Autre mandat d’Éric Gingras à la CSQ: «une preuve de force d’écouter ses membres»

Lia Lévesque, La Presse Canadienne
Autre mandat d’Éric Gingras à la CSQ: «une preuve de force d’écouter ses membres»

MONTRÉAL — Alors qu’il amorcera bientôt un second mandat de trois ans à la présidence de la CSQ, Éric Gingras trace un bilan positif de la dernière négociation du secteur public. Et, bon joueur, il refuse de fanfaronner et de blâmer l’organisation rivale, la FAE, qui a été vertement critiquée récemment pour certaines de ses décisions.

Au cours d’une entrevue avec La Presse Canadienne, en vue du congrès de la centrale qui se déroulera du 26 au 29 juin à Québec, M. Gingras s’est penché sur le syndicalisme et l’éducation, notamment.

Les syndicats affiliés à la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) proviennent tous de la CSQ, qu’ils ont quittée au fil des ans, évoquant différentes raisons.

Or, la CSQ est loin d’avoir été écorchée comme l’a été la FAE, dont les membres ont débrayé durant un mois, sans fonds de grève, pour parvenir à un résultat similaire à celui de la CSQ, dont les membres n’ont débrayé que durant huit jours, avec le front commun intersyndical.

Plus récemment, la FAE a subi une fronde de ses membres, mécontents du fait qu’elle conteste devant les tribunaux la Loi sur la laïcité de l’État, en se servant des cotisations syndicales de ses membres, et ce, sans les avoir consultés sur cet enjeu politique controversé.

«Oui, c’est vrai, ils étaient chez nous (avant, les syndicats de la FAE). Mais je ne vais pas répondre oui sur le fait qu’on rit dans notre barbe. Je pense que le mouvement syndical, c’est un mouvement qui est important au Québec. Je peux regarder et refléter sur ce que nous, on fait. Et ce qu’on a démontré au Québec, dans les derniers mois, les dernières années, c’est le leadership de la CSQ en éducation», a lancé M. Gingras.

Est-ce que la CSQ pourrait contester une loi devant les tribunaux sans consulter ses membres?

«Quand arrive un projet de loi, la CSQ va regarder ses positions historiques, les positions qu’elle détient, adoptées en congrès, des positions qui ont été discutées démocratiquement. Après ça, on fait notre mémoire (sur un projet de loi). Par contre, s’il y a quelque chose qu’on évalue qui est polémique ou que la décision ou l’orientation date d’il y a trop longtemps, on va préférer retourner voir les membres» avant d’aller plus loin, assure M. Gingras.

«C’est pas une preuve de faiblesse, au contraire, c’est une preuve de force d’écouter les membres», quitte à changer de direction en cours de route, s’il le faut, plaide le président de la centrale de 225 000 membres.

Fonds de grève

Reste que, lors de la dernière négociation, la CSQ non plus n’avait pas de fonds de grève comme centrale, bien que certaines de ses fédérations et affiliés en avaient un.

«C’est une orientation de congrès d’avoir cette réflexion-là pour les prochains mois. On va le faire à court terme, parce qu’on ne veut pas étirer ça trop longtemps. Ce sur quoi le congrès va statuer, c’est le fait de tenir cette réflexion-là», a précisé M. Gingras.

Le congrès de la CSQ se déroulera du 26 au 29 juin et réunira 1000 participants.

Réfléchir à l’éducation

L’éducation a défrayé les manchettes ces derniers mois: formations écourtées pour les enseignants, cellulaire en classe, violence à l’école, intégration des élèves en difficultés, classes bondées, pénurie de personnel, intelligence artificielle et autres.

«On pense qu’on est dû pour une grande réflexion. Pas gérer à la petite semaine, mais le mettre dans un contexte: qu’est-ce qu’on veut de l’école au Québec?», conclut M. Gingras.

«Je pense que dans les prochains mois, il faudra être en mesure d’avoir ces discussions-là. Parce que quand on le fait par petits bouts, comme on est en train de le faire présentement, à la fin on ne règle rien et, bien souvent, on fait porter ça sur le dos du milieu.»

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