Sauvetage en Afghanistan: l’armée a suivi les «ordres légaux», selon Wayne Eyre

Stephanie Taylor et Sarah Ritchie, La Presse Canadienne
Sauvetage en Afghanistan: l’armée a suivi les «ordres légaux», selon Wayne Eyre

OTTAWA — Les Forces armées canadiennes (FAC) ont suivi des «ordres légaux» lorsqu’elles ont tenté de secourir un groupe de sikhs afghans lors de la chute de Kaboul, il y a trois ans, a déclaré le chef d’état-major de la Défense, le général Wayne Eyre.

Le commentaire de M. Eyre survient alors que l’ancien ministre de la Défense Harjit Sajjan doit défendre sa décision d’intervenir au nom d’un groupe d’environ 200 sikhs afghans qui ont été piégés avec des milliers d’autres en août 2021.

M. Sajjan a déclaré dans un communiqué qu’il avait transmis par des canaux «appropriés» les informations qui lui avaient été fournies sur l’endroit où se trouvait le groupe et que cela était conforme à la politique du gouvernement visant à aider les groupes vulnérables sur le terrain en Afghanistan. Il a précisé qu’il n’avait pas demandé aux Forces de donner la priorité à ce groupe plutôt qu’aux Canadiens ou aux interprètes afghans, qui ont aidé les soldats canadiens lors d’opérations précédentes.

Dans une entrevue avec La Presse Canadienne, M. Eyre a déclaré que l’armée suivait des «ordres légaux» lorsqu’elle s’est efforcée d’aider spécifiquement le groupe de sikhs afghans.

«Nous suivons les directives légales et les groupes répertoriés faisaient partie de (…) groupes approuvés, alors nous avons continué», a-t-il précisé.

Il a ajouté que ce n’était pas à lui de dire «si la priorité du gouvernement était bonne ou mauvaise».

«Nous avions la liste d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada et nous ne faisions que commencer», a réitéré le militaire.

Cibles de persécution

Lorsque Kaboul est tombée aux mains des talibans en août 2021, le Canada et ses alliés se sont précipités pour évacuer leurs citoyens, ainsi que les interprètes afghans qui avaient travaillé pour le Canada.

Le Canada et d’autres pays ont également cherché à aider les membres des groupes qu’ils ont désignés comme risquant d’être persécutés par l’organisation terroriste, notamment les femmes dirigeantes, les défenseurs des droits de la personne, les journalistes et les minorités religieuses.

M. Sajjan a déclaré que dans les semaines qui ont précédé le siège, le Canada a élargi son partenariat avec la Fondation Manmeet Singh Bhullar, un organisme de bienfaisance basé en Alberta qui tentait d’aider à réinstaller des centaines de sikhs et d’hindous afghans persécutés.

La fondation avait identifié plus de 200 sikhs afghans qui se trouvaient en Afghanistan et souhaitaient partir. Il a fourni leurs noms à Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada, qui les a aidés à remplir les documents requis.

«J’ai donné des instructions aux Forces armées canadiennes, par l’intermédiaire de la chaîne de commandement appropriée, pour aider le groupe de sikhs afghans qui ont été jugés admissibles à l’évacuation de Kaboul dans le cadre du processus en cours à IRCC», a déclaré M. Sajjan dans une longue déclaration. «Les détails opérationnels sur comment et où effectuer ce travail ont été laissés aux commandants opérationnels militaires et aux décideurs tactiques sur le terrain», a-t-il poursuivi.

M. Sajjan a affirmé que lorsque la situation à Kaboul s’est aggravée, l’organisation «m’a contacté personnellement» pour lui dire qu’elle n’était pas en mesure de communiquer directement avec l’armée.

«J’ai transmis toutes les informations fournies par (la fondation) sur l’emplacement et le statut de ces sikhs à la chaîne de commandement pour qu’elle les utilise comme bon lui semble, conformément à son plan opérationnel sur le terrain en Afghanistan», a plaidé le ministre, qui martèle ne pas avoir «ordonné aux FAC d’entreprendre une mission de sauvetage dans un Gurdwara ou ailleurs».

M. Sajjan a réitéré que la priorité était «avant tout» d’évacuer les Canadiens, les traducteurs afghans et ceux ayant des «liens importants avec le Canada».

«C’était notre principal effort, a-t-il souligné. L’évacuation et la réinstallation d’autres populations vulnérables, notamment les sikhs, étaient également une priorité du gouvernement.»

Dans un communiqué, la Fondation Manmeet Singh Bhullar a avancé qu’«il était très clair» que les sikhs et les hindous afghans devaient trouver leur propre chemin pour se rendre à l’aéroport.

«En aucun cas les Forces armées canadiennes ne mèneraient une mission de sauvetage. À tout moment, mon message à la (fondation) était le même que celui que les FAC transmettaient directement aux sikhs afghans par leurs propres canaux: dirigez-vous vers l’aéroport.»

Responsabilité humaine

M. Eyre a déclaré que c’était le chaos sur le terrain et que l’armée disposait d’une «longue liste» de personnes qu’elle était chargée d’aider.

«Avons-nous reçu des instructions pour sauver ou tenter d’extraire ce groupe sikh? Oui, ainsi qu’un certain nombre d’autres groupes, comme l’équipe féminine afghane de football», a illustré le militaire.

Le ministre a déclaré qu’en fin de compte, l’armée n’a pas été en mesure d’évacuer le groupe, mais qu’elle a trouvé de l’aide par d’autres moyens.

MM. Sajjan et Eyre se disent très fiers de ce qui a été accompli pendant une période tumultueuse et difficile.

Le Canada a évacué quelque 3700 personnes d’Afghanistan.

La Fondation Manmeet Singh Bhullar et l’Organisation mondiale sikhe ont toutes deux déclaré que le Canada avait la responsabilité humanitaire d’aider les sikhs afghans en tant que minorités religieuses persécutées.

«Il ne fait aucun doute que les sikhs, étant une minorité très visible, continueront d’être la cible d’attaques», a déclaré le président de l’Organisation mondiale sikhe, Danish Singh, dans un communiqué.

«Les tentatives d’évacuation des sikhs et des hindous afghans n’étaient pas une question de favoritisme, mais une réponse à une crise humanitaire urgente», a-t-il ajouté.

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