VANCOUVER — La Société canadienne de néphrologie réclame pour la mise en place de traitements rénaux plus respectueux de l’environnement afin de réduire la consommation d’eau, d’énergie et de plastique dans les dialyses.
Des milliers de Canadiens souffrant de problèmes rénaux doivent supporter de longues procédures vitales au moins trois fois par semaine dans un établissement de santé ou à la maison.
Caroline Stigant, la présidente du comité sur la néphrologie durable de l’organisme, signale que chaque dialyse nécessite jusqu’à 500 litres d’eau purifiée. Elle mentionne que les émissions de carbone d’un seul traitement équivalent à la conduite d’un véhicule sur 100 kilomètres.
Selon elle, plus de 20 000 patients suivent ces traitements au Canada.
Elle déplore qu’il n’existe aucun programme de recyclage au Canada pour des déchets médicaux. Les patients qui subissent des dialyses à la maison se retrouvent avec une grande quantité de déchets.
Des déchets biologiques dangereux, notamment des éprouvettes ou des pansements couverts de sang, sont envoyés vers des installations pour être stérilisés à l’autoclave avant d’être réduits en miettes et enterrés, dit la Dre Stigant.
La Société canadienne de néphrologie a formé un comité afin de trouver des moyens pour réduire les déchets. Un des objectifs est de mettre au point un calculateur de l’empreinte carbonique afin de recueillir des données sur l’impact environnemental des traitements rénaux.
La Dre Stigant dit que ces déchets contribuent aux changements climatiques, lesquels favorisent le développement de troubles rénaux, notamment au sein des populations les plus vulnérables, à cause de la déshydratation provoquée par des températures élevées.
«La situation environnementale évolue en néphrologie et dans les traitements rénaux. C’est un énorme travail, pas seulement pour les néphrologues, mais aussi pour les gestionnaires, pour ceux qui financent le système, pour les patients, pour toute l’industrie. Nous devons modifier les systèmes que nous utilisons dans les traitements rénaux, car les patients ne veulent pas subir des dialyses, ils ne veulent pas être attachés à une machine.»
Les patients traités à la maison doivent placer les déchets en plastique et en carton parfois ensanglantés dans un emballage. La Dre Stigant mentionne que certains patients paient les municipalités pour obtenir des sacs supplémentaires ou apportent leurs ordures chez un proche.
«Quand on forme les gens pour se soigner à la maison, ils posent des questions sur les déchets et comment ils doivent s’en débarrasser. Ils jugent que ces déchets sont embarrassants. Ils trouvent que cela leur coûte cher. Et le système ne les rembourse pas.»
Les dialyses péritonéales à la maison génèrent annuellement 211 000 kilogrammes de plastique polypropylène recyclable et 55 600 kilogrammes de polypropylène recyclable au Canada, selon une étude co-écrite par la Dre Stigant et publiée en novembre dans le Kidney International Reports.
La Dre Stigant dit que les articles en plastique recyclable sont récupérés chaque fois que les patients reçoivent leur matériel.
«C’est quelque chose que l’on aimerait voir implanter localement. Nous sommes vraiment dans l’enfance de la bonne gestion de déchets. Cela implique de réduire le nombre de personnes qui pourraient développer une maladie rénale et le nombre de patients. Le monde est confronté à une aggravation de la situation.»
Nancy Verdin, une patiente de Red Deer, en Alberta, siège au comité. Elle dit avoir éprouvé des problèmes avec la grande quantité de déchets produits par les hémodialyses qu’elle reçoit depuis 26 ans.
La femme âgée de 63 ans dit qu’elle ne peut pas recycler tous les déchets parce que sa ville n’accepte qu’un nombre limité d’articles en plastique.
«Je sépare mes sacs. Ensuite, je décide si je dois payer pour les envoyer à Edmonton. Je ne conduis plus. Il me faut donc de l’aide pour aller les porter vers les entreprises de livraison. Et tout me coûte de l’argent.»
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Note aux lecteurs: Dans la version précédente de cette dépêche, La Presse Canadienne identifiait erronément la présidente du comité sur la néphrologie durable de la Société canadienne de néphrologie comme étant Caroline Stugant. En réalité, elle se nomme Caroline Stigant.