Nouvelle-Écosse: des médecins craignent que la politique sur l’AMM chasse leurs pairs

Michael Tutton, La Presse Canadienne
Nouvelle-Écosse: des médecins craignent que la politique sur l’AMM chasse leurs pairs

HALIFAX — Certains médecins de la Nouvelle-Écosse font valoir qu’un règlement récemment approuvé, exigeant qu’ils orientent les patients qui le souhaitent vers l’aide médicale à mourir, pourrait pousser certains de leurs collègues à démissionner et nuire au recrutement de futurs praticiens.

Trois médecins ont déclaré jeudi lors d’une conférence de presse que le libellé de la norme professionnelle franchissait une ligne en exigeant que les médecins donnent une référence «efficace» à un autre médecin disposé à administrer la procédure.

Ils ont averti que la politique adoptée le 24 mai par le Collège des médecins et chirurgiens de la Nouvelle-Écosse pourrait aggraver la pénurie de médecins de famille dans la province si l’organisme de réglementation censure ceux qui refusent de s’y conformer.

La conférence de presse était organisée par l’Association chrétienne médicale et dentaire du Canada.

La Dre Amy Hendricks, spécialiste en médecine interne à Antigonish, la Dre Jeanne Ferguson, psychiatre gériatrique à North Sydney, et le Dr Paul Young, médecin de famille et directeur des soins dans deux foyers de soins à Halifax, ont pris la parole lors de la conférence de presse.

Tous trois ont déclaré que le libellé de la norme signifiait qu’ils pourraient être amenés à orienter les patients vers un autre médecin qui effectuerait une procédure contraire à leur sens moral.

L’association a affirmé dans un communiqué de presse que 41 médecins de la province ont signé une lettre indiquant qu’ils ne voulaient pas suivre la politique, ce qui pourrait les exposer à une sanction disciplinaire.

L’association et les médecins ont recommandé que la province crée un service d’orientation des patients vers lequel les médecins pourraient envoyer leurs patients. Au lieu d’être orientés directement vers l’AMM, les patients seraient informés au sujet de l’aide médicale à mourir et d’autres options, comme les soins palliatifs.

Cependant, le Dr Gus Grant, directeur général et registraire du collège, a déclaré dans une entrevue que le libellé de la norme professionnelle garantit le droit des patients à accéder à une forme de soins légale et assurée par l’État, et qu’il est conforme à la loi canadienne.

Selon Nova Scotia Health, l’année dernière, 794 demandes d’aide médicale à mourir ont été adressées, et 342 ont été effectuées, avec environ 1 405 décès médicalement assistés depuis que la procédure a été approuvée en 2016 en Nouvelle-Écosse.

Alexandra McNab, porte-parole de Doctors Nova Scotia, qui représente les médecins de la province, a déclaré dans un courriel que depuis l’adoption de la politique, les médecins étaient tenus d’effectuer un «transfert efficace des soins», même s’ils n’étaient pas d’accord avec la politique.

Mme McNab a écrit que Doctors Nova Scotia soutient la norme du collège, car sans elle, de nombreux patients ne pourront pas accéder aux soins dont ils ont besoin».

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