Manitoba: l’APN réclame une enquête indépendante sur les meurtres de quatre femmes

Alessia Passafiume, La Presse Canadienne
Manitoba: l’APN réclame une enquête indépendante sur les meurtres de quatre femmes

OTTAWA — La cheffe nationale de l’Assemblée des Premières Nations (APN) exhorte la lieutenante-gouverneure du Manitoba à ouvrir une enquête indépendante sur les meurtres de quatre femmes autochtones dans la province.

Cindy Woodhouse Nepinak a eu une réunion productive avec la lieutenante-gouverneure Anita Neville, mercredi.

Cette rencontre a eu lieu quelques jours après que l’APN a adopté une résolution demandant une enquête pour évaluer l’enquête policière et la réponse provinciale à ces meurtres.

Jeremy Skibicki a été reconnu coupable de meurtre au premier degré la semaine dernière pour les morts de Morgan Harris, Marcedes Myran, Rebecca Contois et d’une femme non identifiée que la communauté autochtone locale appelle Buffalo Woman.

Mme Woodhouse Nepinak a indiqué que la réunion de mercredi n’était que le début d’un processus qui comprendra également une conversation avec le premier ministre du Manitoba, Wab Kinew.

Elle s’attend à ce que Mme Neville réponde à son appel dans une lettre.

«Je pense qu’il est important que nous ouvrions ces lignes de communication et que nous travaillions à résoudre ce problème», a déclaré Mme Woodhouse Nepinak lors d’une entrevue.

«Et si cela se reproduisait ? Que ferons-nous ?» a-t-elle demandé.

Elle a ajouté qu’elle espérait qu’une enquête provinciale relance le débat national sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées, et fasse pression sur les gouvernements pour qu’ils donnent suite aux recommandations non mises en œuvre après une précédente enquête nationale datant de 2019.

L’assemblée a constaté que seuls deux appels à l’action sur les 231 que contenait le rapport de 2019 ont été mis en œuvre à ce jour — un chiffre dont Mme Woodhouse Nepinak a parlé publiquement à plusieurs reprises comme moyen d’exhorter tous les niveaux de gouvernement à travailler plus fort pour résoudre le problème.

«C’est presque comme s’ils voulaient oublier et mettre ces enjeux de côté, a déploré la cheffe. Je pense que si nous allons de l’avant (avec l’enquête), cela entraînera un changement même si ce n’est pas immédiat.»

La portée proposée garantirait que les protocoles sont suivis pour préserver les preuves. Il s’agirait également d’étudier comment les préjugés systémiques auraient pu influencer l’issue des cas. Cela permettrait également aux commissaires des Premières Nations de mener l’enquête et d’évaluer les efforts de recherche.

Des manifestations ont eu lieu dans tout le pays à propos de cette affaire, qui remonte à 2022, exigeant que l’on fouille une décharge pour retrouver les restes de deux des victimes.

L’ancien gouvernement progressiste-conservateur du Manitoba avait refusé de financer les recherches, affirmant qu’elles étaient trop coûteuses. Le tout était devenu un enjeu majeur lors des élections provinciales de l’automne dernier.

Durant la campagne, Wab Kinew, du NPD, avait promis qu’il financerait les recherches s’il devenait premier ministre. Son parti a remporté les élections et les recherches devraient commencer cet automne.

La fille de Morgan Harris, Cambria Harris, a déclaré la semaine dernière à l’APN qu’un «triste, triste précédent» avait été créé lorsque les gouvernements ont refusé de fouiller la décharge où sa mère est soupçonnée d’être enterrée.

«Et maintenant, je peux enfin dire que nous le ferons», a-t-elle annoncé lors de l’adoption de la résolution.

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