MONTRÉAL — Une chercheuse de l’Université Concordia, à Montréal, et son équipe, ont mis au point une technique novatrice permettant d’identifier avec précision les pièces de monnaie contrefaites en utilisant l’intelligence artificielle (IA).
Les techniques utilisées par les fraudeurs pour produire de fausses pièces de monnaie se perfectionnent et confondent parfois les experts les plus expérimentés, mais l’IA pourrait bien changer la donne. Sollicités par les services de police du Danemark, Maryam Sharifi Rad – boursière postdoctorale au Centre d’études en reconnaissance des formes et en intelligence artificielle de l’Université Concordia – et son équipe se sont attelés à la tâche.
«C’est un problème qui affecte très directement l’économie et les finances publiques, explique la chercheuse. Ça me tenait à cœur de repousser les limites de la technologie pour améliorer la sécurité et la protection de nos systèmes monétaires.»
Pour commencer, l’équipe de recherche a numérisé en haute résolution un grand nombre de pièces authentiques et contrefaites. Obtenir des pièces de monnaie contrefaites de plusieurs pays a d’ailleurs été tout un défi, rapporte la chercheuse, puisque la plupart de celles-ci avaient été saisies par des services de police à travers le monde.
Les images en 2D ont ensuite été analysées avec l’aide d’une technologie mise au point par les chercheurs reposant sur l’apprentissage automatique et la fouille d’images.
En cherchant sur chaque pièce des irrégularités et des défauts souvent indétectables à l’œil nu, l’IA a pu repérer avec une très grande précision quelles pièces étaient authentiques et lesquelles ne l’étaient pas.
«C’était vraiment fascinant de voir que l’IA parvenait vraiment à détecter des différences extrêmement subtiles entre les pièces. Grâce à cette méthode avancée de traitement d’image, on a obtenu un taux de réussite de 99%», indique Mme Sharifi Rad.
Des applications concrètes
La chercheuse croit que l’approche élaborée par son équipe montre bien tout le potentiel de l’IA pour avancer dans la lutte contre les fausses monnaies. Son partenaire dans la recherche et dans la vie Saeed Khazaee, attaché de recherche au Centre qui a aussi contribué à l’étude, a d’ailleurs travaillé sur un modèle capable de traiter des images de pièces, cette fois-ci en 3D.
Tous deux sont enthousiastes de constater que les autorités de plusieurs pays s’intéressent aux recherches qu’ils ont menées et envisagent d’utiliser leur approche pour combattre la fraude.
«La Monnaie royale canadienne s’intéresse de près à notre travail puisqu’il y a beaucoup de fausses pièces en circulation sur le marché aujourd’hui», illustre M. Khazaee.
En plus de la possibilité de se servir elles-mêmes de l’IA pour authentifier des pièces de monnaie, les autorités ont un intérêt tout particulier pour l’étude menée à Concordia parce que les motifs observés pourraient leur permettre d’améliorer les pièces qu’elles produisent.
«[Les autorités] veulent surtout savoir quelles sont les caractéristiques précises qui sont falsifiées afin de rendre leur monnaie plus difficile à copier», précise le chercheur.
Outre leur travail au sein du Centre d’études en reconnaissance des formes et en intelligence artificielle de l’Université Concordia, Maryam Sharifi Rad et Saeed Khazaee sont aussi à la tête d’une jeune entreprise qui utilise notamment l’IA dans le domaine du développement durable.