Le Canada signe un «pacte de glace» avec la Finlande et les États-Unis

La Presse Canadienne
Le Canada signe un «pacte de glace» avec la Finlande et les États-Unis

OTTAWA — De hauts responsables des gouvernements canadien et américain affirment qu’un nouvel accord trilatéral avec la Finlande aidera les alliés à construire des brise-glaces pour protéger l’Arctique.

Le «pacte de glace», comme on l’appelle, vise à renforcer les capacités de construction navale des trois pays afin de dissuader les ambitions russes et chinoises dans l’Extrême-Nord.

Un plan de mise en œuvre sera élaboré dans les six prochains mois, a indiqué le cabinet du premier ministre.

Le bureau du premier ministre indique dans un communiqué que ce «pacte de glace» et la construction de nouveaux brise-glaces permettra en Arctique de trouver de «nouvelles routes maritimes plus rapides» qui amèneraient de nouvelles possibilités économiques, en plus de faire baisser les coûts de transport. Dans l’Antarctique, le pacte vise aussi à «favoriser la recherche scientifique et la collaboration internationale».

«Nous sommes déterminés à intensifier notre coopération pour faire en sorte que les régions polaires et arctiques restent pacifiques, prospères et axées sur la collaboration», ont affirmé les dirigeants des trois pays dans une déclaration commune.

L’accord a été signé en marge du sommet de l’OTAN, qui se termine jeudi à Washington.

La Finlande est l’un des plus récents membres de l’OTAN, qu’elle a rejoint officiellement en avril 2023, un an avant la Suède. L’ajout des deux nations nordiques signifie que l’OTAN inclut désormais tous les pays de l’Arctique à l’exception de la Russie, et que la région a acquis une nouvelle importance au sein de l’alliance.

Les 32 alliés ont déclaré dans leur déclaration commune lors du sommet de cette année que la Russie «demeure la menace la plus importante et la plus directe pour la sécurité des alliés».

Mercredi, les ministres de la Défense du Canada, de la Suède, de la Finlande, de la Norvège et de l’Islande ont participé à une table ronde sur la sécurité des pays nordiques lors du sommet.

Le ministre canadien de la Défense, Bill Blair, a noté qu’avec l’accélération du changement climatique dans le Nord, les experts estiment que l’océan Arctique pourrait devenir la principale voie de transit entre l’Europe et l’Asie d’ici 2050.

«À mesure que cela devient plus accessible, les préoccupations en matière de sécurité deviennent, je pense, beaucoup plus importantes pour nous», a-t-il relevé, soulignant qu’il existe actuellement «d’énormes lacunes» en matière de sécurité et de présence dans l’Arctique nord-américain.

«Nous disposons désormais d’une présence unie de l’OTAN depuis la rive est de la Russie jusqu’à sa rive ouest», a souligné M. Blair.

La Chine, qui se considère comme une nation «proche de l’Arctique», a signé un protocole d’accord avec la Russie pour travailler ensemble dans l’Arctique et a commencé à construire ses propres brise-glaces. Les deux pays ont mené des patrouilles navales dans la mer de Béring ces dernières années.

Les responsables américains qui ont parlé de l’accord aux journalistes ont déclaré qu’ils s’attendaient à ce que les alliés veuillent construire entre 70 et 90 brise-glaces dans les années à venir et qu’ils souhaitent que les chantiers navals nationaux profitent de cette production.

La Maison-Blanche a déclaré que les alliés seraient invités à acheter des brise-glaces auprès de chantiers navals américains, canadiens ou finlandais. L’expertise sera partagée entre les trois pays grâce à la formation de travailleurs qualifiés dans d’autres chantiers navals.

Le plan national de construction navale du Canada comprend deux nouveaux brise-glaces polaires. L’un sera construit à Vancouver par Seaspan et l’autre au Québec par le Chantier Davie. La construction d’une flotte de six brise-glaces par le Chantier Davie au Québec, est aussi au programme.

La Garde côtière américaine construit de nouveaux brise-glaces lourds dans un chantier naval basé en Louisiane, les premiers navires de ce type construits aux États-Unis depuis plus de 50 ans.

Davie souhaite être de la partie

Le constructeur naval multinational canadien Davie a fait part jeudi soir de son désir de compter parmi les «premiers contributeurs du secteur privé» à l’accord trilatéral.

Dans un communiqué diffusé en ligne, l’entreprise «salue la vision des partenaires qui ont créé le ICE Pact» et estime que la collaboration tripartite du Canada, de la Finlande et des États-Unis stimulera une production «plus efficace, plus rapide et plus rentable» des brise-glace.

«Alors que les industries de construction navale des adversaires sont sur le pied de guerre, les alliés occidentaux manquent cruellement de brise-glaces et d’autres navires spécialisés. Aucun pays ne peut à lui seul relever ce défi, mais des alliés de confiance ayant des objectifs communs et une construction navale de pointe en sont capables», fait valoir l’entreprise.

«En tant que spécialiste des brise-glaces disposant d’installations de pointe au Canada et en Finlande, Davie est particulièrement qualifié pour apporter une contribution majeure. L’entreprise finlandaise de Davie, le chantier naval d’Helsinki, a construit plus de 50 % de la flotte mondiale de brise-glaces. Davie construit également au Québec le plus important carnet de commandes de brise-glaces polaires au monde pour le gouvernement du Canada», s’est enorgueilli le constructeur.

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