Le Centre ÉPIC teste un programme de réadaptation prometteur pour la Covid longue

Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne
Le Centre ÉPIC teste un programme de réadaptation prometteur pour la Covid longue

MONTRÉAL — S’inspirant de sa longue expérience avec des patients souffrant de problèmes cardiaques, le Centre ÉPIC de l’Institut de cardiologie de Montréal a développé un programme de réadaptation cardiovasculaire personnalisé qui a permis à certains patients atteints de la Covid longue d’améliorer leur qualité de vie.

Au bout de huit semaines, certains participants à ce programme avaient été en mesure d’améliorer leur capacité cardiorespiratoire (le VO2 max, soit la capacité de transport et d’utilisation de l’oxygène par l’organisme) et l’efficacité ventilatoire (la quantité d’air nécessaire pour fournir un effort).

Certains ont aussi noté une réduction des impacts des symptômes de la Covid longue sur leur vie quotidienne.

«On a l’expérience depuis des dizaines d’années sur la réadaptation cardiovasculaire, notamment avec des personnes qui parfois ont une maladie cardiaque sévère, mais qui sont (admissibles) à la réadaptation», a dit le responsable de l’étude, le chercheur postdoctoral Florent Besnier.

«Et dans les personnes qui ont cette Covid longue, il y a des symptômes qui nous rappellent nos patients qu’on a l’habitude de voir, donc une fonte musculaire, une fatigue, des problèmes pour faire des efforts dans la vie de tous les jours… On a pensé que peut-être on pourrait les aider.»

De plus, a ajouté M. Besnier, les patients souffrant de problèmes cardiaques et ceux atteints de la Covid longue ont ceci en commun qu’ils deviennent excessivement sédentaires et inactifs physiquement, ce qui contribue à leur déconditionnement.

Intrigués par ces similitudes entre les deux populations de patients, M. Besnier et ses collègues ont recruté et réparti aléatoirement en deux groupes quarante participants ayant un âge moyen de 53 ans.

Le premier groupe a suivi un programme de réadaptation clinique individualisé au Centre ÉPIC pendant huit semaines. Ce programme comprenait trois séances hebdomadaires d’exercices d’aérobie et de résistance ainsi qu’un entraînement quotidien des muscles inspiratoires. Le second groupe a maintenu ses habitudes quotidiennes, sans intervention supplémentaire pendant la même période.

«Dans le groupe interventionnel, on a pu observer une amélioration significative, statistiquement et cliniquement, de la capacité cardiorespiratoire d’environ 13 %, a dit M. Besnier. On a aussi vu une amélioration significative de l’efficacité ventilatoire. Si je vulgarise un petit peu, les patients sont un petit peu moins essoufflés pour le même niveau d’effort qu’avant l’étude.»

Les chercheurs ont aussi mesuré une amélioration importante de «paramètres fonctionnels» comme la capacité à marcher, à se lever ou à s’asseoir. «On parle de l’impact des symptômes, pas de leur sévérité. L’impact des symptômes sur la vie familiale, personnelle ou professionnelle avait diminué», a dit M. Besnier.

Cela étant dit, sans qu’on comprenne pourquoi, le tiers des membres du groupe interventionnel n’ont profité d’aucune amélioration. Tous ces résultats, qu’ils soient positifs ou négatifs, sont comparables à ceux obtenus lors d’une intervention auprès de patients cardiaques.

Les responsables de l’étude rappellent qu’il s’agissait d’une étude de petite envergure avec seulement quarante participants. Il n’est donc pas possible de «généraliser» les résultats obtenus à l’ensemble des patients atteints de la Covid longue, a souligné M. Besnier, même si cela représente pour eux une lueur d’espoir en démontrant qu’il est vraisemblablement possible d’améliorer leur sort si on leur propose le bon programme de réadaptation.

«Il faut maintenant évaluer l’impact à long terme du programme de réadaptation, mais je reste optimiste», a dit M. Besnier, qui rappelle qu’une étude publiée récemment par le journal médical BMJ témoignait d’améliorations toujours présentes un an après l’intervention.

Les conclusions de cette étude ont été publiées par l’American Journal of Physical Medicine & Rehabilitation.

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