Donald Trump est reconnu coupable par un jury des 34 chefs d’accusation au criminel

Michael R. Sisak, Jennifer Peltz, Eric Tucker et Michelle L. Price, La Presse Canadienne
Donald Trump est reconnu coupable par un jury des 34 chefs d’accusation au criminel

NEW YORK — Donald Trump est devenu jeudi le premier ex-président américain à être reconnu coupable de crimes.

Un jury de New York l’a reconnu coupable de falsification de dossiers commerciaux dans le cadre d’un stratagème visant à influencer illégalement les élections de 2016 en versant secrètement de l’argent à une actrice du porno pour étouffer une présumée affaire sexuelle.

Les jurés ont reconnu M. Trump coupable des 34 chefs d’accusation déposés contre lui après avoir délibéré pendant neuf heures et demie, à New York. Alors que le verdict était lu au tribunal de Manhattan, jeudi après-midi, l’ex-président est resté assis, le visage impassible, baissant les yeux.

«C’était un procès truqué et honteux, a déclaré M. Trump aux journalistes à sa sortie de la salle d’audience. Le véritable verdict sera rendu par le peuple le 5 novembre. Ils savent ce qui s’est passé, et tout le monde sait ce qui s’est passé ici.»

Ce verdict de culpabilité au criminel constitue un développement juridique stupéfiant pour M. Trump et l’expose à une peine de prison potentielle dans la ville où ses manipulations de la presse tabloïd l’ont aidé à le catapulter du statut de magnat de l’immobilier à celui de vedette de la télé-réalité et finalement de président des États-Unis.

Alors qu’il cherche à revenir à la Maison-Blanche lors des élections de novembre, ce jugement présente aux électeurs américains un nouveau test sur leur volonté d’accepter son comportement hors norme.

M. Trump devrait rapidement faire appel du verdict et sera confronté à une dynamique délicate, alors qu’il cherche à revenir en campagne électorale, mais maintenant en tant que criminel reconnu coupable. Il n’y a pas de rassemblement électoral au calendrier pour l’instant, mais il devrait organiser des collectes de fonds la semaine prochaine.

Le juge Juan Merchan prononcera la peine que devra purger l’ex-président le 11 juillet, quelques jours seulement avant que les républicains ne le choisissent comme candidat pour la présidentielle de novembre.

Les accusations de falsification de documents commerciaux entraînent jusqu’à quatre ans de prison, bien que les procureurs n’aient pas indiqué s’ils avaient l’intention de demander une peine d’emprisonnement.

Il n’est pas clair non plus si le juge Merchan, qui plus tôt dans le procès a mis en garde contre une peine de prison pour violation de l’ordonnance de silence – imposerait cette peine même si on le lui demandait. Sa condamnation, voire son emprisonnement, n’empêcherait pas M. Trump de poursuivre sa quête vers un retour à la Maison-Blanche.

Trois autres procès criminels

M. Trump fait face à trois autres inculpations pour crime, mais l’affaire new-yorkaise pourrait être la seule à parvenir à une conclusion avant les élections de novembre, ce qui ajoute à l’importance de la peine imposée.

Même si les implications juridiques et historiques du verdict sont évidentes, ses conséquences politiques le sont moins, étant donné son potentiel à renforcer plutôt qu’à remodeler des opinions déjà solides à l’égard de M. Trump.

Pour un autre candidat, à une autre époque, une telle condamnation au criminel aurait anéanti tout espoir vers la présidence. Mais M. Trump a traversé dans sa carrière politique deux mises en accusation, des allégations d’agressions sexuelles, des enquêtes sur des liens potentiels avec la Russie ou sur un complot visant à renverser l’élection de 2020, et des intrigues intimes salaces, y compris la publication d’un enregistrement dans lequel il se vantait, en termes vulgaires, d’avoir saisi des femmes par l’entrejambe.

En outre, les allégations générales de cette affaire sont connues des électeurs depuis des années et, bien que ridicules, elles sont largement considérées comme moins graves que les allégations auxquelles il est confronté dans trois autres affaires qui l’accusent de subversion de la démocratie américaine et de mauvaise gestion des secrets de sécurité nationale.

Néanmoins, le verdict est susceptible de donner au président Joe Biden et à ses collègues démocrates un espace pour affiner les arguments selon lesquels M. Trump est inapte à exercer ses fonctions, même s’il fournit du matériel au candidat républicain présumé pour faire valoir ses affirmations non étayées selon lesquelles il est victime d’un système de justice corrompu par la partisanerie politique.

M. Trump a maintenu tout au long du procès qu’il n’avait rien fait de mal et que la poursuite n’aurait jamais dû être intentée, s’insurgeant contre la procédure depuis l’intérieur du palais de justice – où il a été rejoint par un défilé d’alliés républicains de premier plan – et accumulant des amendes pour violation d’une ordonnance qui lui interdisait de faire des commentaires incendiaires sur les témoins à l’extérieur de la salle d’audience.

Le premier procès criminel d’un ex-président américain a toujours constitué un test unique pour le système judiciaire américain, non seulement en raison de l’importance de M. Trump, mais aussi en raison de ses attaques verbales incessantes contre le fondement de l’affaire et ses acteurs.

Mais le verdict des 12 citoyens jurés constitue un rejet des efforts de M. Trump visant à saper la confiance dans les procédures ou à potentiellement impressionner le jury avec une démonstration de soutien du Parti républicain.

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