La stratégie d’appui au peuple rohingya sera mise à jour, dit Bob Rae

Dylan Robertson, La Presse Canadienne
La stratégie d’appui au peuple rohingya sera mise à jour, dit Bob Rae

OTTAWA — Alors que la stratégie canadienne de soutien aux Rohingya arrive à échéance, des défenseurs de ce peuple jugent que le moment est venu pour le gouvernement fédéral de repenser à sa façon de répondre à la crise au Myanmar et au Bangladesh.

«Nous ne pouvons pas nous détourner de cela», a déclaré Bob Rae, l’ambassadeur du Canada auprès des Nations Unies.

Près d’un million de personnes, des musulmans en très grande majorité, ont fui les violences ethniques au Myanmar. Ils vivent dans l’un des plus grands camps de réfugiés de la planète établi au Bangladesh depuis 2017.

En 2018, le Canada a mis en œuvre une stratégie visant à aider ces réfugiés et à promouvoir la paix au Myanmar. Ce pays est gouverné par une junte militaire depuis 2021.

La Stratégie du Canada pour répondre aux crises des Rohingya et du Myanmar est venue à échéance en mars, mais M. Rae, dit que le gouvernement est en train de mettre en œuvre une nouvelle phase.

M. Rae avait été nommé en octobre 2017 comme envoyé spécial au Myanmar. Il a publié un rapport sur la crise, qui a conduit le Canada à lancer une stratégie en 2018.

La junte militaire a supervisé un conflit ethnique croissant au Myanmar, que M. Rae décrit comme étant «plus calamiteux d’heure en heure».

Un camp «misérable»

De l’autre côté de la frontière, au Bangladesh, se trouve le plus grand camp de réfugiés du monde, dans la ville de Cox’s Bazar, que Jason Nickerson, un représentant de Médecins sans frontières établi à Ottawa, a visité en février.

«Le camp lui-même est un endroit plutôt misérable et instable, a-t-il déclaré. Il est entouré d’une clôture grillagée et les gens ne sont pas légalement en mesure de le quitter et de chercher un emploi.»

Il n’existe dans le camp pratiquement aucune structure permanente, ce qui entraîne de fréquentes épidémies de gale et de maladies transmissibles. Certains ont commencé à entreprendre des voyages risqués vers des pays comme la Malaisie, où ils finissent par être exploités.

«Les conditions dans le camp au Bangladesh sont objectivement et manifestement pires, si l’on considère les indicateurs de santé publique et le type de besoins médicaux que nous constatons dans nos cliniques», a déclaré M. Nickerson.

Poursuivre l’aide

Ce dernier était inquiet de ne voir aucune mention des Rohingya dans le budget fédéral du mois passé, en particulier parce qu’Ottawa avait lancé une deuxième phase de sa stratégie Rohingya en 2021 qui s’est terminée le 31 mars de cette année.

«Le Canada a vraiment fait preuve de leadership et d’engagement envers le peuple rohingya en répondant à cette urgence humanitaire majeure pendant plusieurs années, et je pense que ce n’est vraiment pas suffisant de laisser les choses en suspens », a-t-il déclaré.

Affaires mondiales Canada n’a pas voulu dire si une troisième phase était en préparation, bien que M. Rae ait annoncé une prochaine phase. «Cela ne fait aucun doute. Le travail est en cours».

Le conflit a largement disparu du cycle de l’actualité, éclipsé par d’autres crises. Mais M. Rae insiste sur le fait que c’est un sujet souvent abordé à l’ONU, où il dirige un groupe de travail multinational sur le Myanmar.

«Il s’agit simplement pour chacun de déterminer ce qui peut être fait, et c’est là que je pense que nos efforts collectifs ne suffisent toujours pas.»

Il a déclaré que le Canada avait une réponse «substantielle et multidimensionnelle» à la crise, comme en se joignant aux Pays-Bas pour examiner la responsabilité de la junte militaire devant les tribunaux internationaux.

Un régime militaire

Le Myanmar est membre de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est, un bloc de 10 membres qui, selon M. Rae, a fait de gros efforts pour s’engager diplomatiquement avec le régime, mais n’a pas réussi à l’éloigner de la violence.

Pendant ce temps, les autocraties ont renforcé leur soutien à la junte militaire.

«La junte bénéficie du soutien de facto du gouvernement chinois et du soutien militaire très actif du gouvernement russe, a-t-il déclaré. Cette polarisation du soutien est devenue encore plus claire.»

M. Rae a déclaré que des pays comme le Canada doivent faire tout leur possible pour établir un gouvernement démocratique par le biais d’élections au Myanmar. «C’est la seule manière pour que le processus de rapatriement des Rohingyas ait lieu.»

Il a souligné que les fonds humanitaires généraux prévus dans le budget de ce printemps et que la stratégie indo-pacifique peuvent favoriser les efforts en faveur des Rohingyas, en plus des 600 millions $ que le Canada a fournis en réponse à la crise des Rohingyas depuis 2017.

Jaivet Ealom, directeur du Centre Rohingya du Canada, a déclaré qu’il appréciait les efforts diplomatiques d’Ottawa en faveur de la responsabilité. Mais il estime que le Canada pourrait faire bien plus pour aider ceux qui sont coincés dans le camp.

«Le Canada n’utilise pas tous les outils dont il dispose», a déclaré M. Ealom, qui a fui le Myanmar en 2013.

M. Rae avait demandé qu’un haut fonctionnaire coordonne les réponses de tous les ministères fédéraux et fasse rapport publiquement, ce qui, déplore M. Ealom, n’a jamais eu lieu.

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