Relations canado-américaines: Kamala Harris suivra la voie tracée par Biden

Kelly Geraldine Malone, La Presse Canadienne
Relations canado-américaines: Kamala Harris suivra la voie tracée par Biden

WASHINGTON, D. C. — Les observateurs politiques s’attendent à ce que Kamala Harris suive la feuille de route du président Joe Biden en ce qui a trait aux relations canado-américaines, alors qu’elle tentera d’obtenir l’investiture présidentielle du Parti démocrate.

«Sur les questions clés qui comptent pour les relations canado-américaines, son point de vue est très similaire à celui du président», estime Christopher Sands, directeur de l’Institut du Canada au Woodrow Wilson Center à Washington.

M. Biden a soutenu Mme Harris, son bras droit, alors qu’il se retirait dimanche de la course à la présidentielle de 2024. Son retrait survient après des semaines de pression et d’interrogations sur son état de santé qui ne cessaient d’accaparer l’agenda politique depuis sa participation confuse à un débat avec son rival républicain Donald Trump le mois dernier, suivie de faux pas sur la scène mondiale lors de la conférence des dirigeants de l’OTAN.

La vice-présidente a agi rapidement pour renforcer le soutien à sa candidature à la nomination présidentielle du parti. Mme Harris a reçu la bénédiction d’importantes personnalités démocrates, notamment l’ancienne présidente de la Chambre, Nancy Pelosi, qui détient une influence significative au sein du parti.

Cohésion et unité

«La chose la plus importante est le degré remarquable de cohésion du parti autour de Mme Harris», observe Marc Trussler de l’Université de Pennsylvanie.

M. Trussler, directeur de la science des données pour le programme de recherche d’opinion et d’études électorales de l’université, estime que le principal risque du départ de M. Biden était de savoir si les démocrates pourraient présenter un front uni dans son sillage.

Mme Harris semble être en mesure d’obtenir le soutien des membres avant la convention nationale du parti le mois prochain, où le choix du candidat ou de la candidate à la présidentielle sera confirmé.

M. Trussler, qui est Canadien, avance que le départ de M. Biden et la réponse du parti constituaient un moment critique pour que les démocrates décident sur quoi porterait l’élection : l’acuité mentale de Joe Biden ou les politiques de Donald Trump.

«Il semble plus probable qu’improbable que cette élection portera désormais sur Donald Trump», indique M. Trussler.

Des liens à maintenir

Kirsten Hillman, ambassadrice du Canada aux États-Unis, rappelle que les relations entre les deux pays ont prospéré sous la direction de Joe Biden, qu’elle a décrit comme «un leader expérimenté, réfléchi et dévoué».

Malgré cela, les Canadiens se tournent depuis des mois vers les démocrates et les républicains pour plaider en faveur de la coopération avant les élections de novembre. La principale préoccupation est la révision imminente de l’accord Canada–États-Unis–Mexique en 2026.

Mme Harris était l’un des dix sénateurs américains à voter contre l’accord commercial, estimant qu’il n’en faisait pas assez pour protéger les travailleurs américains ou l’environnement.

Au cours de sa présidence, Donald Trump a poussé à la renégociation de l’ancien Accord de libre-échange nord-américain et son administration a introduit des tarifs douaniers d’une valeur de plusieurs milliards de dollars, en particulier sur les importations chinoises. Il a menacé d’augmenter les droits de douane et de réduire l’aide à l’Ukraine pour lutter contre l’invasion russe, s’il est réélu.

«Sous notre direction, les États-Unis seront à nouveau respectés», a promis M. Trump, la semaine dernière, lors d’un long discours à la Convention nationale républicaine à Milwaukee.

La poursuite du protectionnisme

Le bois d’œuvre résineux et la taxe canadienne sur les services numériques sont des sujets de discorde clés pour les républicains et les démocrates.

Le mandat de M. Biden a apporté une certaine stabilité, mais peu de changement. Il a largement maintenu les tarifs douaniers de M. Trump, malgré les promesses de les annuler. Il y a également eu des tensions à propos des règles d’achat aux États-Unis de l’administration Biden.

Le chef du Nouveau Parti démocratique, Jagmeet Singh, a confié qu’il n’était pas préoccupé par certains signaux selon lesquels les démocrates pourraient continuer à pencher vers des politiques protectionnistes sous Mme Harris.

M. Singh, s’exprimant depuis Timmons, en Ontario, a affirmé aux journalistes que Donald Trump était un tyran, mais que Joe Biden était plus ouvert au compromis sur des aspects importants du commerce.

Se préparer à long terme

Les Canadiens devraient moins se concentrer sur le déroulement de cette élection en particulier, avance Alasdair Roberts, professeur de politique publique à l’Université du Massachusetts à Amherst. Selon lui, les gouvernements canadiens doivent plutôt élaborer des stratégies à long terme pour faire face à un système politique américain de plus en plus tumultueux.

«La réalité à long terme pour le Canada, quel que soit le vainqueur de ces élections, est que les États-Unis traversent une période d’instabilité politique et sociale qui va durer plusieurs années», explique M. Roberts, qui est Canadien.

Les pouvoirs du président et le rôle du gouvernement fédéral américain se sont élargis depuis la Seconde Guerre mondiale et il s’agit désormais d’une «compétition où le gagnant remporte tout», illustre M. Roberts. Cela a conduit à un environnement électoral de plus en plus instable et fait de l’Amérique un voisin de plus en plus difficile.

Le défi pour les Canadiens, résume M. Roberts, est de «trouver comment gérer cette instabilité».

Cela signifie «une diplomatie intensifiée et distribuée» qui ne se concentre pas uniquement sur Washington, détaille-t-il. Elle doit également inclure des conversations avec les gouvernements des États, les industries importantes et les citoyens américains eux-mêmes.

M. Roberts soupçonne que les dirigeants d’Ottawa et de partout au Canada envisagent déjà les pires scénarios pour la relation avec le plus grand partenaire du Canada. Il a ajouté qu’ils se demandent probablement comment réduire la dépendance à l’égard des États-Unis.

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