Elle signe les décors de C’est comme ça que je t’aime

Par mclessard
Elle signe les décors de C’est comme ça que je t’aime
Dominique Desrochers a commencé sa carrière en travaillant avec son frère Alain Desrochers lorsqu'il réalisait des clips pour des chanteurs d'ici. (Photo : (Photo Le Canada Français - Jessyca Viens-Gaboriau))

Native de Saint-Jean-sur-Richelieu, la directrice artistique Dominique Desrochers est derrière les décors de plusieurs séries québécoises, dont la comédie dramatique C’est comme ça que je t’aime, qui tire cette année sa révérence au terme de trois saisons couronnées de succès. Dominique Desrochers n’a elle aussi que des éloges à faire envers ce projet qui lui a permis de replonger en enfance et de relever d’intéressants défis.

Cette série suit les tribulations de deux couples voisins d’apparence ordinaire qui se lancent dans un cartel criminel fictif. Les intrigues se déroulent principalement dans l’arrondissement de Sainte-Foy de la ville de Québec dans les années 70.

Le côté fantaisiste de l’oeuvre a immédiatement plu à la soeur du réalisateur Alain Desrochers, avec qui elle a commencé sa carrière sur les plateaux de vidéoclips.

« Une série qui sort de l’ordinaire et qui est d’époque est un véritable cadeau pour tout directeur artistique », souligne celle qui a replongé, avec son équipe, dans les souvenirs et les photos de son adolescence pour s’assurer que leur travail soit le plus crédible possible. 

La bonne équipe

Que le projet se situe dans l’ère contemporaine ou bien avant les années 2000, un directeur artistique dispose du même temps pour se préparer au tournage, et ce, même si une série d’époque nécessite plus de recherches approfondies pour ce qui est de l’ameublement et des accessoires. 

C’est pourquoi il est essentiel pour Dominique Desrochers de sélectionner les bonnes personnes pour le bon projet, car l’une de ses principales tâches sera de superviser le tout et pallier toutes les urgences survenant sur les lieux de tournage.

« Sélectionner une équipe est la partie que je préfère dans mon travail. J’aime trouver parmi mes contacts les personnes les plus compétentes pour répondre aux exigences du scénario. Je n’ai donc pas toujours la même équipe d’un projet à l’autre, mais il demeure que j’ai chaque fois besoin de décorateurs, d’accessoiristes avant et après le tournage, de tapissiers et de peintres », précise celle qui accorde également une importance particulière à l’harmonie entre ses collaborateurs afin que le travail, bien qu’exigeant et rapide, se déroule dans le plaisir. 

Fonctionnement

Avant qu’elle et quelques collaborateurs épient de fond en comble des sites de revente comme Kijiji et fassent le tour des brocantes et autres friperies, Dominique Desrochers doit d’abord bien organiser les six semaines dont elle dispose avant que les acteurs n’entrent en scène.

Le travail de la native de Saint-Jean-sur-Richelieu ne se termine pas une fois que les acteurs sont en action, bien au contraire. Elle doit absolument être en symbiose avec l’horaire des tournages, d’autant plus que les scènes ne sont pas tournées de façon chronologique, mais bien en fonction des lieux. Autrement dit, toutes les scènes de la saison qui se déroulent dans un endroit précis, comme un bar par exemple, sont tournées dans le même bloc. 

« C’est un vrai sprint olympique, surtout pour ce projet en particulier. Il a fallu prendre en charge une quarantaine de lieux de tournage. Avant de tourner la première saison, j’ai fait un gros travail en amont avec le réalisateur Jean-François Rivard et le directeur de la photographie Barry Russell afin de connaître leur vision et leurs principales inspirations. Nous établissons ensemble une palette de couleurs », précise celle qui, une fois les palettes établies, conçoit des cartons avec ses idées et attend qu’elles soient approuvées.

Pour la première saison, ils ont opté pour des couleurs franches, brûlées et contrastées avec une apparence salie. « Le réalisateur ne voulait pas que le décor devienne une caricature des années 70 lors de la première saison. Lors de la deuxième, on s’est permis de verser un peu plus dans les clichés, car le personnage de Gaétan veut tout redécorer en grand dans sa maison. On s’est donc donné à coeur joie au niveau des tapisseries qui sortent de l’ordinaire! » raconte-t-elle.

Des lieux pivots

Le personnage de Serge Paquette, interprété par Patrice Robitaille, est propriétaire d’un magasin à grande surface de type Sears. La reconstitution d’un tel lieu n’a pas été de tout repos pour Dominique Desrochers et son équipe, mais ils sont plus que satisfaits du résultat. 

« On a pu tourner dans un réel magasin Sears abandonné, mais, budget oblige, nous avions un espace limité. Le magasin était vide. Il a fallu trouver des équipements pour placer les articles comme à l’époque et aussi les fameux articles qu’on vendait dans ces années-là. Comme on avait un temps très limité pour trouver des articles de chasse et pêche, des jaquettes, des foulards et des bijoux de l’époque, un décorateur était exclusivement en charge d’accessoiriser le magasin », explique la lauréate de deux Prix Gémeaux dans la catégorie meilleurs décors : fiction pour les deux premières saisons de C’est comme ça que je t’aime

La piscine hors terre de Serge Paquette est également un élément central de la série puisqu’elle est le berceau de gestes inappropriés commis par les rivaux de la pègre de Sainte-Foy. Si Serge Paquette entretient le ph de son eau avec une minutie exemplaire, les techniciens devaient également s’en occuper avec un grand soin.

« Pour la troisième saison, les comédiens tournaient les scènes se déroulant dans la piscine pendant la nuit, au mois de juin. L’eau était donc froide. J’ai été appelée pour m’occuper d’un problème de chauffe-eau qui a cessé tout bonnement de fonctionner. De la boucane sortait de la bouche des acteurs pendant qu’ils parlaient », raconte avec un léger sourire celle qui aimerait bien réaliser comme prochain défi la direction artistique d’un projet se déroulant dans un contexte de guerre.

Diffusion

L’intégrale de la série C’est comme ça que je t’aime, dans laquelle apparaissent les comédiens originaires de Saint-Jean Olivier Gervais-Courchesne et Jean-François Provençal, est disponible dans la section EXTRA de la plateforme numérique TOU.TV. La troisième et ultime saison sera diffusée ultérieurement sur les ondes d’ICI Radio-Canada Télé.

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