Investissement de près de 30 millions $ en médecine nucléaire à Montréal

Katrine Desautels, La Presse Canadienne
Investissement de près de 30 millions $ en médecine nucléaire à Montréal

MONTRÉAL — Alors que le marché des radio-isotopes médicaux à des fins de diagnostic est en croissance, Isologic Radiopharmaceutiques Novateurs investit 29,9 millions $ pour sécuriser la chaîne d’approvisionnement au Québec.

Les radiopharmaceutiques sont des isotopes radioactifs liés à des molécules capables de cibler certaines cellules du corps humain. Ils sont utilisés dans les technologies d’imagerie pour diagnostiquer plusieurs maladies, dont les cancers, les accidents vasculaires cérébraux (AVC) et l’alzheimer.

Isologic Radiopharmaceutiques Novateurs est le principal fournisseur de radio-isotopes TEP (tomographie à émission de positrons) dans les hôpitaux du Québec et de l’Ontario qui utilisent la médecine nucléaire. L’entreprise dessert aussi certains clients au Nouveau-Brunswick et à Vancouver.

Environ 19 millions $ serviront à l’agrandissement du site de l’arrondissement Lachine, à Montréal, et 11 millions $ seront dédiés à l’achat d’équipements, notamment un cyclotron de 18mv.

Les cyclotrons sont des accélérateurs de particules, des appareils qui propulsent des particules chargées à de très grandes vitesses à l’aide de champs électromagnétiques. Ils sont utilisés pour produire des radio-isotopes servant à fabriquer les radiopharmaceutiques.

Ce marché de la médecine nucléaire augmente de façon importante au Québec, selon le président d’Isologic, André Gagnon.

Il explique que les produits qu’il fabrique ont deux heures de demi-vie, c’est-à-dire qu’ils perdent grosso modo la moitié de leur efficacité en deux heures. «Un produit radioactif décroît naturellement, indique M. Gagnon. Le produit qu’on utilise (…) dans le temps ça réduit de beaucoup. Donc on doit produire sans arrêt pour arriver à servir la population.»

Les radio-isotopes TEP ont techniquement une expiration de 12 heures, mais au bout de sept ou huit heures ils ne peuvent plus être utilisés parce que les volumes d’injection seraient beaucoup trop élevés, explique M. Gagnon.

Comme le Canada est un grand pays avec une petite population, les défis de distribution sont importants. «Tout ce qu’on peut produire sur place devient très important», dit-il.

Le nouveau cyclotron permettra d’avoir une redondance et surtout une capacité de production, affirme M. Gagnon. «Parce que dans notre milieu, de plus en plus il y a de nouveaux médicaments qui arrivent et on n’aurait pas la capacité de faire ces médicaments que ce soit pour le cancer du sein, les maladies cardiovasculaires, etc. On s’attend à voir dans le futur une augmentation de l’utilisation de ces produits.»

Éventuellement, Isologic pourrait produire des molécules pour la théranostique, une médecine nucléaire émergente pour le traitement du cancer. «Si j’ai une molécule qui est capable d’aller se localiser dans un cancer de façon précise, imaginez si je mets une molécule qui est capable de traiter ou de tuer les cellules ou tumeurs alentour. Faire du traitement, c’est le futur de notre milieu», estime M. Gagnon.

Le contenu en santé de La Presse Canadienne obtient du financement grâce à un partenariat avec l’Association médicale canadienne. La Presse Canadienne est l’unique responsable des choix éditoriaux.

Partager cet article
S'inscrire
Me notifier des
guest
0 Commentaires
Inline Feedbacks
Voir tous les commentaires