La concentration de plomb dans le corps des Québécois diminue depuis 10 ans

Katrine Desautels, La Presse Canadienne
La concentration de plomb dans le corps des Québécois diminue depuis 10 ans

MONTRÉAL — On observe une diminution du plomb dans le corps des Québécois depuis 2007, selon une mise à jour d’une analyse de l’INSPQ, mais l’imprégnation de ce métal toxique reste plus élevée au Québec en comparaison avec le reste du Canada.

C’est ce que montre la mise à jour de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) du portrait d’imprégnation de la population québécoise aux substances chimiques de l’environnement. Ce rapport publié jeudi se base sur les résultats de l’Enquête canadienne sur les mesures de la santé qui a colligé et analysé des échantillons sanguins et d’urine de milliers de participants.

«L’objectif du rapport, c’était d’inclure le plus de substances possible et à la fin d’avoir des niveaux de références. Alors maintenant on a des centaines de biomarqueurs disponibles, avant on avait autour de 50 substances. Comme on avait plusieurs points temporels, on a pu voir s’il y avait des changements dans l’imprégnation avec les données précédentes», a indiqué la co-autrice du portrait, Gabriela Ponce.

L’équipe de chercheurs de l’INSPQ a constaté que pour toutes les substances qui avaient plus d’un point temporel, l’imprégnation était comparable ou avait diminué.

C’est le cas pour le plomb qui est passé d’une moyenne dans le premier cycle (2007 à 2011) de 1.5 microgramme de plomb par décilitre de sang à 0,96 microgramme par décilitre pour la période 2016-2019.

Le cadmium, un métal lourd qui peut avoir des effets néfastes sur la santé, est également en baisse sur la période analysée. Il est passé d’une concentration de 0,36 microgramme par litre de sang pour 2007-2011 à 0,24 microgramme par litre pour 2016-2019.

Les données sur le plomb sont plus élevées pour les Québécois en comparaison avec le reste du Canada, et ce, dans les trois périodes analysées. «Mais on voit une diminution à travers le temps. On peut dire qu’on est dans le bon chemin», a commenté Mme Ponce, ajoutant qu’on observe aussi une diminution des écarts entre le Québec et le Canada.

Le portrait de l’INSPQ souligne que l’ensemble de la population est exposé de manière chronique à une multitude de contaminants chimiques par l’entremise de l’air, de l’eau, des sols, des aliments ou des produits de consommation.

La biosurveillance permet de mesurer la concentration dans le corps de ces substances chimiques présentes dans l’environnement. Mme Ponce a expliqué que le rapport avait pour but de faciliter l’utilisation des études de biosurveillance pour mieux pouvoir comparer avec de futurs résultats. «Ça permet peut-être de faire une priorisation, de voir s’il y a des substances qui méritent des efforts supplémentaires», a-t-elle soulevé.

Ces efforts peuvent être par exemple de poursuivre la surveillance et de déterminer quelles sont les sources qui peuvent influencer la concentration dans le corps des substances chimiques. «L’objectif de ce portrait, c’est un peu d’alimenter la réflexion de la santé publique et voir si ce serait pertinent de mettre en place des interventions ou de continuer des programmes de surveillance», a mentionné la chercheuse.

La baisse du tabagisme comme hypothèse

Mme Ponce a précisé que les données d’imprégnation ne se traduisent pas par un impact sur la santé. Il s’agit plutôt d’une façon de dresser un portrait et de savoir quelle est l’imprégnation moyenne pour en dégager des tendances.

«Mais ça reflète une exposition inférieure et ça, c’est sûr que c’est une bonne nouvelle. (…) On ne peut pas calculer ou estimer quel est l’impact (sur la santé), mais on peut dire que l’imprégnation de la population générale a diminué et étant donné que ce sont des substances toxiques, on pourrait dire que les risques associés à ces substances ont aussi diminué», a indiqué la chercheuse.

Le portrait ne cible pas des causes précises pour expliquer les diminutions observées au fil du temps ou les écarts entre le Québec et le reste du Canada, mais il propose certaines hypothèses.

L’INSPQ avance que la tendance à la baisse du tabagisme pourrait expliquer en partie la chute de la concentration du cadmium et du plomb dans le corps. On souligne également les efforts de réglementation déployés depuis des décennies pour réduire ou éliminer la présence de plomb dans l’environnement. L’interdiction du plomb dans l’essence, les peintures et les tuyauteries et le remplacement des entrées de service en plomb dans les réseaux d’eau potable «ont vraisemblablement contribué à la diminution observée de l’imprégnation de la population générale» au plomb.

Le recours au bois de chauffage et le taux de tabagisme supérieur au Québec comparé à ailleurs au Canada pourraient contribuer aux différences d’imprégnation identifiées.

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