Des sous-vêtements et une guitare s’invitent au procès du blocus de Coutts

Bill Graveland, La Presse Canadienne
Des sous-vêtements et une guitare s’invitent au procès du blocus de Coutts

CALGARY — Pendant le blocage du poste frontalier de Coutts, en Alberta, la police soupçonnait que deux manifestants atteints de la COVID-19 étaient sur le point de recevoir une cargaison secrète d’armes à feu tard dans la nuit. Une personne a toutefois annoncé au tribunal mercredi qu’il s’agissait plutôt de chaussettes, de sous-vêtements et d’une guitare.

Jaclyne Martin a fait ce commentaire lors de son témoignage devant la Cour du Banc du Roi lors du procès d’Anthony Olienick et de Chris Carbert, tous deux accusés de complot en vue de tuer des policiers lors du blocus frontalier.

Mme Martin a témoigné qu’elle et son partenaire avaient remis des marchandises dans un sac de camouflage à MM. Olienick et Carbert dans un champ situé près de Coutts, en février 2022, soit quelques jours seulement avant que la police n’effectue des descentes et des arrestations pour mettre fin au blocus.

«Nous ramassions des chaussettes et des sous-vêtements, une meuleuse (outil électrique portatif) et une guitare», a rapporté Mme Martin au tribunal, alors qu’elle était interrogée par l’avocate de Martin Olienick, Marilyn Burns.

«Quand je suis arrivée (sur le site de dépôt), j’ai vu un VUS noir garé, toujours en marche», a-t-elle ajouté. Deux femmes [étaient] à l’intérieur. La lumière intérieure était allumée, donc je pouvais les voir. J’ai vu Chris Carbert et Tony Olienick debout en train de [leur] parler.»

Après le départ des femmes, Mme Martin a remis la plupart des marchandises à M. Olienick et M. Carbert, a-t-elle raconté, ajoutant que «la guitare est restée dans le camion».

Le témoignage de Mme Martin est confronté aux récits des policières ayant infiltré le blocus, en se faisant passer pour des manifestantes.

L’une de ces agentes a témoigné d’une conversation qu’elle et sa partenaire infiltrée ont eue avec Anthony Olienick, au cours de laquelle elles lui ont demandé s’il avait besoin d’elles pour récupérer quelque chose.

Elle a relaté qu’Anthony Olienick avait répondu qu’il avait un colis qui arrivait. Lorsqu’elle et sa collègue ont demandé s’il s’agissait d’armes à feu, les co-accusés se sont regardés dans les yeux et ne l’ont pas nié, a rapporté la policière, qui a considéré ce silence comme une confirmation silencieuse que la cargaison était constituée d’armes.

La police a présenté des preuves selon lesquelles elle avait retrouvé des armes à feu, des munitions et des gilets pare-balles à proximité du site de blocus. Les officiers ont ensuite saisi d’autres armes ainsi que des munitions et deux bombes artisanales sur la propriété de M. Olienick.

Un contre-interrogatoire houleux

Lors du contre-interrogatoire par le procureur de la Couronne Steven Johnston, Mme Martin a confirmé qu’elle faisait face à des accusations criminelles découlant du blocus, qui a paralysé la circulation pendant deux semaines au poste frontalier très fréquenté entre le Canada et les États-Unis, dans le but de protester contre les restrictions liées à la COVID-19 et les mandats de vaccination.

Mme Martin a admis avoir été accusée de méfait d’une valeur de plus de 5000 $ et de possession d’une arme dangereuse pour la paix publique.

«Ce sont toutes des accusations liées à votre implication dans le témoignage que vous venez de donner aujourd’hui. Vous le savez ?» a demandé l’avocate, à qui Mme Martin a répondu par l’affirmative.

L’avocat de la Couronne et la témoin ont eu de nombreux échanges houleux sur les poursuites engagées contre les accusés Olienick et Carbert et sur ce qui s’est réellement passé à Coutts.

Quand Me Jonhson lui a demandé si le procès lui tenait à cœur, Mme Martin a répondu qu’on lui avait demandé de témoigner et qu’elle pensait qu’il était important de dire la vérité.

L’avocat lui a ensuite suggéré qu’il y avait peut-être certaines choses qui se sont produites à Coutts dont elle n’avait peut-être pas été au courant.

Marilyn Burns a bouclé son dossier mercredi. Son client, M. Olienick n’a pas témoigné.

La Couronne a soutenu que les accusés avaient l’intention de tuer des membres de la Gendarmerie royale du Canada pour maintenir le blocus intact.

Un agent infiltré a témoigné que M. Olienick avait qualifié la police de pions du premier ministre «diabolique» Justin Trudeau et leur avait dit que si les policiers tentaient de mettre fin au blocus, il «leur trancherait la gorge».

Me Burns a déclaré au jury que Martin Olienick faisait partie d’un groupe qui pensait avoir la responsabilité d’agir contre un gouvernement totalitaire cherchant à mettre fin aux libertés individuelles.

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