Français au cégep: Québec ne prévoit pas d’autres allègements pour les Autochtones

Caroline Plante, La Presse Canadienne
Français au cégep: Québec ne prévoit pas d’autres allègements pour les Autochtones

QUÉBEC — Le gouvernement Legault ne prévoit pas offrir plus d’allègements aux étudiants autochtones en lien avec les exigences de la nouvelle Charte de la langue française.

Dans une lettre adressée au premier ministre François Legault, dont La Presse Canadienne a obtenu copie mercredi, cinq cégeps anglophones invoquent pourtant «l’urgence d’agir».

Ils demandent au gouvernement de trouver une solution pour mieux accompagner ces étudiants autochtones, autrement, disent-ils, plusieurs d’entre eux iront dans des établissements ontariens ou abandonneront carrément leurs études.

Mercredi, les ministres Ian Lafrenière (Relations avec les Premières Nations et les Inuit) et Pascale Déry (Enseignement supérieur) ont rappelé avoir déjà procédé à des assouplissements pour tenir compte de la spécificité de ces étudiants.

Depuis l’an dernier, les étudiants des Premières Nations qui fréquentent un cégep anglophone sont exemptés de l’épreuve uniforme de français. Bientôt, ils pourront également suivre trois cours de français plutôt que trois cours en français.

«Pour l’instant, les allègements réglementaires qu’on a sont les allègements réglementaires dont on parle», a résumé Mme Déry en mêlée de presse à l’Assemblée nationale.

De son côté, le ministre responsable de la Langue française, Jean-François Roberge, a invité les cégeps anglophones à «se réconcilier avec le réel».

«Je pense qu’ils sont dans l’erreur, parce qu’ils ont mal saisi les gestes qu’on a posés, a-t-il soutenu. On a adopté des règlements qui leur donnent grosso modo à peu près les mêmes exemptions que la communauté historique anglophone.»

Or, ces allègements sont insuffisants, selon les cinq cégeps anglophones, qui déplorent que les modalités de la Charte de la langue française imposent aux étudiants autochtones de «multiples obstacles systémiques et discriminatoires».

«Nous exhortons aujourd’hui le gouvernement du Québec à prendre la pleine mesure de la situation et à s’engager sans délai dans un dialogue constructif avec les communautés autochtones», ont-ils écrit.

La lettre est co-signée par les directeurs généraux des collèges Dawson, John Abbott, Vanier, Heritage et Champlain.

Une demande de contrôle judiciaire pour contester la loi 96 a été déposée par le Conseil en éducation des Premières Nations (CEPN) et l’Assemblée des Premières Nations du Québec-Labrador (APNQL) au printemps 2023.

La CAQ n’obtient pas la note de passage, selon l’APNQL

D’ailleurs, en conférence de presse à l’Assemblée nationale, mercredi, pour dresser le bilan de la session parlementaire, le chef de l’APNQL, Ghislain Picard, a qualifié la situation de «complètement inacceptable».

«On reçoit le message des cégeps anglophones et ça vient en fait confirmer les préoccupations que nous avions déjà exprimées», a-t-il déclaré, avant de révéler les résultats du «bulletin» de la Coalition avenir Québec (CAQ).

Après avoir analysé 12 «domaines critiques», l’APNQL conclut que le gouvernement de François Legault ne mérite que des notes allant de «C» à «F», ce qui est «insuffisant pour obtenir une note de passage globale».

Par exemple, les chefs des Premières Nations reconnaissent que le gouvernement a tenté d’augmenter leur implication dans la «relance économique», et pour cela, ils lui donnent un «C».

Le gouvernement refuse toujours, par contre, d’appliquer la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones et de mettre en place un Forum parlementaire permanent, ce qui lui vaut un «F».

En matière de santé, les caquistes ont déposé un projet de loi sur la sécurisation culturelle en juin 2023, mais ce projet de loi «ne répond pas aux attentes et n’a pas fait l’objet d’un processus de consultation acceptable».

Sur cette question, ils méritent donc un «D», estime l’APNQL.

«On a toujours l’impression de devoir faire face à un gouvernement qui a une attitude très, très colonialiste, autant dans ses façons de faire que dans son idéologie», a dénoncé le chef Picard.

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