OTTAWA — Les candidatures ont été ouvertes mercredi pour deux volets du nouveau fonds fédéral de 30 milliards $ pour le transport en commun, même si l’argent ne commencera pas à être versé avant deux ans, a précisé le premier ministre Justin Trudeau.
Le Fonds canadien pour le transport en commun, d’une durée de dix ans, est en préparation depuis des mois et figurait dans le récent budget fédéral, mais plus de détails ont été fournis lors de la visite de M. Trudeau dans une gare de métro à Toronto.
«Nous intensifions le financement des transports en commun avec le type de financement prévisible à long terme, ce qui signifie que nos partenaires, comme la ville de Toronto et (la mairesse) Olivia Chow, peuvent planifier non seulement pour les deux prochaines années, mais pour la prochaine décennie et au-delà», a souligné le premier ministre Trudeau.
Cet argent sera divisé en trois catégories: un financement de base pour les systèmes existants, des accords de régions métropolitaines pour les plus grandes villes canadiennes, et un financement pour des éléments spécifiques comme les communautés rurales, les communautés autochtones, le transport actif et l’électrification du transport en commun et du transport scolaire.
Les libéraux affirment que ce programme complétera le Fonds pour accélérer la construction de logements, en liant les sommes aux projets situés à proximité des transports en commun.
Ce plan comprend l’élimination d’exigences minimales obligatoires en matière de places de stationnement pour les nouvelles constructions et l’autorisation de projets de logements à haute densité à proximité des transports en commun.
Même si l’argent fédéral ne devrait pas être versé avant 2026, mais les candidatures ont été ouvertes aux villes mercredi pour le financement de base et les accords métropolitains.
S’adapter aux événements météo extrêmes
Le ministre du Logement, Sean Fraser, a déclaré mercredi en entrevue qu’il était important que les infrastructures publiques comme les transports en commun soient construites de manière à résister aux impacts des événements météorologiques extrêmes.
Les principales routes de Toronto, où M. Trudeau a rencontré la mairesse Chow, ont été sujettes à une crue soudaine mardi, certaines parties de la ville ayant reçu l’équivalent d’un mois de pluie en une seule journée, battant le précédent record établi en 1941.
Alors que certains conducteurs ont été contraints d’abandonner leur véhicule dans des rues inondées, les réseaux de transport en commun ont également été confrontés à des crues d’eau.
«Si vous pensez que quelque chose coûte cher à construire correctement, imaginez le construire deux fois», a souligné le ministre Fraser.
«Nous devons travailler en étroite collaboration avec les responsables municipaux et provinciaux et rendre disponibles les meilleures informations dont nous disposons pour garantir que les systèmes dans lesquels nous investissons de l’argent sont construits de manière à offrir le meilleur retour sur investissement au fil du temps. Cela inclut la prise en compte de l’impact des événements météorologiques violents sur l’infrastructure que nous construisons aujourd’hui.»
«Annonce édentée»
Une coalition de groupes environnementaux et de partisans du transport en commun a qualifié l’annonce d’édentée, mercredi, jugeant que le gouvernement fédéral met en place un programme qui se concentrera uniquement sur les infrastructures physiques sans financer réellement le service de transport en commun.
«Un manque de financement pour le fonctionnement des transports en commun signifie que les autobus n’arriveront pas à l’heure, que les usagers passeront plus de temps à attendre et que les tarifs continueront de grimper plus vite que l’inflation», a prévenu Nate Wallace, responsable du programme de transport propre d’Environmental Defence, dans un communiqué.
«Cela entraînera une croissance continue du parc de véhicules de transport en commun que les villes ne peuvent pas réellement se permettre de mettre en service», a-t-il ajouté.
Shelagh Pizey-Allen, directrice exécutive de TTC Riders, a affirmé qu’il serait préférable que le financement soit disponible immédiatement et qu’il puisse être utilisé pour rendre le service de transport en commun actuel plus fréquent plutôt que plus étendu.
L’Association canadienne du transport urbain a pour sa part salué ce lancement, rappelant dans un communiqué qu’elle défend depuis longtemps la nécessité d’un financement fédéral permanent pour le transport en commun.
Le groupe a souligné les différents volets de financement du programme, soutenant qu’ils contribueront au remplacement et à l’entretien de la flotte de véhicules tout en réduisant les embouteillages et en favorisant la croissance régionale et économique.