Création d’un comité sur l’autonomie: preuve de l’échec caquiste, réplique le PLQ

Caroline Plante, La Presse Canadienne
Création d’un comité sur l’autonomie: preuve de l’échec caquiste, réplique le PLQ

QUÉBEC — La création surprise d’un comité sur l’autonomie du Québec, à la toute dernière journée de la session parlementaire, est la preuve de l’«échec retentissant» des caquistes vis-à-vis de l’enjeu constitutionnel, réplique le Parti libéral du Québec (PLQ).

Au cours des six dernières années, la Coalition avenir Québec (CAQ) de François Legault a été assise entre deux chaises, ni fédéraliste, ni souverainiste, se butant aux refus répétés du gouvernement fédéral, a dit constater le chef intérimaire du PLQ, Marc Tanguay.

Il répliquait à M. Legault, qui, à l’occasion d’une rare déclaration solennelle au Salon bleu vendredi, a annoncé qu’il mandatait un comité d’identifier de nouveaux pouvoirs à revendiquer à Ottawa ou à exercer par Québec sans attendre l’approbation du fédéral.

Plombé par son mauvais bilan, notamment en matière de santé, et des sondages qui lui sont défavorables, le premier ministre Legault tente une manœuvre de diversion, ont laissé entendre les partis d’opposition.

«Vous ne pouvez pas créer ça en essayant de débarquer de la clôture en dedans de 10 minutes et 25 secondes à matin, a dénoncé M. Tanguay. Vous ne pouvez pas (…) essayer de compenser ce qui est un échec retentissant.»

Pour sa part, Québec solidaire (QS) s’est dit préoccupé par la composition du comité qui se veut transpartisan: non seulement aucun membre ne provient des rangs de QS, mais le vice-président Guillaume Rousseau a déjà accusé QS d’être complice de la charia.

«J’espère que les membres (…) de ce comité sauront mettre leur partisanerie de côté, parce que pour ce qui est de notre formation politique, il y a des propos, par le passé, qu’on ne peut pas ignorer», a déclaré le co-porte-parole de QS, Gabriel Nadeau-Dubois.

Il s’interroge également sur le moment choisi pour annoncer la mise sur pied de ce comité. Le premier ministre «a sans doute des préoccupations (…) de stratégie politique», selon lui.

«Il aurait été apprécié, pour que la démarche soit vraiment perçue comme une démarche ouverte, de ne pas faire ça le dernier matin, alors que notre Assemblée va être suspendue pour de nombreuses semaines jusqu’au mois de septembre.

«J’espère que ce n’est pas un effet de toge pour écrire un narratif différent de celui qui a été écrit durant la précédente session parlementaire», a renchéri M. Nadeau-Dubois

Le Parti québécois (PQ) de Paul St-Pierre Plamondon, lui, accuse carrément la CAQ «d’instrumentaliser» le comité à des fins électoralistes.

«Un exercice aussi important sur l’avenir du Québec ne devrait pas porter sur la volonté de la CAQ de se donner un nouveau programme (électoral)», a fustigé M. St-Pierre Plamondon.

Un PM «très fatigué»

Plus tôt dans la journée, lors d’une conférence de presse pour dresser le bilan de la session parlementaire, le Parti libéral a dépeint François Legault comme un homme «très fatigué».

«Je le vois, on est face à face (au Salon bleu), je l’ai trouvé fatigué. Je l’ai trouvé face à une réalité où il n’y a pas de solution. Je pense que c’est le genre de choses qui, à un moment donné, vient miner la personne», a relaté M. Tanguay.

«Quand tu es face à des problèmes majeurs, quand tu aimerais bien ça avoir des résultats, mais que tu es incapable d’avoir des résultats, je pense que ça mine son homme, comme on dit.»

Il cite notamment en exemple l’incapacité du gouvernement Legault à redresser le système de santé, son manque de vision en matière de transport collectif et son inaction devant le taux de décrochage au secondaire.

Or, a-t-il souligné, les libéraux ont réussi à obtenir du gouvernement qu’il règle une injustice financière pour les aînés invalides et crée une journée nationale de sensibilisation au deuil périnatal.

M. Tanguay s’est par ailleurs dit confiant que les prochains mois seront «extraordinaires» pour le PLQ, qui se donnera au printemps 2025 un nouveau chef, en remplacement de Dominique Anglade.

«Ça a brassé, mais on a livré»

Le caucus solidaire a quant à lui crié victoire, ayant réussi à faire élargir la loi Françoise David pour protéger plus d’aînés contre les évictions.

«Ça fait une démonstration éclatante de l’utilité de QS en politique, dans l’opposition. Imaginez ce qu’on pourrait faire si on était au gouvernement, a lancé M. Nadeau-Dubois. Ça a brassé, mais on a livré.»

Il a fait référence au départ fracassant, en avril dernier, de la co-porte-parole Émilise Lessard-Therrien, qui a provoqué une véritable crise au sein de QS.

«C’est sûr qu’on souhaite une prochaine session plus sereine, plus calme sur le plan interne. Je pense que c’est juste honnête que de le souligner», a affirmé Gabriel Nadeau-Dubois, disant vouloir poursuivre le travail «constructif».

Même si le parti stagne dans les sondages, «notre travail, ce n’est pas d’aller chercher un point dans un sondage Léger, c’est d’améliorer la vie du monde», a-t-il soutenu.

Le PQ, le parti «préféré des Québécois»

Celui qui mène actuellement dans les sondages, le péquiste Paul St-Pierre Plamondon, s’est félicité d’avoir «consolidé» ses appuis ce printemps, malgré le peu de ressources et de temps de parole qu’on lui accorde à l’Assemblée nationale.

«La population a maintenu sa confiance en notre formation politique. On est toujours les préférés des Québécois, malgré un vent de face, qui était parfois même caricatural», a-t-il déclaré.

Il a rappelé les interventions du PQ sur la surutilisation par les jeunes des écrans qui ont porté fruit, selon lui; une commission parlementaire spéciale sera mise sur pied, vraisemblablement cet automne, pour étudier les impacts de ce phénomène.

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