EDMONTON — Un important producteur de sables bitumineux a été condamné à une amende après que des centaines d’oiseaux, de loups et de coyotes ont été exposés à des toxines dans l’un de ses bassins de décantation.
L’Alberta Energy Regulator a imposé une amende de 278 000 $ à Canadian Natural Resources (CNRL).
«L’infraction de CNRL a eu un effet direct et sérieusement négatif sur la faune, indique le rapport du régulateur. Des animaux vivants ont été tués et euthanasiés en raison de cette infraction. Il ne peut y avoir d’effet plus grave sur la faune.»
Le rapport indique qu’au printemps 2022, des travailleurs de Canadian Natural ont découvert qu’une île avait émergé dans l’un de ses bassins de décantation. Bien que l’entreprise nivelle normalement ces îles pour empêcher les animaux d’y être attirés, elle ne l’a pas fait dans ce cas.
Le 21 mai 2022, des ouvriers ont découvert des oiseaux sur l’île. Ils ont dénombré 271 nids de goélands de Californie et un nid de bernaches du Canada.
L’entreprise a informé l’organisme de réglementation le 7 juin, soit plus de deux semaines plus tard. À ce moment-là, Canadian Natural a indiqué avoir installé des dispositifs de dissuasion pour les oiseaux.
«Ces mesures d’atténuation, ainsi que les suivantes, n’ont pas été efficaces pour empêcher les animaux d’entrer en contact avec une substance dangereuse», indique le rapport du régulateur.
À la mi-juillet, les travailleurs remarquaient des poussins de goélands souillés d’huile. La situation s’est poursuivie jusqu’au 4 août, lorsque les poussins survivants ont pu s’envoler.
Canadian Natural a signalé 411 oiseaux morts dans ou à proximité du parc à résidus pendant toute la durée de l’incident. Des coyotes et des loups ont également pu se rendre sur l’île.
«Les prédateurs ont pu traverser l’eau et pénétrer sur l’île, précise le rapport. CNRL a reconnu que les prédateurs marchaient dans l’eau et tuaient les oiseaux mazoutés.»
Le régulateur a réduit l’amende possible parce que l’entreprise a finalement installé une clôture pour éloigner les prédateurs de l’île et les poussins de l’eau.
La porte-parole de Canadian Natural, Julie Woo, a déclaré dans un courriel que la société regrettait la situation.
«Nous avons appliqué les enseignements tirés pour atténuer le risque de récidive, a-t-elle affirmé. Nous examinons actuellement la décision d’application (du régulateur) et les réponses potentielles.»
Mme Woo n’a pas indiqué si l’île était toujours là.
Les bassins de résidus, qui couvrent au total plus de 300 kilomètres carrés, se trouvent sur une importante voie de migration des oiseaux, et les mesures visant à éloigner les oiseaux des plans d’eau toxiques sont une condition de licence pour tous les producteurs de sables bitumineux.
Ces mesures ne réussissent pas toujours.
Dans le cas le plus récent, 32 oiseaux aquatiques sont morts en mai 2023 dans un étang de Suncor. Le bilan le plus lourd a eu lieu en 2008, lorsque 1600 canards sont morts après avoir atterri dans un étang de Syncrude.
