Il manque environ 3000 pharmaciens au Québec, une préoccupation majeure pour l’OPQ

Katrine Desautels, La Presse Canadienne
Il manque environ 3000 pharmaciens au Québec, une préoccupation majeure pour l’OPQ

MONTRÉAL — Tous les secteurs de la santé sont confrontés à un manque important de personnel, mais il s’agit d’un problème majeur dans l’industrie pharmaceutique, que ce soit en pharmacie ou en milieu hospitalier, affirme le président de l’Ordre des pharmaciens du Québec (OPQ). 

Dans une entrevue accordée à La Presse Canadienne vendredi, Jean-François Desgagné a fait part de ses préoccupations concernant la pénurie des métiers de la pharmacie, mais il s’est aussi montré optimiste. 

M. Desgagné est entre autres encouragé par l’arrivée cette année des premières cohortes de techniciens en pharmacie. Ce nouveau programme était offert dans dix cégeps à travers la province à l’automne 2021. 

Il ne nie pas toutefois que la situation est critique. Selon le président de l’OPQ, il manque actuellement au moins un pharmacien par pharmacie au Québec, et dans les petits hôpitaux il en manque approximativement trois, et dans les gros hôpitaux, cinq à neuf. «Grosso modo, il manque 3000 pharmaciens au Québec», résume-t-il. 

«Les pharmaciens s’organisent, on est des bêtes de l’organisation, mais il faut être conscient qu’on ne peut pas étirer un élastique infiniment», souligne M. Desgagné. 

Les résultats de la dernière enquête sur les effectifs de l’Association des pharmaciens des établissements de santé du Québec (A.P.E.S.) allaient en ce sens. On observait que dans les urgences, 62 % des besoins en pharmaciens pour prodiguer des soins pharmaceutiques sont non comblés, et de l’ordre de 15 % en oncologie, alors que les traitements sont essentiels à la survie de certains patients. 

Aux unités de soins intensifs et coronariens, auprès des patients hospitalisés, 50 % des besoins en pharmaciens pour donner des soins pharmaceutiques sont non couverts. 

En dialyse rénale, il y a 13 pharmaciens en emploi sur 73 requis, ce qui comble à peine 18 % des besoins alors que les patients dialysés sont particulièrement vulnérables aux médicaments en raison de la capacité de filtration des reins qui est diminuée.

Uniquement pour ces quatre secteurs, on aurait besoin de 235 pharmaciens additionnels, évaluait en mars l’A.P.E.S. 

«Les soucis d’effectif, c’est l’enjeu majeur dans la profession présentement, comme dans beaucoup d’autres professions. (…) Il n’y a pas une journée sans qu’on en parle dans les médias, mais disons qu’en pharmacie, c’est la préoccupation majeure», a déclaré M. Desgagné. 

Moderniser l’entente Québec-France

La population peut elle aussi jouer un rôle pour assurer de meilleurs services. Dans les pharmacies, les patients sont invités à prendre rendez-vous pour ce qu’il est possible de planifier. 

Par exemple, avant un voyage, la prise de rendez-vous pour la vaccination aide grandement le pharmacien à organiser son emploi du temps.  

M. Desgagné assure que toutes les autorités concernées mettent la main à la pâte pour remédier à la pénurie de pharmaciens. 

«On a une table de travail où on parle justement de ces enjeux et on travaille sur des solutions, mais ça va passer par plus de pharmaciens, de meilleures formations, de meilleurs outils, une meilleure intégration des assistants techniques et éventuellement les premiers techniciens en pharmacie», explique-t-il. 

«Toute la famille de la pharmacie, que ce soit les chaînes et bannières, les associations professionnelles, les universités, les assistants techniques, les pharmaciens propriétaires, le milieu hospitalier, les GMF, tout le monde travaille là-dessus», poursuit-il. 

Il ajoute que les ententes d’immigration font partie de la solution. Le Québec et la France possèdent une entente mutuelle qui facilite la reconnaissance des qualifications professionnelles des pharmaciens français désirant exercer au Québec. 

«On travaille à moderniser (l’entente) pour assurer un transfert plus fluide, a fait savoir le président de l’OPQ. Éventuellement, si on peut développer ce type d’ententes avec d’autres pays, on ne se privera pas.»

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