Ottawa investit 11 milliards $ pour la formation des pilotes de l’Aviation royale

Sarah Ritchie, La Presse Canadienne
Ottawa investit 11 milliards $ pour la formation des pilotes de l’Aviation royale

OTTAWA — Le ministre de la Défense nationale, Bill Blair, a annoncé un accord de 11,2 milliards $ visant à former les pilotes de l’Aviation royale canadienne (ARC), mercredi, lors d’un salon de l’industrie de la défense.

Le gouvernement fédéral a également signé une entente de 2,5 milliards $ afin d’acheter 1500 véhicules logistiques pour l’armée.

Le contrat de formation au pilotage, d’une durée de 25 ans, comprend une formation en classe, des simulations et l’achat de 70 avions d’entraînement.

C’est SkyAlyne, coentreprise de CAE, qui s’occupera du programme de formation du personnel navigant de l’avenir (FAcT) du Canada.

«CAE est fière de travailler aux côtés de l’Aviation royale canadienne (ARC) depuis plus de 75 ans pour concevoir et fournir de la formation, des services et des technologies qui soutiennent l’état de préparation aux missions des aviateurs canadiens», a déclaré Marc Parent, président et chef de la direction de CAE, dans un communiqué.

«L’annonce est une réalisation importante dans le cadre des efforts de modernisation des forces de défense du Canada. Le programme FAcT est un contrat transformationnel pour SkyAlyne et CAE, car il prépare le terrain pour les technologies et les processus de formation permettant de se préparer aux missions», a-t-il ajouté.

Selon le communiqué, cette initiative «réimagine la formation pour l’ARC, en consolidant trois opérations d’entraînement des équipages sous la gestion conjointe de SkyAlyne et du Canada».

CAE qualifie ce programme d’«une avancée majeure dans la préparation des pilotes militaires canadiens, des officiers de systèmes de combat aérien et des opérateurs de capteurs électroniques aéroportés pour les défis de demain».

Dans le cadre du programme FAcT, SkyAlyne, en collaboration avec l’ARC, concevra, développera et fournira un système complet d’entraînement et de soutien comprenant l’entraînement en vol, la formation fondée sur la simulation, la formation au sol et une série de fonctions de soutien en service.

M. Blair a fait cette annonce lors de son allocution devant les représentants de l’industrie de la défense au salon CANSEC, une conférence de deux jours organisée par l’Association des industries canadiennes de défense et de sécurité.

En deçà des objectifs de l’OTAN

M. Blair a vanté la politique de défense actualisée du gouvernement, qui prévoit des projets et des acquisitions d’une valeur de 73 milliards $ sur 20 ans, dont 8,1 milliards $ de dépenses supplémentaires au cours des quatre prochaines années.

Cela rapprochera le Canada de l’objectif de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) consistant à consacrer 2 % de son produit intérieur brut (PIB) à la défense, mais il restera encore en deçà de 1,76 % d’ici 2029-2030.

La semaine dernière, 23 sénateurs américains ont envoyé une lettre au premier ministre Justin Trudeau, se disant préoccupés et «profondément déçus» que le Canada ne respecte pas ses obligations d’ici la fin de la décennie.

Ils ont exhorté Ottawa à se présenter au prochain sommet de l’OTAN à Washington, en juillet, avec un plan pour atteindre la cible de 2 %.

S’adressant aux journalistes, M. Blair a insisté sur le fait que le gouvernement était sur «une voie très claire» et prévoyait d’augmenter les dépenses de défense de 27 % l’année prochaine par rapport à cette année.

«Mais cette augmentation exige également que nous dépensions cet argent à bon escient, que nous produisions une réelle valeur pour l’investissement que les Canadiens font dans la défense», a-t-il déclaré.

Il a indiqué que la politique de défense ne comprend pas d’estimations de coûts pour les projets que le gouvernement n’a pas encore lancés, comme l’achat d’une flotte de sous-marins.

M. Blair a confiance que le pays «dépassera largement» l’objectif de 2 % grâce à ces nouveaux engagements.

«Je suis convaincu que je pourrai assurer à nos alliés de l’OTAN et à nos partenaires américains que le Canada s’oriente très fortement vers une trajectoire ascendante de ses dépenses en défense. Nous ferons ce qui est nécessaire», a-t-il affirmé.

«Honte» aux participants

L’événement a attiré des manifestants qui s’opposent à la guerre que mène Israël contre le Hamas dans la bande de Gaza. Plusieurs d’entre eux ont brandi des drapeaux palestiniens et accusé les participants de soutenir un génocide.

Kathrin Winkler, membre de l’organisme La voix des femmes pour la paix de la Nouvelle-Écosse, est venue d’Halifax avec cinq autres personnes pour demander la fin de l’augmentation des dépenses militaires.

«Ici, au salon CANSEC, des gens arrivent avec l’argent des contribuables et des listes de souhaits qui mèneront à la destruction imprudente de vies humaines, de moyens de subsistance, d’infrastructures et d’une planète vivable», a-t-elle déclaré.

La manifestante a distribué des «coquelicots de la paix» blancs et verts aux personnes marchant à l’intérieur du salon, mais peu ont trouvé preneurs.

À proximité, plusieurs dizaines de personnes se sont rassemblées sur les trottoirs et sur la route menant à l’événement, criant «honte» aux participants alors qu’ils entraient et les accusant de soutenir le génocide.

De nombreux manifestants arboraient des drapeaux palestiniens. Certains portaient des pancartes et des affiches avec des images d’enfants blessés dans ce territoire déchiré par la guerre.

Un certain nombre de manifestants se sont couvert les mains et le corps de peinture rouge et ont éclaboussé de la peinture rouge sur la route où ils se sont couchés, empêchant ainsi les véhicules d’entrer dans le stationnement.

La police d’Ottawa restreignait la circulation dans le secteur et surveillait les manifestations.

Le groupe World Beyond War Canada a annoncé sur les réseaux sociaux que sept militants ont été arrêtés avant que le groupe ne se déplace sur la colline du Parlement pour manifester.

La police n’a pas confirmé le nombre d’arrestations effectuées et n’a pas répondu aux questions sur les raisons pour lesquelles les personnes ont été arrêtées, mais a déclaré qu’une liste d’accusations serait publiée plus tard mercredi.

En réponse aux manifestations, M. Blair a souligné que le Canada a un «régime d’exportation d’armes très rigoureux».

«Aucun permis d’exportation d’armes n’a été délivré par le Canada depuis janvier pour des armes israéliennes et Affaires mondiales a clairement indiqué qu’aucun permis d’exportation supplémentaire ne serait délivré tant que le conflit persisterait», a-t-il assuré.

À la fin mars, une majorité de députés ont voté en faveur d’une motion non contraignante, présentée par le Nouveau Parti démocratique, appelant à la fin des exportations d’armes vers Israël.

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