Plus de 70 000 enfants ontariens sont à la recherche de services en matière d’autisme

Allison Jones, La Presse Canadienne
Plus de 70 000 enfants ontariens sont à la recherche de services en matière d’autisme

TORONTO — L’organisme de surveillance financière de l’Ontario affirme que plus de 70 000 enfants recherchent du soutien dans le cadre du Programme ontarien des services en matière d’autisme, mais que moins de 15 000 d’entre eux reçoivent un financement pour des services cliniques essentiels.

Tous les enfants inscrits au programme ne sont pas en attente de soutien de base, qui finance des services d’analyse comportementale appliquée, d’orthophonie, d’ergothérapie et des services en santé mentale, mais la Coalition ontarienne de l’autisme affirme que la plupart en auraient besoin, à différents niveaux.

Le gouvernement progressiste-conservateur a plus que doublé le budget du Programme ontarien des services en matière d’autisme, qui s’élève désormais à 720 millions $, mais cela permet de financer les services de base de seulement quelques milliers d’enfants de plus que lorsque le gouvernement libéral était au pouvoir, en 2018.

La présidente de la Coalition ontarienne de l’autisme, Alina Cameron, croit que les responsables gouvernementaux ont aggravé le programme.

«Ils ont construit quelque chose qui ne dessert qu’un enfant sur cinq et ils veulent que nous célébrions cela. De notre point de vue, la plupart des enfants ne recevront pas de soins de sitôt, a-t-elle déclaré. S’ils avaient seulement investi dans le programme qui existait au lieu de le faire exploser, il y aurait bien plus d’enfants qui obtiendraient ce dont ils ont besoin à l’heure actuelle.»

Selon un rapport précédent du Bureau de la responsabilité financière de l’Ontario, environ 10 365 enfants ont reçu un soutien fondé sur les besoins en 2018-2019, mais le gouvernement actuel a cessé d’inscrire les enfants à des plans de thérapies comportementales alors qu’il a repensé un nouveau programme en 2019.

Il a été contraint de retourner à la planche à dessin lorsque les familles ont déclaré que son nouveau programme ne répondrait pas aux besoins de la plupart des enfants, et n’a commencé à inscrire les enfants à son nouveau programme qu’en 2022.

En 2019, le gouvernement a justifié l’abandon du programme en invoquant une liste d’attente de 23 000 enfants. Ce nombre a désormais plus que doublé. Les familles bénéficiant du programme libéral ont déclaré qu’elles attendaient deux ou trois ans pour avoir accès à une thérapie, mais ces dernières années, les familles ont signalé des attentes beaucoup plus longues.

Tous les enfants inscrits au programme n’attendent pas les services de base – qui financent les services d’analyse appliquée du comportement, d’orthophonie, d’ergothérapie et de santé mentale – mais la Coalition ontarienne de l’autisme affirme que la plupart ont besoin de ces services à différents niveaux.

À la fin de l’année dernière, 70 176 enfants étaient inscrits au programme, a rapporté mercredi l’organisme de surveillance financière de l’Ontario.

Les chiffres obtenus par La Presse Canadienne grâce à une demande d’accès à l’information montrent qu’à la fin du mois de mars, 14 886 enfants recevaient un financement pour les services cliniques essentiels.

L’opposition se manifeste

Interrogé par le Nouveau Parti démocratique (NPD) mercredi sur le pourcentage d’enfants recevant des services essentiels, le ministre de l’Enfance et des Services sociaux et communautaires, Michael Parsa, a plutôt vanté le succès du programme.

«Après que le gouvernement précédent, soutenu par le NPD, a laissé tomber la population, c’est ce gouvernement, sous la direction du premier ministre Doug Ford, qui a déclaré que nous n’allions pas maintenir le statu quo. Le programme que nous avons mis en place est construit par la communauté pour la communauté», a-t-il répondu.

La cheffe du NPD, Marit Stiles, a indiqué que le gouvernement avait gâché un programme qu’il s’était engagé à corriger et qu’il pourrait aider davantage d’enfants s’il n’avait pas dépensé 225 millions $ pour résilier plus tôt un contrat avec The Beer Store afin que de la bière et du vin soient vendus dans les dépanneurs.

«Ils ont de l’argent pour ça, mais ils n’en ont pas pour retirer les enfants de la liste d’attente ou pour recruter davantage d’assistants pédagogiques pour nos enfants ayant des besoins spéciaux dans les écoles», a-t-elle déclaré.

Le porte-parole libéral John Fraser a affirmé que le gouvernement doit écouter les familles sur ce qui doit être modifié.

«Ils ont augmenté le montant d’argent, mais la liste d’attente ne cesse d’allonger, a-t-il déploré. Est-ce qu’ils font vraiment la bonne chose? C’est une chose de dire: « Je dépense tout cet argent », mais si un enfant ne bénéficie pas des services dont il a besoin, cela ne profite pas à cette famille.»

La Coalition ontarienne de l’autisme a fait part de ses préoccupations concernant l’évaluation des besoins, alors que «les familles passent jusqu’à quatre heures au téléphone avec les administrateurs du programme d’autisme pour leur parler des besoins de leur enfant». Ces informations sont ensuite utilisées pour évaluer le montant de financement que les familles devraient obtenir.

Le processus doit être répété chaque année. Le document obtenu par La Presse Canadienne grâce à une demande d’accès à l’information montre que plus de 26 % des évaluations des besoins complétées sont des réévaluations.

Faire des évaluations chaque année n’est pas nécessaire, selon Alina Cameron. Une fois qu’un enfant reçoit des services, son prestataire effectue une évaluation tous les six mois, explique-t-elle, ce qui fait en sorte que les administrateurs manquent de temps pour inscrire de nouveaux enfants au programme.

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