Les ressortissants français passent au vote à Montréal lors d’élections «historiques»

Joe Bongiorno, La Presse Canadienne
Les ressortissants français passent au vote à Montréal lors d’élections «historiques»

MONTREAL — Un grand nombre de ressortissants français devraient se rendre à Montréal samedi pour participer au premier tour des élections législatives françaises, alors qu’un parti d’extrême droite est en plein essor dans les sondages.

Le Québec compte 260 000 citoyens français, dont 200 000 à Montréal.

Le système électoral français permet aux citoyens résidant à l’étranger dans 11 circonscriptions différentes d’élire chacun un député à l’Assemblée nationale, qui compte 577 sièges.

Les citoyens français de Montréal appartiennent au même district que les Français vivant aux États-Unis, aux îles Turques et Caïques, aux îles Caïmans et aux Bermudes.

Samedi, ils choisiront entre neuf candidats, du Parti Renaissance du président français Emmanuel Macron au Rassemblement national, un parti anti-immigration en voie de remporter le plus grand nombre de sièges.

Marie Lapierre, consule générale de France à Montréal, dit qu’elle pense que le taux de participation dans la ville à ces élections sera le double de ce qu’il était en 2022.

Une plus grande mobilisation à Montréal

«Lors des dernières élections législatives de 2022, nous avons eu un taux de participation d’environ 25 %. Cette fois, nous nous sommes préparés à davantage… nous sommes prêts à accueillir un taux de participation d’environ 50 %», a-t-elle déclaré. «Il y a une très forte mobilisation de la communauté française qui était vraiment prête à nous aider à organiser le vote.»

Yan Niesing, président de l’Union française de Montréal, une organisation qui aide les ressortissants français à s’installer dans la ville, a qualifié l’élection d’«historique».

«Tout le monde veut avoir son mot à dire», a-t-il ajouté.

Frédéric Mérand, professeur de sciences politiques au Centre d’études et de recherches internationales de l’Université de Montréal, affirme que le niveau d’engagement dans la ville est inhabituel pour une élection française.

«Vous voyez des pancartes et des affiches et des gens distribuant des dépliants dans les rues de Montréal pour une élection qui a lieu en France, c’est donc significatif en ce sens», a-t-il indiqué.

Cette élection constitue un moment exceptionnel dans l’histoire politique de la France.

Emmanuel Macron a convoqué des élections anticipées au début du mois après une défaite écrasante de son parti face à l’extrême droite lors du vote au Parlement européen. Le premier tour, samedi, pourrait voir le premier gouvernement d’extrême droite du pays depuis l’occupation nazie de la Seconde Guerre mondiale, ou même aucune majorité se dégager.

L’issue du scrutin, après le second tour du 7 juillet et une campagne électorale exceptionnellement brève, reste très incertaine alors que trois grands blocs politiques s’affrontent : le Rassemblement national d’extrême droite, l’alliance centriste du président Emmanuel Macron et la coalition du Nouveau Front populaire qui comprend le centre gauche, les verts et les forces d’extrême gauche.

Frédéric Mérand affirme que les principaux prétendants aux électeurs montréalais sont les partis centristes et de gauche.

«On s’attend à ce que tous les autres candidats soient très, très loin derrière», a-t-il déclaré.

En 2022, une alliance de gauche a largement été la favorite parmi les électeurs français de Montréal, alors que le parti d’Emmanuel Macron est arrivé en deuxième position avec 25 % des voix des résidents français de la ville, et que le Rassemblement national n’a récolté que 2 % des voix. Cependant, grâce aux votes des citoyens aux États-Unis et ailleurs dans la circonscription, c’est finalement le candidat d’Emmanuel Macron qui a remporté le siège.

Chedly Belkhodja, professeur à l’École des affaires publiques et communautaires de l’Université Concordia, attribue le regain d’intérêt des électeurs à une bataille historique dans la société polarisée de la France.

«Cette élection montrera peut-être une facette de la France qu’on n’a pas vue depuis de très nombreuses années, à savoir la montée de l’extrême droite», a-t-il soulevé, ajoutant que les partis qui étaient autrefois marginaux sont devenus plus normalisés ces dernières années.

Une courte campagne pour les candidats

L’un des candidats parmi lesquels les Franco-Montréalais peuvent choisir est Olivier Piton, basé à Washington D.C., qui représente les républicains, le parti de centre droit auquel appartenait l’ancien président Nicolas Sarkozy. M. Piton se dit le meilleur candidat pour représenter ses électeurs en Amérique du Nord, dont les préoccupations diffèrent de celles des citoyens français en Europe.

«Maintenant, nous devons nous concentrer sur ce qui est vraiment important pour nous… comment pouvons-nous défendre nos droits en tant que ressortissants français, en tant que résidents au Canada ou aux États-Unis», a-t-il évoqué.

Elias Forneris, candidat d’Une Nouvelle Énergie pour la France, réside également dans la capitale américaine, et a passé une grande partie de sa vie aux États-Unis et au Royaume-Uni. Ayant peu de temps pour se préparer à la suite de l’annonce surprise de M. Macron, il a concentré l’essentiel de sa campagne en ligne.

«Je pense qu’il y a quelque chose qui unit les Français vivant au Canada et aux États-Unis. C’est fréquent que nous soyons oubliés par l’État en France alors que nous sommes des citoyens au même titre qu’eux, alors, ce que j’aimerais faire, c’est pouvoir représenter ici la voix des Français», a-t-il soutenu.

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