Tiananmen: la répression à Hong Kong donne un nouvel élan aux veillées au Canada

Chuck Chiang, La Presse Canadienne
Tiananmen: la répression à Hong Kong donne un nouvel élan aux veillées au Canada

VANCOUVER — Des militants au Canada affirment que la répression par Hong Kong des commémorations du massacre de la place Tiananmen a insufflé une nouvelle vigueur et une nouvelle signification aux veillées dans les communautés de la diaspora.

La Société de soutien au mouvement démocratique de Vancouver a affirmé qu’elle avait dû déplacer sa veillée aux chandelles annuelle du 4 juin de l’extérieur du consulat chinois au parc David Lam du centre-ville, pour accueillir plus de personnes au cours des deux dernières années.

La présidente de la Société, Mabel Tung, a annoncé que l’événement aurait à nouveau lieu dans le parc à l’occasion du 35e anniversaire de la répression de 1989 contre les manifestants pro-démocratie à Pékin, au cours desquelles des centaines, voire des milliers de personnes, ont été tuées par les troupes chinoises.

Mme Tung a indiqué que les jeunes manifestants sont motivés par la récente répression des mouvements dissidents à Hong Kong.

Le Bureau économique et commercial de Hong Kong à Toronto et à Vancouver n’a pas répondu à une demande de commentaires.

Hong Kong a été pendant des décennies le centre mondial des commémorations du 4 juin, avec des foules dépassant parfois les 100 000 personnes lors d’une veillée annuelle avant que les organisations ne soient dissoutes en 2021, le gouvernement ayant mis fin aux manifestations publiques d’opposition.

La réactivité est forte face à toute mention ou manisfestion liée au 4 juin. Une vidéo sur les réseaux sociaux, tournée à Hong Kong mardi, montre un homme âgé encerclé par la police et emmené alors qu’il traçait silencieusement les caractères chinois huit, neuf, six et quatre dans les airs avec sa main – une référence évidente à la date.

Parmi les rares manifestants visibles figurent des diplomates étrangers.

Des bougies ornaient les fenêtres du consulat américain, tandis que les consuls généraux d’Allemagne et des Pays-Bas se sont joints à un représentant du bureau de l’Union européenne à Hong Kong pour se promener dans le parc Victoria, où se tenait autrefois la veillée de masse.

Mme Tung remarque que les jeunes manifestants n’ont peut-être pas de souvenirs directs du massacre.

Toutefois, elle rapporte que certains Hongkongais qui ont déménagé au Canada ces dernières années ont été motivés à participer aux veillées du 4 juin par la répression dans leur ville natale depuis les manifestations pro-démocratie du Mouvement des parapluies de 2014. De nouvelles manifestations de masse ont eu lieu en 2019, qui ont déclenché une nouvelle vague de répression, notamment l’introduction d’une vaste loi sur la sécurité nationale.

«J’en ai brièvement parlé (avec une participante), a raconté Mme Tung. Elle est arrivée il y a tout juste un an. Elle a déclaré qu’à Hong Kong, elle n’était jamais allée à aucune des veillées aux chandelles au parc Victoria, mais elle a commencé l’année dernière à venir à notre veillée aux chandelles.»

«Son raisonnement est que, parce qu’elle ne pouvait pas le faire à Hong Kong maintenant, elle adore le faire pour dire au Parti communiste chinois: ‘j’ai toujours ma liberté ici’.»

À Toronto, des manifestants prévoient également une veillée aux chandelles et une marche du consulat chinois au Bureau économique et commercial de Hong Kong, qui se terminera à l’Université de Toronto.

Bâtir sur l’héritage du passé

La militante Cherie Wong, qui a vécu au Canada et à Hong Kong, est née après 1989, mais raconte que ses parents l’emmenaient chaque année à la veillée du parc Victoria lorsqu’elle était enfant.

Elle souligne que la résistance et l’opposition à la répression à Hong Kong se poursuivent de manière subtile — par exemple, certains allument leur téléphone portable pour imiter la lumière des bougies —, mais les communautés étrangères doivent jouer un rôle crucial et «être leur voix», croit-elle.

«Je pense que nous nous tenons sur les épaules des militants qui nous ont précédés», affirme Mme Wong.

«D’aussi loin que je me souvienne, ma famille a toujours parlé des étudiants de Tiananmen et des étudiants chinois qui se sont levés pour exiger la démocratie en Chine comme de personnes qui ont ouvert la voie malgré la répression et la violence.»

«Et je pense que nous partageons ce sentiment, que nous portons leur travail et que nous nous tenons sur leurs épaules pour bâtir sur le Mouvement des parapluies, pour bâtir sur le mouvement activiste de 2016, pour bâtir sur ce qui s’est passé en 2019.»

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