Venise récolte 3,3 M$ grâce à un projet pilote de taxe sur les visiteurs d’un jour

Colleen Barry, The Associated Press
Venise récolte 3,3 M$ grâce à un projet pilote de taxe sur les visiteurs d’un jour

Un projet pilote facturant aux touristes un droit d’entrée à Venise qui s’est terminé dimanche a permis d’amasser 2,2 millions d’euros (3,3 millions $CAN). La Ville est déterminée à étendre cette taxe, mais les opposants jugent que l’expérience est un échec.

Plusieurs dizaines de militants se sont rassemblés samedi devant la gare de Santa Lucia pour protester contre la taxe de 5 euros (7,45 $CAN) qui, selon eux, n’a pas dissuadé les visiteurs d’arriver les jours de pointe, comme prévu.

«C’est un échec, comme le démontrent les données de la Ville», a déclaré Giovanni Andrea Martini, un conseiller municipal de l’opposition.

Au cours des 11 premiers jours de la période d’essai, 75 000 visiteurs en moyenne ont été enregistrés. Selon M. Martini, cela représente 10 000 de plus quotidiennement que lors de trois jours fériés en 2023, citant les chiffres fournis par la Ville sur la base des données des téléphones cellulaires qui suivent les arrivées.

Venise a imposé pendant 29 jours cette année la taxe sur les excursionnistes, c’est-à-dire les voyageurs qui ne passent pas la nuit sur place, principalement les week-ends et les jours fériés, du 25 avril à la mi-juillet. Le projet, retardé par la pandémie, a été salué par les États membres de l’UNESCO lorsqu’ils se sont prononcés contre une recommandation visant à inscrire la ville sur la liste des sites du patrimoine mondial en péril.

Au cours des deux derniers mois et demi, près de 438 000 touristes ont payé la taxe, générant des revenus d’environ 2,2 millions d’euros (3,3 millions $CAN), selon les calculs de l’Associated Press basés sur les données fournies par la Ville. Les responsables ont déclaré que l’argent serait utilisé pour des services essentiels, qui coûtent plus cher dans une ville traversée par des canaux, notamment la collecte des ordures.

Le prélèvement n’a pas été appliqué aux personnes séjournant dans les hôtels de Venise, qui doivent déjà payer une taxe d’hébergement. Des exemptions s’appliquaient également aux enfants de moins de 14 ans, aux résidents de la région, aux étudiants, aux travailleurs et aux personnes rendant visite à des proches, entre autres.

«C’est absolument inutile»

Le plus haut responsable du tourisme de la Ville, Simone Venturini, a indiqué que la taxe serait maintenue et renforcée. Une proposition visant à doubler les frais à 10 euros (14,90 $CAN) est à l’étude pour l’année prochaine, a fait savoir un porte-parole de la Ville.

Les autorités avaient promis de lourdes amendes pour les contrevenants, mais finalement aucune n’a été imposée lors des contrôles aux points d’entrée, qui ont varié de 8500 à 20 800 par jour. Elles ont expliqué que c’est parce qu’elles souhaitaient un lancement en douceur. Les détracteurs de ce système estiment qu’il a entraîné une baisse des paiements, les visiteurs ayant compris qu’il n’y avait aucun risque à se soustraire à cette obligation.

Les opposants au projet affirment qu’il n’a pas réussi à rendre la ville plus agréable à vivre pour les résidents, tel qu’espéré, avec des allées étroites et des bateaux-taxis toujours aussi bondés. Ils veulent des politiques qui encouragent le repeuplement du centre historique de Venise, qui perd des habitants au profit du continent depuis des décennies, notamment en limitant les locations à court terme.

Il y a désormais plus de lits pour les touristes dans le centre historique que d’habitants officiels de Venise, dont le nombre a atteint un creux historique de 50 000.

«C’est absolument inutile d’augmenter la taxe à 10 euros. Cela ferait de Venise un musée», a déclaré M. Martini.

De nombreuses banderoles lors de la manifestation de samedi indiquaient également une inquiétude croissante concernant le système de surveillance électronique et vidéo que la Ville a introduit en 2020 pour surveiller les données des téléphones cellulaires des personnes arrivant dans la ville, qui constitue l’épine dorsale du système de contrôle du tourisme. Certaines pancartes contenaient des avertissements concernant l’utilisation des données personnelles et le manque de confidentialité des données.

«Cette taxe d’entrée est une grande distraction pour les médias, qui ne parlent que de ça et non du système de surveillance et de contrôle des citoyens», a déploré Giovanni Di Vito, un Vénitien actif dans la campagne contre la taxe de séjour.

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