et Calgary, où la police s’est déplacée pour expulser les manifestants par la force.

La tension monte en Alberta

La police d’Edmonton a démantelé samedi un campement propalestinien sur le campus de l’Université de l’Alberta, provoquant l’indignation des étudiants et des universitaires, qui ont qualifié l’opération de violente et ont contesté les allégations selon lesquelles les manifestants enfreignaient la loi.

Dimanche, le président de l’Université de l’Alberta, Bill Flanagan, a accepté l’inquiétude du public concernant la décision de l’école d’appeler la police, décision qui, selon lui, avait été «extrêmement difficile» à prendre.

Cependant, il a souligné que l’université avait le devoir d’agir compte tenu des problèmes de sécurité sur le site, ajoutant que des risques d’incendie ainsi que des «armes potentielles» telles que des marteaux, des haches et des tournevis avaient été découverts après le démantèlement.

«Il ne fait aucun doute que le campement représentait un risque grave et imminent de violence potentielle et de blessures pour les membres de la communauté universitaire et le public», a-t-il écrit. Il a ajouté que les manifestations pacifiques continueraient d’être tolérées.

Les organisateurs de la manifestation d’Edmonton ont répondu que les seules violences et blessures survenues ont eu lieu lorsque la police est arrivée. Ils ont également contesté le fait que les outils mentionnés par M. Flanagan puissent être interprétés comme des armes.

«Peut-être que le président Flanagan n’est pas un campeur actif, mais tous les outils (pas les armes) sur place étaient des éléments standards utiles pour des tâches telles que la pose de banderoles sur des piquets», a affirmé dimanche le groupe People’s University for Palestine dans un communiqué.

L’Université McGill, quant à elle, demandera lundi à un juge d’ordonner aux manifestants de cesser de camper ou d’occuper son terrain, et d’autoriser la police de Montréal à aider l’école à démanteler le campement si elle est appelée.

Dans une demande judiciaire d’injonction datée de vendredi, McGill a formulé sa demande autour de préoccupations sanitaires et de ce qu’elle a décrit comme le «risque de violence et d’intimidation».

Le dossier cite des «échanges verbaux féroces» entre manifestants et contre-manifestants au début du mois, des barils de «déchets humains» sur le site, d’éventuelles violations du code de prévention des incendies telles qu’un point de sortie unique et le potentiel du camp comme «aimant» pour de nouveaux affrontements.

En plus de doubler les effectifs de sécurité sur le terrain, McGill a déclaré qu’elle devra probablement dépenser plus de 700 000 $ pour utiliser un autre lieu pour les cérémonies de remise des diplômes du printemps qui se déroulent généralement sur le terrain partiellement occupé par les manifestants.

L’université indique que les tentatives de négocier la fin du campement par l’intermédiaire d’avocats n’ont pas abouti et que la police de Montréal a jusqu’à présent refusé d’intervenir «car ses critères d’intervention policière n’étaient pas remplis».

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