Catherine Fournier se perfectionne grâce à une association entre Bloomberg et Harvard

Sébastien Auger, La Presse Canadienne
Catherine Fournier se perfectionne grâce à une association entre Bloomberg et Harvard

MONTRÉAL — La mairesse de Longueuil, Catherine Fournier, rentre tout juste d’un séjour de quatre jours à New York, où elle a commencé à suivre un programme de formation professionnelle en gestion municipale.

La «Bloomberg Harvard City Leadership Initiative» est conçue pour aider les maires à devenir plus efficaces et à tirer des leçons des réussites d’autres villes.

La mairesse y a côtoyé 38 homologues provenant de 11 pays, répartis sur cinq continents.

À 32 ans, Mme Fournier est la plus jeune membre de cette huitième cohorte.

«J’étais de loin la plus jeune sur place. Nous étions seulement trois maires dans la trentaine: celui de Nairobi, au Kenya, qui a 36 ans, et le maire de Fribourg, en Allemagne, qui a 39 ans.»

Elle est la première représentante du Québec à participer à ce programme entièrement financé par Bloomberg Philanthropies.

«J’espère qu’il y en aura d’autres. C’est un programme qui gagne à être connu. J’invite tous mes homologues à poser leur candidature. Ça me donne accès à un réseau vraiment riche. C’est un privilège d’avoir accès à ces ressources et ces apprentissages», indique-t-elle en entrevue.

C’est une communication de la Fédération canadienne des municipalités il y a quelques mois qui a piqué sa curiosité et l’a aussitôt intéressée.

«C’est ce qui m’a permis de déposer ma candidature. J’ai ensuite su en avril ou en mai que j’étais sélectionnée. Ce qui est intéressant, c’est que l’ensemble de la Ville en bénéficie parce qu’on a l’occasion de nommer deux autres personnes au sein de notre administration qui peuvent participer à ce programme d’une durée d’un an.»

Son choix s’est arrêté sur son chef de cabinet, Louis-Philip Prévost, et le directeur général de la Ville de Longueuil, Alexandre Parizeau. Eux amorceront le tout le mois prochain.

«Plus largement, c’est l’ensemble de l’administration municipale qui pourra avoir accès aux ressources de l’Université Harvard. Il y a même une équipe qui va venir chez nous pour répondre à nos questions et faire un accompagnement personnalisé. C’est vraiment toute une gamme d’offres de soutien qui s’offre désormais à nous», se réjouit-elle.

Mme Fournier a entrepris le programme le 25 juin de façon informelle avec une séance en mode virtuel. Le lancement officiel a eu lieu au cours de la dernière semaine avec quatre jours en présentiel à New York.

«C’était vraiment très intensif. Nous étions dans une classe aménagée dans les bureaux de Bloomberg qui a été répliquée d’un modèle d’une classe de l’Université Harvard. On commençait tôt le matin, vers 8 h 30, et on finissait vers 17 h 30. On avait des formations et des cours sous forme de séminaires avec des professeurs de l’Université Harvard de plusieurs facultés, comme la Kennedy School, la Business School et la faculté de design. C’était assez varié.»

Au cours de la prochaine année, il y aura potentiellement d’autres rencontres en personne, mais ce sera surtout en mode virtuel.

Promesse d’engagement

Avant de sauter à pieds joints dans ce projet, les candidats sont bien avertis qu’ils devront s’impliquer pleinement, à raison d’au moins deux heures par semaine.

«C’est un engagement du maire envers le programme. Ils dédient des ressources pour nous, alors il faut prouver qu’on s’investit là-dedans et que ça vaut la peine qu’ils investissent en nous», souligne l’ancienne députée du Parti québécois, devenue mairesse de la cinquième plus grande ville de la province en novembre 2021.

«Ils nous l’ont dit d’entrée de jeu: leur but n’est vraiment pas de nous dire comment faire notre travail. Leur objectif est de nous accompagner pour avoir des outils pour nous rendre encore plus efficaces et que ça puisse bénéficier à la communauté. C’est un engagement. Ça prend du temps. Il y a beaucoup de lecture», ajoute-t-elle.

L’une des premières étapes consistait à identifier un enjeu prioritaire sur lequel travailler. Alors que la moitié des participants ont opté pour le logement et l’itinérance et qu’un bon nombre ont choisi la résilience climatique, Mme Fournier a quant à elle ciblé la crise du logement, «sans grande surprise», précise-t-elle.

«On est invités à faire des études de cas et à tracer des parallèles avec notre problématique pour essayer de sortir du cadre établi et de trouver de nouvelles solutions. On nous apprend à sortir un peu de l’immobilisme et de la fameuse phrase: «on n’a jamais fait les choses comme ça». C’est ce genre de questionnement qui est mis de l’avant. C’est un peu le but de l’exercice.»

Une expérience stimulante

Mme Fournier a été très stimulée par cette première expérience.

«Après les quatre jours intenses qu’on vient de passer, j’en ressors déjà très optimiste. De pouvoir échanger des idées, ça stimule beaucoup la créativité. On voit de quelle façon certains enjeux pourraient s’appliquer dans notre milieu.

«D’avoir ce regard extérieur, c’est hyper pertinent. Souvent, lorsque tu es à la tête de l’administration municipale, personne ne te donne de regard critique. Il y a bien sûr les électeurs, mais pas au jour au jour. Ça aide d’avoir ces ressources.»

Depuis son lancement en 2017, la «Bloomberg Harvard City Leadership Initiative» a prodigué sa formation à 314 maires issus de 33 pays et de six continents.

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