Les scrutins à l’étranger rendent peu probables des élections anticipées au Canada

Sarah Ritchie et Laura Osman, La Presse Canadienne
Les scrutins à l’étranger rendent peu probables des élections anticipées au Canada

OTTAWA — Le premier ministre Justin Trudeau a fait tourner les têtes à l’international en 2021 lorsqu’il a convoqué des élections anticipées en pleine pandémie de COVID-19.

Il avait alors fait ce pari pour tenter de s’assurer une majorité libérale à un moment où tout semblait incertain. Et bien que le pari ait échoué, les Canadiens ont confié à M. Trudeau un second mandat minoritaire, légèrement plus fort.

Depuis plus d’un an, les spéculations vont bon train quant à son intention de renvoyer les électeurs aux urnes avant la date fixée pour les élections, à savoir octobre 2025.

Toutefois, compte tenu des exemples internationaux d’élections anticipées ayant entraîné le départ des candidats sortants, du fait que les conservateurs fédéraux conservent une bonne avance dans les sondages nationaux et des spéculations sur la question de savoir si M. Trudeau devrait démissionner, il semble peu probable que les libéraux veuillent à nouveau jeter les dés.

Rien qu’au cours de la semaine passée, deux gouvernements du G7 ont été renversés par le sentiment de rejet du pouvoir en place.

Dimanche, le président français Emmanuel Macron a risqué la majorité relative de son alliance centriste au cours d’élections législatives qu’il a perdu.

Au Royaume-Uni, le parti conservateur de Rishi Sunak a été battu lors d’un vote inhabituel en juillet la semaine dernière. Le parti qui a dirigé la Grande-Bretagne pendant 14 ans a été relégué dans l’opposition officielle, le parti travailliste de Keir Starmer remportant 412 des 650 sièges du Parlement.

Macron comme contre-modèle

Aucun des deux pays n’offre une comparaison parfaite pour le Canada, mais ils peuvent offrir certaines perspectives, estime Jerry White, professeur d’anglais à l’Université de Saskatchewan et ancien titulaire de la chaire de recherche du Canada en études européennes.

«Macron est en difficulté depuis un certain temps», explique-t-il.

Il a dissous l’Assemblée nationale française le mois dernier après que son parti centriste a subi une défaite cuisante face à l’extrême droite lors des élections parlementaires européennes.

C’est une coalition de partis de gauche qui l’a finalement emporté dimanche sans toutefois obtenir une majorité de sièges, évinçant le parti centriste de M. Macron et laissant le parti d’extrême droite, le Rassemblement national, loin derrière.

La popularité personnelle de M. Macron en France s’est effondrée et, bien qu’il reste président jusqu’en 2027, il pourrait devoir partager le pouvoir avec un premier ministre qui serait opposé à la plupart de ses politiques intérieures.

Selon M. White, la polarisation en France est due en partie à la frustration suscitée par le leadership de M. Macron et à l’absence d’une alternative viable, affirmant que le noyau centriste traditionnel de la politique française s’est effondré.

«La France se retrouve avec une sorte d’élite technocratique qui se présente comme étant au-delà de la politique, et une sorte d’alternative de gauche et de droite très dures vers lesquelles les gens gravitent», résume-t-il.

Cela pourrait constituer une leçon pour les libéraux de Trudeau qui, selon lui, «ont tendance à se présenter comme étant froidement détachés de toutes ces questions politiques peu reluisantes».

M. White croit que M. Macron a commis l’erreur de se présenter comme étant au-dessus de la mêlée politique.

«La partisanerie est le jeu auquel ils se livrent et il n’y a pas lieu d’en avoir honte», dit-il.

Un trop long règne?

Au Royaume-Uni, M. White a déclaré qu’il y avait une «impatience à l’égard du gouvernement en place» après 14 ans.

M. Sunak avait jusqu’à la fin de l’année pour organiser des élections, mais il a dissous le Parlement à la fin du mois de mai.

En juin, les travaillistes avaient une avance de 20 points dans les sondages, ce qui a conduit de nombreuses personnes à se demander pourquoi les conservateurs s’engageaient sur la voie de la défaite.

Les sondages suggèrent que les libéraux de M. Trudeau pourraient être confrontés au même obstacle après neuf ans au pouvoir. Peu de gouvernements canadiens se sont maintenus au pouvoir plus longtemps.

M. Trudeau devrait rencontrer le Français Emmanuel Macron et le Britannique Keir Starmer cette semaine à l’occasion du sommet des chefs d’État et de gouvernement de l’OTAN à Washington.

Les discussions risquent d’être influencées par l’évolution de la situation aux États-Unis, où les dirigeants de l’alliance doivent faire face à la possibilité d’une défaite électorale du président Joe Biden et d’une nouvelle présidence de Donald Trump.

M. Trudeau et ses ministres sont assaillis de questions sur leur avenir politique depuis que les libéraux ont subi une défaite inattendue aux élections partielles dans une circonscription que le parti tenait depuis plus de 30 ans.

Le chef des conservateurs, Pierre Poilievre, a demandé à M. Trudeau de convoquer des élections anticipées après la victoire de son parti dans cette circonscription de la région de Toronto.

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