Trudeau reste, mais dit avoir entendu les «préoccupations» et «frustrations»

Émilie Bergeron, La Presse Canadienne
Trudeau reste, mais dit avoir entendu les «préoccupations» et «frustrations»

OTTAWA — Le premier ministre Justin Trudeau a assuré mardi avoir entendu «les préoccupations» et «frustrations» d’électeurs, quelques heures après que ses troupes ont perdu un siège aux mains des conservateurs dans un bastion libéral de longue date. Il n’envoie toujours aucun signal qu’il compte tirer sa révérence.

«Ce n’est évidemment pas le résultat que nous souhaitions», a déclaré M. Trudeau au sujet de la défaite essuyée par les libéraux au terme d’une élection partielle dans la circonscription ontarienne de Toronto—St. Paul’s.

Il a d’abord exprimé cette admission par écrit, dans une déclaration relayée par son bureau, puis l’a répétée au micro durant une apparition publique en Colombie-Britannique. M. Trudeau ne s’est pas rendu disponible pour répondre aux questions de journalistes.

«Je tiens à dire clairement que j’entends vos préoccupations et vos frustrations», a-t-il dit à l’adresse des électeurs dont il dit avoir reçu le message.

Il a signalé qu’il compte «reste(r) concentré» sur des «succès» qu’il promet pour ceux-ci.

«La situation actuelle n’est pas facile. Et il est clair que moi et toute mon équipe libérale avons encore beaucoup de travail à faire pour réaliser des progrès tangibles et réels que les Canadiens peuvent voir et ressentir», a soutenu le premier ministre.

Plusieurs observateurs de la scène politique fédérale voyaient la partielle de lundi soir comme un test pour le leadership de M. Trudeau et comme un indicateur potentiel de la bataille à venir lors du prochain scrutin général.

Le candidat conservateur Don Stewart l’a emporté par seulement 590 voix contre la libérale Leslie Church lors d’une surprise matinale, arrachant une circonscription que les libéraux au pouvoir détenaient depuis plus de 30 ans.

«C’est une circonscription qui aurait dû avoir des prédispositions envers ce qu’est la marque libérale. Alors c’est absolument un message que le Parti libéral du Canada ne peut ignorer», croit Greg MacEachern, ex-stratège pour la formation politique.

À son avis, il est encore possible, d’ici au prochain scrutin fédéral, que les troupes de M. Trudeau se dotent d’un nouveau leader si ce dernier en venait à changer d’avis.

Selon M. MacEachern, l’une des questions centrales pour les libéraux sera de déterminer s’il est préférable de changer de chef avant ou après le scrutin. Si tout va comme prévu, les Canadiens de partout au pays seront appelés aux urnes pour un scrutin général à l’automne 2025.

Si les libéraux optaient pour l’option de trouver un successeur à M. Trudeau avant la prochaine campagne électorale, «il y a une chance que des Canadiens puissent se dire »j’étais inquiet du chef conservateur, mais je voulais un changement et, de cette façon, je peux voter libéral et tout de même avoir un changement»», analyse l’ex-stratège.

«Mais il y aussi le fait qu’un nouveau leader ou une nouvelle cheffe ferait campagne sur le mandat et le bilan précédent plutôt que d’établir le sien.»

La ministre Soraya Martinez Ferrada, qui coprésidera la prochaine campagne électorale des libéraux, a décliné une demande d’entrevue de La Presse Canadienne par la bouche de son attachée de presse.

Quoi qu’il en soit, le député libéral John McKay croit que l’insatisfaction envers le premier ministre Trudeau a joué un rôle dans la partielle de lundi, bien qu’il estime que celui-ci ait plutôt été «en arrière-plan». Selon, lui la guerre au Proche-Orient a été une question davantage déterminante.

«Pour cette circonscription en particulier, je pense que des électeurs pro-Israël ont changé leur vote, (le déplaçant) de la colonne libérale à conservatrice», a dit en entrevue l’élu de la circonscription ontarienne de Scarborough—Guildwood.

Ainsi il n’y voit pas «une immense histoire d’amour envers (Pierre) Poilievre», a-t-il résumé en faisant référence au chef conservateur.

La vice-première ministre Chrystia Freeland a pour sa part maintenu que «le premier ministre (…) a notre appui», au cours d’un point de presse à Toronto.

«Il ne doit pas quitter. Le premier ministre, comme tous les membres de notre équipe, comprenons que nous devons continuer de travailler fort pour livrer pour les Canadiens et Canadiennes», a-t-elle dit en français.

En anglais, elle a répété à plusieurs reprises que son gouvernement doit s’efforcer de «regagner la confiance» de la population.

«Nous devons travailler plus fort et c’est ce qu’on va faire», a-t-elle conclu.

– Avec des informations de Mickey Djuric et de Michel Saba

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