OTTAWA — La lieutenante-générale québécoise Jennie Carignan a été nommée cheffe d’état-major de la Défense, devenant ainsi la première femme de l’histoire du Canada à diriger les Forces armées canadiennes (FAC).
Le premier ministre Justin Trudeau a annoncé mercredi la nomination de la lieutenante-générale, qui succédera au général Wayne Eyre. Le dirigeant des FAC, en poste depuis 2021, prendra sa retraite.
Une cérémonie de passation de commandement aura lieu le 18 juillet prochain.
Mme Carignan est actuellement cheffe de la conduite professionnelle et de la culture de l’armée, un poste créé à la suite des révélations d’inconduite sexuelle.
Plusieurs dirigeants de haut rang ont été contraints de démissionner après avoir été accusés d’inconduite sexuelle en 2021, ce qui a donné lieu à un rapport externe accablant appelant à un changement de culture.
Originaire de Val-des-Sources, au Québec, Jennie Carignan est impliquée dans les FAC depuis plus de 35 ans. Pendant sa carrière, elle a dirigé deux régiments du génie de combat et la 2e Division du Canada.
Elle a servi en Afghanistan, en Bosnie-Herzégovine, ainsi qu’en Syrie, et elle a dirigé la Mission de l’OTAN en Iraq en 2019 et 2020.
En tant que brigadière générale, elle avait dirigé l’opération de secours pour aider les citoyens du Québec aux prises avec des inondations en 2019.
Elle a reçu la Médaille du service méritoire en 2011 et la Croix du service méritoire en 2021. Elle a aussi été nommée par la gouverneure générale au grade de Commandeur de l’Ordre du mérite militaire en 2021.
«Au fil de sa carrière, son leadership, son souci d’excellence et son dévouement ont été des atouts considérables pour nos Forces armées», a déclaré le premier ministre Justin Trudeau dans une conférence de presse à Montréal.
«Elle va contribuer à rendre le Canada plus fort et plus sécuritaire.»
Le premier ministre a ensuite mentionné avoir trouvé la meilleure personne pour ce poste.
«On a travaillé avec le général Eyre et avec les Forces armées pour trouver la bonne personne et je suis très content d’annoncer la [nomination de la] générale Jennie Carignan.»
Période de transition
Mme Carignan prend la relève alors que les FAC sont dans une période de transition, au milieu d’efforts continus pour changer la culture de l’organisation. Les FAC tentent de reconstruire leurs rangs après des années où le recrutement a baissé et que la rétention est difficile.
Les Forces armées manquent d’environ 16 000 soldats et, depuis plusieurs années, n’ont pas réussi à recruter plus de membres qu’elles n’en ont perdu, ce que le ministre de la Défense, Bill Blair, a qualifié de «spirale de la mort» en mars dernier.
Ce commentaire a été une source de tensions entre le gouvernement et les dirigeants militaires.
Au même moment, les Forces armées ont commencé à être de plus en plus sollicitées pour répondre aux urgences liées aux conditions météorologiques au Canada et renforcer la présence du Canada en Europe de l’Est alors que la guerre fait rage en Ukraine.
Dans une récente entrevue, le chef d’état-major de la Défense sortant a déclaré que l’armée «commence à ressentir un revirement» en matière de recrutement.
Le général Wayne Eyre a affirmé que les alliés du Canada sont confrontés à des défis similaires en matière de recrutement pour leurs armées, et que le problème n’est pas bien compris.
M. Eyre a indiqué qu’il existe également des problèmes liés à l’état de préparation des Canadiens à servir, avec «une fréquence accrue de problèmes médicaux et de problèmes de santé mentale».
Les FAC sont également aux prises avec des modifications concernant l’admissibilité médicale pour les personnes souffrant de certaines conditions comme les allergies ou celles qui prennent des médicaments pour le TDAH.
«Nous avons entamé une démarche de changement significatif au sein de l’institution», a dit M. Eyre, ajoutant qu’une prochaine stratégie interne détaillera les efforts visant à améliorer l’état de préparation global de l’armée.
M. Eyre avait été nommé en 2021 après la démission de l’amiral Art McDonald, accusé d’inconduite sexuelle, quelques semaines après le début de son mandat.
Il a déclaré qu’au milieu de ce scandale, la stabilisation de l’organisation était la priorité absolue.
«C’est un travail en cours, et c’est donc ce que je laisse à mon successeur: un travail inachevé, mais un travail qui ne sera jamais terminé, car la situation continue d’évoluer», a-t-il dit.