Blocus de Coutts: un des accusés était convaincu de partir en guerre

Jeremy Simes, La Presse Canadienne
Blocus de Coutts: un des accusés était convaincu de partir en guerre

REGINA — L’un des deux hommes accusés d’avoir conspiré pour tuer des membres de la GRC lors du blocus à la frontière de Coutts, en Alberta, a qualifié la manifestation de dernier recours et a déclaré à sa mère qu’il y aurait «une guerre» si la police intervenait.

«Maman, je vais bien. S’ils déclenchent la violence, je te dis simplement qu’il y aura une guerre et des victimes de guerre», lit-on dans l’un des messages textes relayés mardi au tribunal depuis le téléphone de Chris Carbert.

«Plus tôt tu te rendras compte de ce qui se passe, plus vite tu comprendras pourquoi je dois faire ce que je dois faire», avait aussi écrit l’accusé.

M. Carbert et Anthony Olienick sont jugés pour complot en vue de commettre un meurtre lors du blocus, qui a empêché la circulation pendant deux semaines au poste frontalier très fréquenté entre le Canada et les États-Unis, à Coutts, en 2022. Le groupe protestait contre les restrictions liées à la COVID-19 et les mandats de vaccination.

Pas de retour en arrière

Le tribunal a appris que M. Carbert était déterminé à mener à bien la protestation et qu’il n’y avait pas de retour en arrière.

«Maman, je ne rentrerai pas à la maison tant que les lois ne seront pas adoptées et que le gouvernement ne sera pas renversé», lui a-t-il écrit.

«Je pensais que peut-être tu rentrerais chez toi après quelques jours», lui a-t-elle répondu.

«Je ne pense pas que tu comprennes vraiment de quoi il s’agit. Si nous perdons ici, je mourrai probablement à la guerre», a rétorqué Chris Carbert.

À peu près au même moment où le jeune homme envoyait ce texto à sa mère, il a reçu un message de quelqu’un d’autre lui disant de rester calme et que la manifestation ne valait pas un casier judiciaire ou une peine de prison. L’intéressé a rappelé à Chris Carbert qu’il avait un fils.

Des images d’armes à feu provenant du téléphone de M. Carbert ont également été montrées mardi, avec certaines armes sur un canapé ou un lit.

La semaine dernière, le procès a entendu des textes qui dressaient un tableau similaire de rage et de détermination contre tous ceux qui cherchaient à démanteler le blocus.

Un message qualifiait le blocus de «notre dernier combat», tandis qu’une autre personne promettait de ne partir que dans «un sac mortuaire».

Après que la police a procédé à des arrestations et saisi des armes à proximité du blocus, les manifestants restants ont quitté Coutts pacifiquement.

MM. Carbert et Olienick sont également accusés de méfait et de possession d’arme dans un dessein dangereux. M. Olienick fait face à une autre accusation de possession d’une bombe artisanale.

Conspiration

La Couronne a présenté des témoins et des preuves matérielles pour affirmer qu’Olienick et Carbert conspiraient pour tuer des policiers.

Les agents ont saisi des armes, des gilets pare-balles et des munitions dans des remorques à proximité du blocus, ainsi qu’un permis d’armes à feu au nom de Chris Carbert.

Plus tard, ils ont localisé chez M. Olienick d’autres armes, des seaux de munitions et deux bombes artisanales.

La Couronne a également présenté des témoignages d’agents infiltrés.

Les agents, qui se faisaient passer pour des participants lors du blocus, ont raconté au tribunal qu’Olienick avait déclaré qu’il pensait que la GRC était l’outil du premier ministre «diabolique» Justin Trudeau et qu’il méritait d’être pendu. Les policiers ont témoigné qu’Olienick avait soutenu que si la police effectuait une descente dans le blocus, il «leur trancherait la gorge».

Dans une vidéo d’interrogatoire de la police montrée au jury, Anthony Olienick a nié avoir pris pour cible la police, mais a déclaré qu’il craignait une invasion des troupes des Nations Unies ou des communistes chinois.

Il se qualifiait, ainsi que les autres, de «chiens de berger» protégeant «le troupeau» des envahisseurs tyranniques.

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