Un camionneur décrit le chaos et la peur au blocus de Coutts devant le tribunal

La Presse Canadienne
Un camionneur décrit le chaos et la peur au blocus de Coutts devant le tribunal

LETHBRIDGE, Alta. — Un manifestant au blocus frontalier de Coutts, en Alberta, a décrit devant le tribunal mardi une présence policière si écrasante et intimidante qu’il a finalement décidé de rentrer chez lui.

«J’observais l’hélicoptère (et) les drones. Ça ressemblait à une scène de film (…) Au sol, il y avait probablement 30 ou 40 membres de la GRC en tenue antiémeute complète», a témoigné Daryl Yorgason.

«Nous avons simplement décidé qu’il était temps de partir, parce que nous ne voulions pas tomber dans une embuscade pendant notre sommeil la nuit. J’étais terrifié pour mon père, ma sœur (…) tout le monde, mon propre bien-être. C’était juste le chaos absolu.»

M. Yorgason, chauffeur de camion, mécanicien et agriculteur de Stavely, en Alberta, a témoigné pour la défense au procès d’Anthony Olienick et de Chris Carbert, à Lethbridge. Les deux hommes sont accusés de complot en vue d’assassiner des policiers lors du blocus de camions et d’autres véhicules qui s’est déroulé en 2022.

La manifestation, qui a duré deux semaines, a bloqué la circulation au poste frontalier entre l’Alberta et les États-Unis. Elle visait à protester contre les restrictions liées à la COVID-19 et la vaccination obligatoire de certains Canadiens, dont des camionneurs.

L’avocate de M. Olienick, Marilyn Burns, a appelé des manifestants à la barre pour dresser le portrait de son client et d’autres personnes présentes au blocus. La défense veut les présenter aux jurés comme des citoyens sérieux qui pensaient avoir le devoir d’agir contre un gouvernement «totalitaire» qui s’était égaré et cherchait à mettre fin aux libertés individuelles fondamentales.

Le blocus a pris fin pacifiquement après que la police a procédé à des arrestations et saisi des armes, des munitions et des gilets pare-balles à proximité du lieu de la manifestation.

Victime de la pandémie

M. Yorgason a déclaré au tribunal qu’il était arrivé le premier jour de la manifestation. Il a expliqué que la pandémie l’avait forcé à fermer son entreprise de camionnage et que lui, son père, son beau-frère, sa petite amie et sa sœur avaient décidé de se joindre à la manifestation.

«Peut-être que nous pourrions retrouver notre vie. Peut-être que je pourrais retrouver mon travail», a témoigné M. Yorgason.

Il a rapporté qu’au départ, il n’y avait ni plan ni organisation sur le terrain. Mais quelques jours plus tard, dit-il, tout a changé.

«La police est arrivée. Et puis, peu de temps après, dans l’après-midi, j’étais assis dans le camion quand tout a vraiment commencé à devenir fou», a-t-il raconté aux jurés. Sa sœur et sa petite amie étaient parties dans un hôtel pour des raisons de sécurité.

«Les hélicoptères ont commencé à survoler un camion, puis les policiers ont commencé à débarquer comme des malades», a-t-il raconté.

M. Yorgason a pris une photo de neuf policiers s’approchant de son camion. Il a déclaré que la Gendarmerie royale du Canada menaçait d’arrêter toute personne se trouvant sur les lieux. «Tous leurs visages étaient couverts. Il y avait des accents que je n’avais jamais entendus – peut-être d’Europe de l’Est, je ne sais pas.»

En contre-interrogatoire, M. Yorgason a admis qu’il n’avait pas vu de policiers agresser un manifestant ou le sortir de son véhicule en utilisant la force.

La Couronne a présenté au procès des témoignages de la police et des preuves relatives aux armes pour soutenir leur thèse que les accusés avaient l’intention de tuer des membres de la GRC pour maintenir le blocus en place.

Des agents d’infiltration ont témoigné que M. Olienick leur avait dit qu’il croyait que les policiers étaient des marionnettes du gouvernement et que si des agents se présentaient au blocus, il leur «trancherait la gorge».

Partager cet article
S'inscrire
Me notifier des
guest
0 Commentaires
Inline Feedbacks
Voir tous les commentaires