Les manifestants démantèleront leur campement à l’UQAM d’ici une semaine

Mathieu Paquette et Stéphane Blais, La Presse Canadienne
Les manifestants démantèleront leur campement à l’UQAM d’ici une semaine

MONTRÉAL — Les militants qui occupent une partie du campus de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) depuis la mi-mai comptent démanteler le campement d’ici une semaine, les manifestants étant satisfaits d’une résolution adoptée mercredi par le conseil d’administration de l’université concernant la situation sur le territoire palestinien et en Israël.

Le groupe de militants «L’Université populaire Al-Aqsa de l’UQAM» (UPA-UQAM) a qualifié de «victoire historique» la résolution adoptée par le conseil d’administration de l’UQAM.

«Par notre occupation et notre courage, on a prouvé que c’est possible d’établir un rapport de force et d’obtenir des gains significatifs. Par cette mobilisation historique, nous envoyons un message clair aux administrations des autres universités. Si vous souhaitez voir la fin des campements, vous devez poser des actes courageux pour cesser toute complicité avec l’État sioniste et les actes génocidaires contre le peuple palestinien», a indiqué jeudi Leila Khaled, étudiante à l’UQAM et porte-parole de l’UPA-UQAM.

L’UPA-UQAM entend «lever son campement au plus tard le 6 juin 2024, suite à l’adoption des balises concrètes de mise en œuvre du boycottage académique par la Commission des études du 4 juin».

Il est donc prévu que le départ des militants se fasse progressivement, dans les prochains jours, et que les derniers occupants quittent le 6 juin lors d’une manifestation réclamant l’abolition du Bureau Québec d’Israël à Tel-Aviv.

Les engagements du CA de l’université

Lors d’une assemblée spéciale tenue mercredi, les membres du conseil d’administration de l’UQAM ont adopté à l’unanimité une résolution dans laquelle l’université appelle à un cessez-le-feu immédiat dans la bande de Gaza.

L’université s’engage aussi à «veiller à ce qu’aucune de ses ententes académiques actuelles et futures, dont celles avec des universités israéliennes, n’entre en conflit» avec certains principes, dont la volonté d’œuvrer en démontrant un engagement ferme envers la paix et le respect du droit humanitaire international.

La résolution, qui a été proposée par le recteur de l’UQAM, Stéphane Pallage, demande également à la Fondation de l’UQAM de s’assurer de n’avoir aucun investissement direct dans des fonds ou compagnies qui profitent de l’armement.

Lors d’une conférence de presse organisée jeudi au campement de l’UQAM, l’étudiant Niall Clapham Ricardo, qui est également porte-parole de l’organisation Voix juives indépendantes de Montréal, a indiqué que ce qui se passait à l’UQAM «envoyait un message clair» aux autres universités.

«Au Québec, au Canada, on n’acceptera pas le génocide. Donc le message aujourd’hui, c’est à McGill, à l’UdeM, à l’Université de Sherbrooke, à l’Université Laval, à toutes les universités québécoises, à toutes les universités canadiennes. Vous pouvez le faire», a indiqué le militant.

Dans un communiqué publié en fin de journée, l’UQAM a pour sa part affirmé que la déclaration de son conseil d’administration «s’inscrit dans le droit fil des valeurs de l’UQAM et témoigne avec éloquence du fait que l’UQAM est un lieu de débats et qu’elle est une université avant-gardiste».

Selon le recteur Stéphane Pallage, «l’UQAM est et demeure un lieu d’échanges et de réflexion. Je suis fier que le dialogue ait pu être maintenu avec les personnes présentes dans le campement depuis l’installation de celui-ci le 12 mai dernier. Dès aujourd’hui et dans les prochains jours, nous établirons ensemble les prochaines étapes devant mener au démantèlement complet du campement.»

Entre 100 et 200 occupants

Depuis le 12 mai, les manifestants propalestiniens campent dans la cour du Complexe des sciences Pierre-Dansereau, emboîtant le pas à d’autres rassemblements similaires qui ont eu lieu sur des campus ailleurs au Canada et aux États-Unis.

Selon Leila Khaled, entre 100 et 200 militants occupent quotidiennement les terrains de l’UQAM.

Les participants du campement exigeaient que l’UQAM rompe ses liens avec les institutions israéliennes et révèle l’étendue de ces relations.

Le groupe a précisé que «notre départ ne signifie pas la fin de notre mobilisation».

La porte-parole Leila Khaled a indiqué que «cette victoire politique doit servir de tremplin pour aller plus loin dans les revendications de l’UPA».

Entre autres revendications, les militants «exigent» que le gouvernement du Québec «prenne acte du génocide en cours et coupe ses liens avec l’État israélien, en commençant par abolir urgemment le Bureau du Québec à Tel-Aviv».

De son côté, l’UQAM avait assuré que sa fondation n’a «aucun investissement dans l’armement», et qu’elle n’a pas non plus «d’entente de mobilité ni d’entente-cadre avec des universités israéliennes».

Plus tôt cette semaine, un juge de la Cour supérieure a accordé à l’UQAM une injonction provisoire forçant les manifestants à apporter plusieurs changements au campement, dont de dégager un espace de deux mètres avec les bâtiments de l’université et de libérer la vue des fenêtres et des caméras de surveillance.

Les manifestants avaient soutenu que ces modifications revenaient à un démantèlement «déguisé».

En vertu de la résolution adoptée mercredi, l’UQAM s’est par ailleurs engagée à faciliter l’accueil d’universitaires palestiniens, dont des étudiants, et à prévoir un budget à cette fin.

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