La Ville de Montréal a démantelé un campement au square Victoria

La Presse Canadienne
La Ville de Montréal a démantelé un campement au square Victoria

MONTRÉAL — La Ville de Montréal a démantelé vendredi matin le campement propalestinien au square Victoria à la suite d’une intervention du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).

L’intervention a commencé après 4 h et une quinzaine de personnes se trouvaient à l’intérieur du campement, ont précisé le SPVM et la Ville de Montréal.

Ces personnes ont collaboré avec les policiers, selon l’agente Véronique Dubuc, porte-parole pour le SPVM. Ils ont ensuite pu récupérer leurs effets personnels sous escorte policière, tandis que des employés municipaux vêtus de gilets orange chargeaient dans des camions les matériaux amassés dans le campement.

Aucune arrestation en lien avec l’intervention n’a eu lieu.

«L’opération s’est déroulée dans le calme et toutes les personnes présentes sur place ont été accompagnées. Elles ont fait preuve de collaboration à l’égard des employés de l’arrondissement et du SPVM», a déclaré la mairesse de Montréal, Valérie Plante, dans un communiqué.

Mme Plante a fait valoir «qu’on ne peut pas occuper de façon permanente et statique un lieu public et ce, peu importe la cause».

«Une installation comme celle-ci posait d’importants enjeux de sécurité, autant pour les gens sur le site que pour celles et ceux qui circulent et travaillent à proximité. De plus, elle contrevenait à un règlement municipal.»

La manifestante propalestinienne Emma Jaubert, âgée de 20 ans, a déclaré qu’une trentaine de policiers se sont présentés vers 5 h du matin à l’entrée du camp.

«J’étais à la porte. J’ai été la première personne à les voir arriver ici, a-t-elle affirmé. Ils se sont présentés à la porte et m’ont dit : «Vous êtes dans un espace public. J’ai reçu l’ordre de la Ville de vous expulser».»

«Quand les policiers sont arrivés, ils ont jeté un de nos camarades par terre et l’ont frappé. Ils ont également détruit plusieurs de nos tentes», a-t-elle ajouté.

Simon Charron, porte-parole de la Ville de Montréal, a indiqué en entrevue avec La Presse Canadienne que l’intervention avait eu lieu après avoir examiné le dossier, à la demande de l’arrondissement de Ville-Marie.

Les policiers de Montréal ont toutefois procédé à l’arrestation d’un jeune homme de 18 ans qui était en périphérie de l’intervention, relativement à un événement survenu le 25 juin dernier. Quelqu’un avait alors pointé des lasers en direction des policiers.

Le collectif Désinvestir pour la Palestine a dénoncé le démantèlement.

«Cette intervention policière bafoue notre droit à la liberté d’expression et notre droit de manifester. Elle constitue ainsi une atteinte aux valeurs mêmes de la démocratie et de la justice. Plutôt que de cesser leur complicité avec le génocide en cours à Gaza et d’écouter la voix de la rue, nos institutions ont choisi leur camp: celui de la répression», a écrit le groupe dans un communiqué de presse.

«Elles tentent d’étouffer toute voix politique qui demande des actions concrètes, elles refusent de prendre leurs responsabilités et s’entêtent à endosser les crimes commis par Israël contre le peuple palestinien.»

Le collectif Désinvestir pour la Palestine a l’intention de poursuivre sa mobilisation.

«Nous ne nous laisserons pas intimider par les institutions complices dans des violations de droits de la personne et par les groupes sionistes! L’intifada continuera jusqu’à la libération de la Palestine, est-il écrit dans le communiqué. Nous continuerons à faire entendre nos voix partout et par tous les moyens nécessaires. Nous ne cesserons pas de nous mobiliser tant que nos institutions resteront complices d’un génocide qui se poursuit depuis 9 mois, avec plus de 40 000 martyrs et plus de 80 000 blessés.»

Le campement a été érigé le 22 juin près du siège social de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ). Les manifestants avaient exigé que la Caisse se désengage immédiatement des entreprises qu’ils identifient comme complices d’Israël.

Selon le collectif Désinvestir pour la Palestine, la CDPQ a «toujours 14,2 milliards d’investissements dans 87 compagnies liées à des violations du droit international et des droits du peuple palestinien».

Plus tôt cette semaine, de la peinture rouge a été éclaboussée à l’entrée des bureaux de la CDPQ et une statue à l’intérieur du Centre de commerce mondial a été vandalisée. En juin, les manifestants ont tenté en vain de démolir la statue de la reine Victoria, située sur la place qui porte son nom.

«Un signe encourageant»

L’action policière de vendredi n’a pas visé le campement propalestinien qui se trouve sur le campus de l’Université McGill depuis avril.

«Après l’intervention de ce matin, j’ai bon espoir que la Ville de Montréal et le SPVM agiront avec cohérence en démantelant sans tarder le campement érigé sur notre campus», a réagi le recteur de l’Université McGill, Deep Saini, dans un communiqué de presse.

«Je vois là un signe encourageant: la Ville de Montréal et le SPVM agissent avec sérieux dans le dossier des campements illégaux en faisant appliquer la loi et en protégeant les citoyens et citoyennes, a-t-il ajouté. Si le campement du square Victoria a été le théâtre de graffitis haineux, le campement situé sur notre campus a donné naissance, lui aussi, à de nombreux graffitis haineux et menaçants.»

«En outre, il présente des risques importants en matière d’hygiène, de sécurité et d’incendie. Hier encore, des inspecteurs du Service de sécurité incendie se sont vu refuser, une fois de plus, l’accès au campement, geste contrevenant aux règlements municipaux.»

M. Saini a également dénoncé «divers comportements relevant de l’intimidation et du harcèlement» ainsi que le programme révolutionnaire d’été pour les jeunes, «dont l’annonce était accompagnée d’images, pour le moins inquiétantes, d’individus masqués armés de fusils d’assaut».

«McGill a un manque total de leadership»

La mairesse de Montréal a vivement critiqué l’approche de l’université en conférence de presse en fin d’avant-midi.

«McGill est la seule institution universitaire où il n’y a pas eu de solution. McGill a pris dès le départ une approche très frontale, elle est allée en cour avec des injonctions. L’UQAM a trouvé une solution via le dialogue. D’autres universités ont trouvé des solutions, alors pour moi McGill a un manque total de leadership en la matière. McGill doit revoir sa stratégie parce que c’est la seule université qui échoue en ce moment», a affirmé Mme Plante.

Elle a précisé que la Ville ne peut pas intervenir directement puisque le campement se trouve sur un espace privé.

«Moi, la mairesse, j’interviens sur l’espace public via un règlement d’utilisation de l’espace public. McGill, c’est un espace privé. Parce qu’ils ont pris le chemin judiciaire, on est pris, donc je pense que l’Université McGill doit revoir son plan et assumer les conséquences des injonctions qui ont été demandées. On continue de suivre la situation de près.»

Plus tôt cette semaine, le ministre québécois de la Sécurité publique, François Bonnardel, avait déploré sur X «l’approche passive» de la Ville envers les manifestants.

Mme Plante a répondu vendredi qu’elle aurait préféré que le gouvernement offre son soutien plutôt que de faire des déclarations sur les réseaux sociaux.

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