François Legault annonce la création d’une zone d’innovation en aérospatiale

Stéphane Blais, La Presse Canadienne
François Legault annonce la création d’une zone d’innovation en aérospatiale

MONTRÉAL — Le gouvernement du Québec a annoncé la création d’une zone d’innovation en aérospatiale qui s’étendra à Longueuil, Mirabel et Montréal, dans laquelle l’entreprise américaine Boeing investira une importante contribution financière.

Le premier ministre François Legault a profité du Forum Innovation Aérospatiale International, mardi, à Montréal, pour en faire l’annonce.

«On a réussi à mettre ensemble la Polytechnique, l’École de technologie supérieure, l’Université McGill et Concordia, des entreprises incluant Bombardier et Boeing, le Conseil national de recherche du Canada, le Consortium de recherche et d’innovation en aérospatiale au Québec», a indiqué François Legault lors de l’annonce à laquelle participaient plusieurs élus, dont le ministre de l’Économie du Québec, Pierre Fitzgibbon, et le ministre fédéral de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne.

La zone d’innovation, sous la gouverne d’Espace Aéro, «vise à rehausser l’attractivité du Québec dans le domaine de l’aérospatiale et à en faire un chef de file mondial en décarbonation et en mobilité aérienne avancée».

Des investissements de 415 M$

Les investissements annoncés mardi totalisent 415 millions $, dont 85 millions $ proviennent du gouvernement du Québec.

Pratt & Whitney Canada, Bombardier, Flying Whales Québec, Thales Canada, CAE, Airbus Canada, Airbus Atlantique Canada, Vertiko Mobilité, Aéronef Jaunt Air Mobilité Canada, Laflamme Aéro, NGC Aérospatiale, ARA Robotique et H55 Canada font également partie des partenaires de la future zone d’innovation.

Boeing annonce 240 millions $ au Québec

Le géant américain Boeing investira 110 millions $ pour le développement de la zone d’innovation et 35 millions $ pour des travaux de recherche et développement de Héroux-Devtek sur les trains d’atterrissage. Boeing s’est également engagé à investir 95 millions $ pour augmenter le nombre d’employés au Québec de sa filiale Wisk Canada. Celle-ci travaille au développement d’un avion-taxi et de drones, dont la propulsion est électrique.

«C’est un coup de circuit pour Montréal d’avoir attiré Boeing», a lancé le ministre Champagne lors de la conférence de presse.

«Le Québec est maintenant le seul endroit au monde où les trois géants de l’aviation, Airbus, Boeing et Bombardier, sont directement présents. Ça en dit long sur la qualité de notre environnement d’affaires, mais aussi sur le talent de la main-d’œuvre québécoise et la qualité de la recherche qui se fait chez nous», a souligné le premier ministre Legault.

Une entreprise étrangère au cœur de la zone d’innovation

Le premier ministre Legault a fait valoir que le centre d’innovation permettra de «mettre des chercheurs avec des entreprises pour être capables d’innover et de commercialiser cette innovation au bénéfice de tous les citoyens du Québec».

Mais l’expertise québécoise servira également à l’entreprise Boeing.

«Le poids de Boeing» dans cette aventure laisse «un peu perplexe» le directeur de l’Observatoire international d’aéronautique et d’aviation civile de l’Université du Québec à Montréal.

«Il ne faut pas oublier que Boeing vient ici pour chercher notre expertise», a indiqué Mehran Ebrahimi.

Il a expliqué que «Boeing est dans un pétrin pas possible» en raison notamment des problèmes de sécurité liés au 737 Max.

«Les expertises qu’il lui faut aujourd’hui pour s’en sortir, c’est la logistique et les opérations dans l’aéronautique, et on l’a chez nous, ainsi que les expertises pour les métiers futurs de l’aviation», donc «il ne faut pas penser que Boeing nous offre un cadeau», a expliqué le professeur à l’UQAM.

Mehran Ebrahimi est toutefois d’avis que l’annonce de la zone d’innovation est «vraiment une très bonne nouvelle» qui «est très logique, autant du point de vue géographie qu’en termes d’expertises».

Une quatrième zone d’innovation

François Legault a souligné que la zone d’innovation en aérospatiale à Longueuil, Mirabel et Montréal est la quatrième zone d’innovation au Québec.

«On en a une en informatique quantique à Sherbrooke, on en a une sur les technologies numériques à Bromont, puis on en a une sur les batteries pour les véhicules électriques à Bécancour, Shawinigan et Trois-Rivières», a indiqué le premier ministre.

À Québec, le chef par intérim de l’opposition libérale, Marc Tanguay, a mentionné «qu’on a perdu beaucoup de temps en économie et qu’on aurait dû avoir beaucoup plus de zones d’innovation depuis six ans et partout au Québec» et «que la Coalition avenir Québec avait promis d’en faire beaucoup plus».

En conférence de presse, le premier ministre Legault a indiqué que le Québec est «le troisième site au monde pour la fabrication d’avions, après Seattle et Toulouse», et que 235 entreprises œuvrent dans l’industrie aérospatiale au Québec.

«C’est plus de 20 milliards $ de ventes (par année) et 41 000 employés», a ajouté le premier ministre.

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