L’escalade de tensions entre Israël et le Yémen menace d’ouvrir un nouveau front

Josef Federman et Michael Wakin, The Associated Press
L’escalade de tensions entre Israël et le Yémen menace d’ouvrir un nouveau front

L’armée israélienne a déclaré avoir intercepté un missile tiré depuis le Yémen tôt dimanche, quelques heures après que des avions militaires israéliens eurent frappé plusieurs cibles houthis dans ce pays de la péninsule arabique.

Les frappes aériennes israéliennes – en réponse à une attaque meurtrière de drone houthi sur Tel-Aviv – étaient la première fois qu’Israël répondait aux attaques répétées des houthis tout au long de sa guerre de neuf mois contre le Hamas.

L’explosion de violence entre ennemis lointains menace d’ouvrir un nouveau front alors qu’Israël affronte une série de mandataires iraniens dans la région.

L’armée israélienne a confirmé samedi soir les frappes aériennes dans la ville portuaire d’Al-Hodeïda, à l’ouest du Yémen, un bastion des houthis et un point d’entrée crucial pour l’aide et d’autres fournitures. Elle a indiqué que les frappes, menées par des dizaines d’avions, dont des avions de guerre F-15 et F-35 de fabrication américaine, étaient une réponse à des centaines d’attaques des houthis.

Le ministère de la Santé du Yémen a annoncé que les frappes israéliennes ont tué six personnes et en ont blessé 83 autres, dont beaucoup ont été gravement brûlées par un incendie majeur. Trois autres personnes sont portées disparues, a indiqué le ministère dans un communiqué partagé par la chaîne de télévision al-Masirah, dirigée par les houthis.

Le porte-parole des houthis, Mohammed Abdulsalam, a déclaré sur la plateforme X que «l’agression israélienne flagrante» visait les installations de stockage de carburant et la centrale électrique de la province.

«L’ennemi israélien a choisi ces cibles spécifiquement dans le cadre de son ciblage de l’économie yéménite», a affirmé Abdel-Malik al-Houthi, chef des rebelles.

L’armée israélienne a déclaré que le missile sol-sol tiré dimanche avait été intercepté avant d’atteindre le territoire israélien.

Israël, ainsi que les États-Unis, le Royaume-Uni et d’autres alliés occidentaux ayant des forces dans la région, ont intercepté presque tous les missiles et les drones houthis. Mais tôt vendredi, un drone houthi a pénétré les défenses aériennes israéliennes et s’est écrasé sur Tel-Aviv, la capitale commerciale et culturelle d’Israël, tuant une personne.

Un responsable de l’armée de l’air israélienne a admis dimanche qu’une erreur humaine avait accidentellement classé le drone comme non menaçant, car Israël suivait simultanément d’autres drones lancés depuis le Yémen et s’approchant d’Israël par l’est.

L’armée israélienne a déclaré que la frappe de samedi sur Al-Hodeïda, à environ 1700 kilomètres d’Israël, était l’une des opérations les plus compliquées et les plus longues de son armée de l’air. L’armée a précisé que l’attaque avait touché le port parce que la zone était utilisée pour livrer des armes iraniennes au Yémen.

Le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, s’est engagé à mener des frappes similaires «partout où cela pourrait être nécessaire».

Des ennemis multiples

Les houthis font partie des nombreux groupes soutenus par l’Iran qui ont attaqué Israël en solidarité avec le Hamas depuis que l’attaque du 7 octobre perpétrée par le groupe militant palestinien a déclenché l’offensive israélienne en cours à Gaza.

En plus de combattre le Hamas, l’armée israélienne est engagée dans des affrontements quotidiens avec le groupe militant du Hezbollah au Liban. Ces affrontements ont fait craindre que les combats ne dégénèrent en une véritable guerre avec le Liban et au-delà.

Les houthis ont martelé que les attaques israéliennes ne feraient que renforcer la détermination du peuple et des forces armées du Yémen à soutenir Gaza. «Il y aura des frappes percutantes», a écrit Mohammed Ali al-Houthi, du Conseil politique suprême du Yémen, sur X.

«Tout cela n’empêchera pas le peuple yéménite ni les dirigeants yéménites, ni l’armée et les forces de missiles de cibler les entités israéliennes», a renchéri Moatasem Abdel Salah, un habitant de Sanaa.

Les analystes et les services de renseignement occidentaux accusent depuis longtemps l’Iran d’armer les houthis, une affirmation démentie par Téhéran. Jusqu’à présent, les frappes aériennes conjointes n’ont guère réussi à les dissuader.

Les houthis, en rebellon ouverte contre le gouvernement du Yémen, disposent de missiles balistiques à longue portée, de missiles de croisière plus petits et de « drones suicides », tous capables d’atteindre le sud d’Israël, selon les experts en armement. Ils parlent ouvertement de leur arsenal, faisant régulièrement défiler de nouveaux missiles dans les rues de Sanaa.

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Michael Wakin a rédigé de Dubaï, aux Émirats arabes unis. Melanie Lidman a contribué à cette dépêche depuis Jérusalem.

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