Un député conservateur s’excuse après que le NPD l’a accusé des préjugés raciaux

La Presse Canadienne
Un député conservateur s’excuse après que le NPD l’a accusé des préjugés raciaux

OTTAWA — Un député conservateur a présenté jeudi ses excuses à la Chambre des communes après qu’une collègue autochtone, de l’autre côté de l’échiquier politique, l’eut dénoncé pour avoir lié le casier judiciaire d’un délinquant à sa race.

Brad Redekopp a dit s’être mal exprimé, lors d’un débat sur les mesures visant à lutter contre le racisme systémique au sein de la GRC, plus tôt cette semaine, lorsqu’il a critiqué les agents de libération conditionnelle pour avoir libéré Myles Sanderson sous caution avant que le membre de la Nation Crie de James Smith ne perpètre un massacre à l’arme blanche en 2022 en Saskatchewan.

Le député de Saskatoon avait laissé entendre mardi, à tort, que la commission des libérations conditionnelles avait prédit que Sanderson «était susceptible de récidiver en raison de son origine raciale».

Il a confirmé jeudi que le parti conservateur avait cherché à rectifier les faits – non pas en supprimant complètement l’allégation, mais en la modifiant pour dire «indépendamment» de son origine raciale, au lieu de «à cause» de son origine raciale.

Dans une déclaration à La Presse Canadienne, Brad Redekopp a déclaré s’être mal exprimé et «a demandé de manière proactive que le dossier soit corrigé» pour refléter son intention et «pour éviter tout malentendu ou offense».

La députée néo-démocrate de Winnipeg, Leah Gazan, a dit avoir remarqué le changement dans la tenue des dossiers officiels de la Chambre des communes le lendemain et a déclaré qu’elle s’attendait à ce que des excuses suivent.

Jeudi, Mme Gazan s’est levée à la Chambre des communes et a exigé que M. Redekopp assume ses responsabilités.

En réponse, il s’est levé et a présenté ses excuses. «Encore une fois, je m’excuse pour mes erreurs de langage. Je n’ai jamais eu l’intention d’offenser qui que ce soit. Je n’ai jamais eu l’intention de dénigrer qui que ce soit en raison de sa race», a-t-il déclaré à la Chambre.

Mais Mme Gazan n’accepte pas cette explication, affirmant que Brad Redekopp ne s’est excusé qu’après qu’elle a exigé qu’il réponde publiquement de ses commentaires.

Elle dit que le compte rendu devrait refléter ses commentaires originaux et que le parti conservateur doit faire face à ce qu’elle appelle un modèle de rhétorique anti-autochtone.

Elle a demandé au Président de rendre une décision selon laquelle la Chambre des communes devrait rétablir la langue originale du compte rendu, arguant que les conservateurs tentent de «blanchir» ce qui s’est passé.

«Je demanderais au député d’y réfléchir, et je demanderais que le compte rendu officiel reflète réellement ce qui s’est passé — ce que nous avons tous entendu et ce que le député a admis avoir dit — plutôt que d’être réécrit pour éviter toute responsabilité», a dit Mme Gazan.

La question est à l’étude.

«Ce qu’il a dit là-dedans était blessant, nuisible, offensant et raciste», a fait valoir la députée Gazan dans une entrevue jeudi.

M. Redekopp a insisté dans sa déclaration écrite sur le fait que son commentaire n’avait rien à voir avec la race, «seulement les faits de l’affaire en question».

Une tendance «anti-autochtone»

Une enquête sur la libération antérieure de Sanderson, accusé d’avoir tué 11 personnes et blessé 17 autres, a révélé que la Commission des libérations conditionnelles du Canada n’aurait pas pu prévoir le pire meurtre de masse de l’histoire de la Saskatchewan.

Le Comité national mixte d’enquête a également constaté qu’il n’y avait «aucun indicateur préincident ou événement déclencheur connu du personnel, ou sur lequel le personnel aurait pu agir pour empêcher cet incident».

Pour Leah Gazan, il s’agit d’un autre exemple de ce qu’elle appelle une rhétorique anti-autochtone de la part des politiciens conservateurs.

Elle a cité plusieurs exemples.

Plus tôt cette année, le député de la Saskatchewan Kevin Waugh s’est excusé après avoir accusé les Premières Nations d’avoir incendié des usines de traitement de l’eau parce qu’elles étaient frustrées par les libéraux.

En 2018, une motion du NPD appelant le pape à s’excuser pour les pensionnats indiens a obtenu un soutien écrasant à la Chambre des communes – à l’exception de 10 députés conservateurs.

Et en 2008, avant de devenir chef du Parti conservateur, Pierre Poilievre s’est excusé après avoir déclaré que les peuples autochtones avaient davantage besoin d’apprendre la valeur du travail acharné que d’être indemnisés pour les abus subis dans les pensionnats.

L’année dernière, M. Poilievre a également été critiqué pour avoir parlé à un groupe basé à Winnipeg qui avait diffusé des publicités à la radio en 2018, affirmant que le fait que les pensionnats fédéraux avaient privé les enfants autochtones de leur enfance était un mythe.

«Il existe une tendance au racisme anti-autochtone à la Chambre, a fait valoir Mme Gazan, et certains membres de partis politiques veulent protéger les droits et libertés de certains, mais pas d’autres.»

Le porte-parole de Pierre Poilievre n’a pas répondu à une demande de commentaire.

Partager cet article
S'inscrire
Me notifier des
guest
0 Commentaires
Inline Feedbacks
Voir tous les commentaires