Acculé par les avocats de la défense, Cohen admet avoir volé la Trump Organization

Michael R. Sisak, Jennifer Peltz, Jake Offenhartz et Alanna Durkin Richer, The Associated Press
Acculé par les avocats de la défense, Cohen admet avoir volé la Trump Organization

NEW YORK — Les procureurs ont conclu lundi leur poursuite pour des paiements secrets contre Donald Trump, passant le relais aux avocats de l’ancien président pour avoir la possibilité d’appeler des témoins.

Le dernier témoin de l’accusation, du moins pour l’instant, était aussi le plus important: Michael Cohen, l’avocat devenu adversaire de M. Trump, que la défense, au cours de plusieurs heures de contre-interrogatoire, a cherché à dépeindre comme un fabuliste en série qui mène une campagne de vengeance visant à prendre à renverser l’ancien président.

Michael Cohen a admis lundi qu’il avait volé des dizaines de milliers de dollars à la société de M. Trump, un aveu que les avocats de la défense espèrent utiliser pour miner sa crédibilité en tant que témoin clé à charge dans le procès de l’ancien président.

De retour à la barre des témoins pour un quatrième jour, M. Cohen a déclaré aux jurés qu’il avait volé la Trump Organization après que sa prime de fin d’année de 2016 ait été réduite à 50 000 $ US sur les 150 000 $ US qu’il recevait habituellement. L’avocat radié a affirmé avoir payé 50 000 $ US à une entreprise technologique pour son travail visant à améliorer artificiellement la position de Donald Trump dans un sondage en ligne CNBC sur des hommes d’affaires célèbres. Il a raconté qu’il n’avait donné à l’entreprise que 20 000 $ US en espèces dans un sac en papier brun, mais qu’il avait demandé à M. Trump le remboursement de la totalité du montant, empochant la différence.

«Alors vous avez volé la Trump Organization», a demandé Me Blanche. «Oui, monsieur», a répondu M. Cohen. Il a avoué qu’il n’avait jamais remboursé la Trump Organization. L’ancien avocat n’a jamais été accusé de vol dans l’entreprise de Donald Trump.

Le témoignage de M. Cohen souligne le risque de dépendance des procureurs à l’égard de l’avocat désormais radié, qui a admis à la barre des témoins un certain nombre de mensonges passés, dont beaucoup, selon lui, étaient destinés à protéger M. Trump.

Michael Cohen a également purgé une peine de prison après avoir plaidé coupable à diverses accusations fédérales, notamment de mentir au Congrès et à une banque et s’être livré à des violations de financement de campagne liées au programme d’argent secret. Et il a gagné des millions de dollars grâce à des livres sur l’ancien président, qu’il critique régulièrement sur les réseaux sociaux avec des termes souvent grossiers.

Mais lorsqu’il a été questionné par Me Blanche, M. Cohen a confirmé ses souvenirs de conversations avec M. Trump au sujet du paiement secret de 130 000 $ US à l’actrice pornographique Stormy Daniels, qui est au centre de l’affaire.

«Aucun doute dans votre esprit ?» a demandé Me Blanche spécifiquement sur le fait d’avoir eu des conversations avec Donald Trump sur l’affaire Daniels. Aucun doute, a répondu M. Cohen.

La crédibilité de Cohen, clé du procès

Les procureurs ont eu une autre chance d’interroger leur témoin vedette après que la défense ait terminé son contre-interrogatoire. La procureure Susan Hoffinger s’est penchée sur la stratégie de la défense pour s’en prendre à M. Cohen en lui demandant: «Je sais que vous pourriez avoir l’impression d’être jugé ici après un contre-interrogatoire, mais êtes-vous réellement jugé ici?»

«Non, madame», a répondu le témoin.

La question de savoir si la défense réussira à miner la crédibilité de Michael Cohen pourrait déterminer le sort de Donald Trump dans cette affaire. M. Cohen a directement lié M. Trump au stratagème de paiement secret, racontant des réunions et des conversations avec son patron de l’époque sur l’étouffement des histoires négatives au cours des dernières semaines de la campagne de 2016.

Le premier témoin de la défense est un parajuriste qui travaille dans le cabinet de l’avocat de la défense Todd Blanche. L’équipe de M. Trump prévoit également d’appeler comme témoin Robert Costello, un avocat qui a conseillé Michael Cohen il y a plusieurs années, avant que les deux hommes ne se disputent. Me Costello a témoigné l’année dernière devant le grand jury qui a inculpé M. Trump après avoir affirmé qu’il détenait des informations qui minaient la crédibilité de M. Cohen. Me Costello a ensuite déclaré aux journalistes qu’il s’était manifesté pour indiquer clairement qu’il ne croyait pas M. Cohen.

«S’ils veulent s’en prendre à Donald Trump et qu’ils ont des preuves solides, qu’il en soit ainsi», avait alors déclaré Robert Costello. Mais Michael Cohen est loin d’être une preuve solide.»

Après plus de quatre semaines de témoignages sur le sexe, l’argent, les machinations des tabloïds et les détails de la tenue des registres de l’entreprise de M. Trump, les jurés pourraient commencer à délibérer dès la semaine prochaine pour décider si le candidat républicain est coupable de 34 chefs d’accusation pour falsification de dossiers commerciaux lors du premier procès pénal d’un ancien président américain.

Les accusations proviennent de dossiers internes de la Trump Organization, dans lesquels les paiements à Michael Cohen étaient marqués comme frais juridiques, alors que les procureurs affirment qu’il s’agissait en réalité de remboursements pour le paiement secret de Stormy Daniels.

Donald Trump a plaidé non coupable. Ses avocats affirment qu’il n’y avait rien de criminel dans l’accord avec Mme Daniels ou dans la manière dont M. Cohen a été payé.

«Il n’y a pas de crime», a déclaré M. Trump aux journalistes après son arrivée au palais de justice lundi. «Nous avons payé des frais juridiques. Vous savez comment c’est marqué? Une dépense juridique.»

Les alliés de Donald Trump, dont plusieurs qui l’ont rejoint au palais de justice lundi, ont rapidement saisi l’aveu de Cohen à la barre des témoins. L’ancien responsable de l’administration Trump, Kash Patel, a déclaré aux journalistes que lundi marquait la première fois en six semaines de procès que «nous avons enfin un crime»: Michael Cohen volant de l’argent à la Trump Organization. «Nous avons aussi une victime. Cette victime est Donald J. Trump », a martelé M. Patel.

Des interrogatoires parfois houleux

Me Blanche a interrogé M. Cohen sur ses premiers démentis publics selon lesquels son patron de l’époque était au courant du paiement de Mme Daniels. Après que le «Wall Street Journal» a rapporté, en janvier 2018, que M. Cohen avait organisé le paiement de l’actrice pornographique plus d’un an plus tôt, l’avocat avait déclaré aux journalistes, amis et autres que Donald Trump n’était pas au courant de cet arrangement.

Il n’a modifié son compte qu’après que les autorités fédérales ont fouillé, en avril 2018, le domicile, le bureau et d’autres lieux de M. Cohen qui lui étaient liés. Quatre mois plus tard, Cohen a plaidé coupable de violations de financement de campagne et d’autres accusations et a déclaré au tribunal que M. Trump lui avait ordonné d’organiser le paiement de Mme Daniels.

Connu pour son caractère colérique, Michael Cohen est resté plutôt calme à la barre des témoins, malgré les interrogatoires parfois houleux de la défense sur ses propres méfaits et les allégations de l’affaire.

Les procureurs auront la possibilité d’appeler des témoins en réfutation une fois que les témoins de M. Trump auront terminé. Le juge Juan M. Merchan, citant des problèmes de calendrier, a déclaré qu’il s’attend à ce que les plaidoiries finales aient lieu le 28 mai, le mardi suivant le Memorial Day.

Les avocats de la défense ont déclaré qu’ils n’avaient pas encore décidé si Donald Trump témoignerait. Et le milliardaire n’a pas répondu aux questions des journalistes lui demandant si ses avocats lui avaient conseillé de ne pas se présenter à la barre.

Les avocats de la défense sont généralement réticents à faire comparaître leurs clients à la barre des témoins et à les soumettre à des interrogatoires intenses de la part des procureurs.

___

Alanna Durkin Richer a écrit de Washington. Les journalistes de l’Associated Press Jill Colvin, à New York, et Meg Kinnard, à Columbia, en Caroline du Sud, ont contribué à cette dépêche.

Partager cet article
S'inscrire
Me notifier des
guest
0 Commentaires
plus ancien
plus récent plus voté
Inline Feedbacks
Voir tous les commentaires