Wilkinson s’attend à une vingtaine de projets de captage du carbone dans la décennie

Amanda Stephenson, La Presse Canadienne
Wilkinson s’attend à une vingtaine de projets de captage du carbone dans la décennie

CALGARY — La décision de Shell Canada la semaine dernière de donner son feu vert à son projet de captage du carbone Polaris n’est probablement que le début d’une vague de décisions d’investissement positives de la part des partisans de la technologie de réduction des émissions, a déclaré le ministre fédéral des Ressources naturelles, Jonathan Wilkinson.

M. Wilkinson a affirmé dans une entrevue qu’il s’attend à ce que 20 à 25 projets commerciaux de captage et de stockage du carbone soient lancés au Canada au cours de la prochaine décennie.

Il a ajouté qu’il s’attend à ce que certains de ces projets reçoivent bientôt le feu vert des entreprises, maintenant qu’un nouveau crédit d’impôt fédéral à l’investissement pour le captage et le stockage du carbone est en vigueur.

«Je m’attends à voir davantage d’annonces sur le captage du carbone dans les mois à venir», a déclaré M. Wilkinson cette semaine à Calgary, où il a participé à une réunion annuelle fédérale-provinciale des ministres responsables des portefeuilles de l’énergie et des mines.

Bien que l’inscription du crédit d’impôt à l’investissement dans la loi a «pris plus de temps» que ce que le gouvernement fédéral aurait souhaité, a indiqué M. Wilkinson, les entreprises ont désormais la possibilité de faire la demande et de recevoir le crédit. Il a fait valoir que l’incitatif fiscal, qui couvrira jusqu’à 50 % du coût en capital des projets de captage du carbone, est ce que de nombreuses entreprises de l’industrie lourde attendaient pour prendre une décision définitive d’investissement.

«L’annonce de Shell sur Polaris la semaine dernière était une conséquence directe du crédit d’impôt à l’investissement. Il s’agissait d’une conséquence directe de la sanction royale à ce sujet», a déclaré M. Wilkinson.

Le captage et le stockage du carbone (CSC) désignent l’utilisation de technologies pour piéger les émissions nocives de gaz à effet de serre provenant des processus industriels et les stocker dans des formations géologiques souterraines. Par exemple, le projet Polaris de Shell sera conçu pour capturer environ 650 000 tonnes de dioxyde de carbone par an provenant de la raffinerie et du complexe chimique de Scotford, propriété de Shell, près d’Edmonton.

Une capacité qui doit plus que tripler d’ici 2030

Jusqu’à présent, le Canada n’a qu’une poignée de projets de CSC en cours. Depuis 2000, ces projets – qui incluent un projet Shell existant, appelé Quest – ont stocké environ 44 millions de tonnes de CO2, l’équivalent du retrait de plus de 9,4 millions de voitures de la route.

Mais le plan fédéral de réduction des émissions – qui appelle le Canada à réduire ses émissions de 40 à 45 % par rapport aux niveaux de 2005 d’ici 2030 et à atteindre zéro émission nette d’ici 2050 – prévoit que la capacité nationale de CSC fera plus que tripler d’ici 2030. Cela nécessiterait d’ajouter des installations capables de capter et de stocker au moins 15 millions de tonnes d’émissions de dioxyde de carbone par an.

L’International CCS Knowledge Centre, établi à Regina, affirme que pour atteindre cet objectif, il faudra mettre en œuvre le captage et le stockage du carbone dans une gamme d’industries lourdes, notamment la production d’électricité, la fabrication de ciment, d’acier et d’engrais, l’exploitation minière et la transformation pétrochimique.

Il existe actuellement plus de 40 projets individuels de captage et de stockage du carbone proposés par des entreprises au Canada, selon une base de données de l’Agence internationale de l’énergie.

Le projet de 16,5 milliards $ de l’Alliance Nouvelles voies

Mais c’est l’industrie pétrolière et gazière qui a proposé le projet le plus médiatisé jusqu’à présent. Un groupe de sociétés de sables bitumineux connu sous le nom d’Alliance Nouvelles voies a proposé d’investir 16,5 milliards $ pour construire un énorme pipeline qui transporterait le carbone capturé depuis 14 sites de sables bitumineux vers un emplacement de stockage près de Cold Lake.

S’il était construit, ce serait l’un des plus grands projets de CSC au monde, mais les sociétés du consortium Alliance Nouvelles voies n’ont pas encore pris de décision définitive d’investissement.

Même si M. Wilkinson a déjà critiqué le groupe de l’industrie des sables bitumineux pour sa lenteur à agir, il a déclaré cette semaine qu’il croyait que le projet Alliance Nouvelles voies serait réalisé.

«C’est un match qui a mis plus de temps à arriver au résultat que je pense que nous le souhaitons tous, a-t-il déclaré. Nous travaillons encore un peu sur la structure. Mais je crois que cela va avancer. Il reste juste un peu plus de travail à faire pour conclure.»

Le consortium a dépensé des millions de dollars dans une campagne de relations publiques à l’échelle nationale visant à démontrer que les groupes du secteur des sables bitumineux sont déterminés à contribuer à la lutte contre le changement climatique.

Mais le mois dernier, le consortium a supprimé tout le contenu de son site internet et de ses flux de médias sociaux, invoquant l’incertitude concernant les nouvelles règles anti-écoblanchiment récemment adoptées dans le cadre du projet de loi omnibus fédéral C-59.

Les PDG des sociétés Alliance Nouvelles voies avaient alors déclaré que les nouvelles règles – selon lesquelles les entreprises doivent pouvoir étayer leurs affirmations environnementales par des preuves – constituaient une menace pour la liberté de communication et ouvraient la porte à des «litiges frivoles».

Mais M. Wilkinson a déclaré qu’il pensait qu’il n’était pas nécessaire que l’Alliance Nouvelles voies nettoie son site internet comme elle l’a fait.

«Je pense que c’était une réaction excessive de leur part», a-t-il déclaré, ajoutant que cette décision aurait même pu amener certains Canadiens à se demander si l’Alliance Nouvelles voies croyait que son propre message était véridique.

«Si j’étais l’Alliance Nouvelles voies, j’aurais probablement attendu que le Bureau de la concurrence me fournisse des conseils sur la méthodologie.»

Jeudi, le Bureau de la concurrence a déclaré avoir reçu un grand nombre de questions sur la manière d’interpréter les nouvelles dispositions sur l’écoblanchiment. Le régulateur a affirmé qu’il élaborerait des orientations «sur une base accélérée» et prévoyait de lancer une consultation publique dans les semaines à venir.

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