Le procès du tueur en série de Winnipeg reprendra le 3 juin

La Presse Canadienne

WINNIPEG — Le procès du tueur en série reconnu Jeremy Skibicki a permis d’en apprendre plus sur lui mercredi grâce à ses propres mots, à travers des lettres de correspondance dans lesquelles il discute de tout, de la persécution des Caucasiens à son roman postapocalyptique sur les zombies.

«Un raciste est quelqu’un qui se réveille blanc le matin», a écrit M. Skibicki à un codétenu dans une série de lettres versées en preuve lors de son procès.

Les lettres, datant d’il y a plus d’un an, préfigurent également la stratégie juridique de Skibicki et la manière dont il pense qu’il ne devrait pas être tenu pénalement responsable en raison de sa maladie mentale.

Jeremy Skibicki, 37 ans, est jugé pour meurtre au premier degré après la mort de quatre femmes autochtones en 2022.

Le procès devait initialement se dérouler devant un jury. Mais les deux parties ont convenu d’un procès devant un juge seul juste avant qu’il ne commence, lorsque les avocats de la défense ont annoncé que M. Skibicki avait admis avoir tué les femmes, mais qu’il ne devrait pas être déclaré pénalement responsable.

La Couronne a présenté des preuves vidéo, ADN, informatiques et de témoins liant M. Skibicki aux victimes pour illustrer une éventuelle planification et dissimulation des crimes.

Des lettres révélatrices

Mercredi, la Couronne a conclu sa preuve en déposant comme preuve neuf lettres que M. Skibicki a écrites pendant quatre mois, au début de l’année dernière, à une femme dans un établissement correctionnel de la Nouvelle-Écosse dans le cadre d’un programme de correspondance.

Dans ces lettres, il reconnaît que ses propos seront surveillés et lus par les responsables. Dans l’un d’entre eux, il dit qu’il ne peut pas dire grand-chose sur son cas, mais ajoute: «J’envisage sérieusement d’abandonner même si j’ai une défense de non-responsabilité pénale avec des experts.»

Dans une autre lettre, il déplore d’être placé en isolement en raison de l’attention portée par le public à son sujet.

«Je suis probablement l’un des hommes les plus détestés à Winnipeg (sinon dans tout le Canada), écrit-il. C’est rafraîchissant d’avoir une vraie connexion avec quelqu’un qui ne porte pas de jugement.»

Les lettres détaillent d’autres pensées et sentiments.

M. Skibicki écrit qu’il est né à Winnipeg et a été adopté par une famille polonaise. Sa mère biologique est originaire de Terre-Neuve et il a une demi-sœur qui y vit toujours.

Il aime les jeux vidéo en ligne, jouer de la guitare et cuisiner. Il écoute du métal, de l’électro, de la musique classique et des chants grégoriens.

Dans une lettre, il écrit le prologue d’un roman de zombies se déroulant à Winnipeg pendant l’effondrement de la société au milieu d’une guerre mondiale. Il se demande s’il peut encore profiter de la vente d’une œuvre de fiction sans lien avec son affaire pénale.

Il déplore la possibilité d’un procès devant jury, écrivant: «La majorité des gens dans ce pays sont des menteurs et des égoïstes. Le jury sera absolument partial.»

Il demande à sa correspondante de l’appeler Anton, disant qu’il préfère ce nom à son prénom. Le tribunal a déjà appris qu’il possédait plusieurs comptes Facebook liés à une variante de ce nom, sur lesquels il publiait des écritures religieuses et une idéologie suprématiste blanche.

Également dans ses lettres, M. Skibicki rejette l’impact des abus sexuels dans les pensionnats et associe d’autres religions à la maltraitance des enfants. Mais il dit: «Nous n’avons pas le droit d’en parler (et nous sommes des fanatiques racistes si nous le faisons).»

Skibicki est accusé de la mort de Rebecca Contois, 24 ans, Morgan Harris, 39 ans, Marcedes Myran, 26 ans, et une femme non identifiée, que les dirigeants autochtones ont nommée «Mashkode Bizhiki’ikwe», ou «Buffalo Woman».

Les procureurs affirment que ces meurtres étaient à caractère raciste et que M. Skibicki ciblait des femmes vulnérables dans les refuges pour personnes en situation d’itinérance.

Au cours du procès, il a été expliqué que l’homme a agressé ses victimes, les a étranglées ou noyées et a jeté leurs corps dans les poubelles de son quartier. Marcedes Myran et Rebecca Contois ont été démembrés.

Le procès reprendra le 3 juin, date à laquelle la défense devrait appeler un expert pour témoigner de l’état d’esprit de Skibicki au moment des meurtres.

Le gouvernement fédéral dispose d’une ligne de soutien pour les personnes touchées par le problème des femmes et des filles autochtones disparues et assassinées: 1-844-413-6649. La ligne d’assistance Hope for Wellness, avec un soutien en cri, en ojibwée et en inuktitut, est également disponible pour tous les peuples autochtones du Canada: 1-855-242-3310.

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