Israël nie tout lien avec une campagne islamophobe au Canada

Dylan Robertson, La Presse Canadienne
Israël nie tout lien avec une campagne islamophobe au Canada

OTTAWA — Le gouvernement israélien est accusé, dans des rapports rendus publics, d’être impliqué dans une opération visant à réduire le soutien aux Palestiniens au Canada, signalée par des chercheurs en intelligence artificielle.

Israël rejette l’affirmation, rapportée par le «New York Times» et le journal israélien «Haaretz», selon laquelle il serait à l’origine de la campagne d’influence sur les réseaux sociaux dans laquelle les chercheurs affirment que les Nord-Américains sont ciblés par des contenus islamophobes.

Des comptes portant le nom de Citoyens unis pour le Canada ont publié du contenu décrivant les musulmans canadiens comme menaçant les valeurs occidentales et suggérant que les manifestants propalestiniens au Canada cherchaient à mettre en œuvre la charia.

Le Digital Forensic Research Lab, un projet dirigé par l’Atlantic Council, un important groupe de réflexion de Washington, a d’abord dénoncé ces publications dans une analyse en mars.

Il a noté que la campagne avait utilisé l’intelligence artificielle pour modifier les propos prononcés par un homme barbu portant une calotte musulmane lors d’un rassemblement. Il a également noté qu’une photo de musulmans tenant une banderole avait été modifiée numériquement, faisant apparaître sur l’affiche «La charia pour le Canada».

«Le réseau, qui comprenait au moins 50 comptes sur Facebook, 18 sur Instagram et plus d’une centaine sur X, a stimulé les récits antimusulmans et islamophobes destinés au public canadien», peut-on lire dans l’analyse de mars.

Les comptes utilisaient des photos de profil générées par l’IA et publiaient à plusieurs reprises des messages similaires, cherchant souvent à obtenir une couverture médiatique directement auprès de journalistes et de médias canadiens. Une publication sur Instagram avertit les gens de se méfier «si l’islam antilibéral veut entrer dans votre équipe de hockey».

Le groupe «a peut-être détourné des comptes existants», a écrit le groupe de réflexion. Meta a déclaré avoir décidé de fermer les profils Facebook affiliés après avoir reçu des requêtes du groupe de réflexion.

Dans son «rapport trimestriel sur les menaces contradictoires» publié le mois dernier, Meta a confirmé avoir fermé plus de 500 comptes liés à la campagne.

«Ce réseau est né en Israël et ciblait principalement un public aux États-Unis et au Canada», indique le rapport, Meta affirmant que les comptes «se faisaient passer pour des étudiants juifs, des Afro-Américains et des citoyens inquiets» et impliquaient «la création de médias fictifs».

«La campagne a acheté un engagement non authentique (c’est-à-dire des mentions «j’aime» et des abonnés) au Vietnam dans le but de rendre son contenu plus populaire qu’il ne l’était», indique le rapport de Meta.

«Alors que les individus à l’origine de ce projet tentaient de dissimuler leur identité et leur coordination, nous avons trouvé des liens avec STOIC, une société de marketing politique et de renseignement économique établie à Tel-Aviv, en Israël. Elle est désormais bannie de notre plateforme.»

Amplifier les inquiétudes

Le site d’investigation israélien Fake Reporter a rapporté mercredi que le site ciblant les Canadiens est hébergé sur la même adresse IP qui a lancé de nombreux autres comptes ciblant des militants propalestiniens, amplifiant par exemple les inquiétudes concernant les manifestations sur les campus.

Le «New York Times» et «Haaretz» ont déclaré mercredi dans des articles que le travail du STOIC avait été commandé et payé par le gouvernement israélien. La Presse Canadienne n’a pas vérifié ces affirmations de manière indépendante.

L’entreprise a refusé de commenter ces informations auprès des deux médias et n’a pas pu être contactée par La Presse Canadienne. La page LinkedIn de l’entreprise a été récemment supprimée et son site Web ne répertorie aucune information de contact.

Les sources des deux sites et les documents qu’ils rapportent montrent que le ministère israélien de la Diaspora a financé la campagne, y compris les publications islamophobes.

L’ambassade d’Israël à Ottawa a fourni une déclaration de ce ministère, ainsi que de l’agence gouvernementale Voices of Israel, qui a également été accusée d’avoir reçu des fonds pour la campagne d’influence.

«Le ministère de la Diaspora et de la Lutte contre l’antisémitisme et l’initiative Voices of Israel nient catégoriquement toute implication dans des campagnes de désinformation», mentionne le communiqué.

«Nous tenons à préciser que ni le ministère de la Diaspora ni Voices of Israel n’ont de lien ou d’activités de collaboration avec la société STOIC. Toute affirmation suggérant le contraire est totalement infondée et inexacte.»

Le cabinet du ministre des Institutions démocratiques, Dominic LeBlanc, n’a pas eu de réponse immédiate lorsqu’on lui a demandé de commenter ces rapports.

Même si Facebook, Instagram et X ont suspendu plusieurs comptes liés aux Citoyens unis du Canada, la campagne dispose toujours d’un site Web actif et clairsemé qui milite contre les «politiques d’immigration trop libérales». Le site Web ne répertorie pas les informations de contact.

Le site Fake Reporter a découvert que les comptes ciblant les Canadiens amplifiaient d’autres comptes aux activités suspectes qui cherchaient à saper l’agence des Nations Unies dédiée aux Palestiniens, connue sous le nom d’UNRWA.

Partager cet article
S'inscrire
Me notifier des
guest
0 Commentaires
Inline Feedbacks
Voir tous les commentaires