Le plan de lutte contre la pauvreté du gouvernement Legault continue d’être dénoncé

Pierre Saint-Arnaud, La Presse Canadienne
Le plan de lutte contre la pauvreté du gouvernement Legault continue d’être dénoncé

MONTRÉAL — Près d’un mois après le dépôt du quatrième Plan de lutte contre la pauvreté, la colère des organismes communautaires ne s’amenuise guère.

Mardi, quatre grands organismes dont les préoccupations touchent les personnes assistées sociales, les cuisines collectives, l’itinérance et l’hébergement des jeunes en difficulté dénoncent à leur tour ce plan qu’ils jugent «décevant et insensible envers les personnes en situation de pauvreté».

Le Plan d’action gouvernemental pour lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale 2024-2029, qui était impatiemment attendu par le milieu communautaire, a été présenté discrètement le vendredi précédant la longue fin de semaine de la Fête nationale. La ministre de la Solidarité sociale et de l’Action communautaire, Chantal Rouleau, n’a fait aucune annonce et a simplement déposé le plan sur le site web du gouvernement du Québec.

Plusieurs organismes ont dénoncé le fait qu’il ne soit doté que d’une enveloppe de 750 millions $, soit quatre fois moins que le précédent plan de 3 milliards $.

Condamnés à la pauvreté

Cette fois, les organismes qui sont intervenus mardi sur la place publique à Montréal s’insurgent contre le fait qu’il s’agisse «du seul plan à ne proposer aucun nouveau programme pour bonifier le revenu des personnes en situation de pauvreté», en plus d’être dépourvu, selon eux, d’objectifs clairs pour réduire la pauvreté au Québec.

Ils affirment que «le plan condamne les personnes en situation de pauvreté à y rester. Tout d’abord, en ne prévoyant aucune nouvelle mesure pour (les) aider à faire face à la crise du logement». Aussi, ils reprochent à la ministre Rouleau de se concentrer sur les organismes de soutien alimentaire, y voyant une tendance à entretenir «la dépendance des personnes vulnérables plutôt que de renforcer l’autonomie alimentaire qu’ils souhaitent».

Quant à l’ajout du supplément de revenu au travail, qu’ils qualifient au départ de «très maigre», ils reprochent au gouvernement de refuser de «prendre la pleine mesure de l’incapacité de certaines personnes à trouver et à garder un travail».

Les quatre organismes sont le Front commun des personnes assistées sociales du Québec (FCPASQ), le Regroupement des Auberges du Cœur du Québec (RACQ), le Regroupement des cuisines collectives du Québec (RCCQ) et le Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM).

La ministre «consciente» et «à l’écoute»

Le cabinet de la ministre n’a pas tardé à réagir à cette sortie, relayant ses propos par courriel à La Presse Canadienne. «Je suis consciente que plusieurs Québécois traversent un moment difficile en raison de la hausse du coût de la vie, notamment les prestataires des programmes d’assistance sociale», écrit-elle, disant demeurer «à l’écoute des groupes communautaires».

Elle rappelle que son gouvernement a investi, depuis 2018, «plus de 12 milliards de dollars» pour agir sur la pauvreté, notamment pour la construction de logements sociaux ou abordables, la bonification de programmes soutenant le paiement des loyers, le rehaussement du seuil d’exclusion liée aux pensions alimentaires et l’augmentation du crédit d’impôt pour le soutien aux aînés.

Poursuivant dans cette énumération de mesures, elle invoque également l’amélioration du soutien d’urgence en matière d’itinérance, d’infrastructures et d’achat de denrées pour les banques alimentaires.

La ministre affirme que son objectif demeure de «sortir les personnes de la pauvreté». Les organismes communautaires, eux, déplorent toutefois qu’il n’y a pas de mesures pour augmenter le revenu des personnes pauvres, la seule façon, font-ils valoir, de sortir les gens de la pauvreté.

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