La Cour autorise l’exhumation d’une enfant crie qui pourra être inhumée chez elle

Pierre Saint-Arnaud, La Presse Canadienne
La Cour autorise l’exhumation d’une enfant crie qui pourra être inhumée chez elle

MONTRÉAL — Le corps d’une enfant de la nation crie décédée en 1966 sera exhumé à la demande de sa famille afin que sa dépouille puisse être rapatriée et inhumée dans sa communauté, 58 ans plus tard, pour qu’elle repose enfin chez elle.

L’enfant, dont l’identité demeure confidentielle, avait été admise à l’hôpital alors qu’elle était dans un pensionnat et était décédée peu de temps après.

Ses parents n’avaient été mis au courant du décès que plusieurs mois plus tard, mais elle avait déjà été inhumée au cimetière près du pensionnat plutôt que dans sa communauté.

Inhumée sans le consentement des parents

«La famille demande l’exhumation et l’inhumation dans leur communauté parce que cet enfant-là était enterrée sans le consentement de la famille, des parents, de la maman et du papa», a expliqué en entrevue avec La Presse Canadienne Françoise Ruperthouse, directrice générale de l’organisme Awacak.

C’est le juge Alain Bolduc, de la Cour supérieure, qui a autorisé cette procédure comme le lui permet la Loi autorisant la communication de renseignements personnels aux familles d’enfants autochtones disparus ou décédés à la suite d’une admission en établissement.

Cette loi vise à soutenir les familles autochtones dans leurs recherches de renseignements sur les circonstances qui ont entouré la disparition et le décès d’enfants en dehors de leur communauté.

La date de l’exhumation, que la famille souhaite réaliser dans la plus stricte intimité, n’a pas encore été déterminée.

Il s’agit de la troisième demande d’exhumation à laquelle les tribunaux consentent. En septembre dernier, les restes de deux enfants innus avaient été exhumés à Pessamit, une communauté innue située à mi-chemin entre Forestville et Baie-Comeau sur la Côte-Nord.

Interdiction d’ouvrir les cercueils

Dans ce dernier cas, il s’agissait d’enfants décédés en 1970 à l’hôpital de Baie-Comeau. Les parents n’avaient pas pu les accompagner à l’hôpital et les autorités leur avaient ensuite remis des cercueils fermés en leur disant de ne pas les ouvrir.

L’objectif était d’assurer leur identité, a expliqué Mme Ruperthouse. «Ils n’avaient pas eu le droit d’ouvrir leurs cercueils quand ils avaient reçu les enfants. À cette époque, plusieurs Autochtones, plusieurs familles dont les enfants mouraient à l’hôpital recevaient une boîte.»

Selon elle, certaines personnes avaient quand même ouvert le cercueil pour découvrir que ce n’était pas leur enfant qui s’y trouvait.

«Donc, les doutes étaient restés. Quand tu ne vois pas ton enfant dans le cercueil, ça crée des doutes. Le deuil ne se fait pas automatiquement. Il faut qu’on voie pour être sûr et pour être capable de faire un vrai deuil.»

Mme Ruperthouse confirme que les analyses d’ADN réalisées par le Laboratoire de sciences judiciaires et de médecine légale à Montréal ont bel et bien confirmé l’identité de l’un des deux enfants. Les analyses ne sont pas encore complétées dans le deuxième cas.

L’organisme Awacak, qui signifie «petit être de lumière» en attikamekw, a été créé par des familles autochtones dont les enfants sont disparus ou décédés après une admission dans le système de santé.

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