Le cardinal Gérald Cyprien Lacroix de retour en poste après une plainte pour abus

Sidhartha Banerjee, La Presse Canadienne
Le cardinal Gérald Cyprien Lacroix de retour en poste après une plainte pour abus

Le cardinal Gérald Cyprien Lacroix a repris lundi ses fonctions d’archevêque de Québec, après qu’une enquête mandatée par le Vatican n’a décelé aucune preuve liant le haut dirigeant de l’Église à des allégations d’inconduite sexuelle.

Mgr Lacroix, âgé de 66 ans, s’était volontairement absenté de son poste à la fin janvier, lorsque les allégations d’abus sexuels ont fait surface pour la première fois dans le cadre d’une action collective contre le diocèse.

Le nom de Mgr Lacroix figurait parmi les 15 personnes ajoutées en janvier dernier à une liste d’auteurs présumés dans le cadre d’une action collective, autorisée par la Cour supérieure en 2022, alléguant des abus sexuels commis par des membres du clergé et du personnel remontant à 1940. Les attouchements sexuels présumés impliquant Mgr Lacroix auraient eu lieu entre 1987 et 1988 à Québec, lorsque la plaignante anonyme avait 17 ans.

En réponse à ces allégations, en février dernier, le pape François avait mandaté le juge québécois à la retraite André Denis pour enquêter.

Le juge Denis a déclaré aux journalistes en mai que son enquête était incomplète en raison du refus de la plaignante d’y participer, qu’elle n’avait pas exonéré Mgr Lacroix, mais qu’elle n’avait révélé aucune preuve justifiant un procès canonique.

Il avait ajouté que malgré les entretiens qu’il a menés et ses recherches approfondies dans les archives de l’Église, il n’a rien trouvé pour étayer ces allégations. M. Denis avait qualifié le bilan du cardinal d’«impeccable». «Les éléments recueillis au cours de mon enquête rendent peu plausible que les faits reprochés au Cardinal se soient produits», avait conclu l’enquêteur.

Dans les semaines qui ont suivi le rapport de M. Denis, Mgr Lacroix et d’autres personnes visées dans l’action collective ont demandé le statut d’intervenant, ce qui leur permettra de faire valoir leurs arguments devant le tribunal. Une décision est en attente concernant la demande.

Mgr Lacroix a nié les allégations, qu’il a qualifiées de «sans fondement». Les gestes qu’on lui a reprochés n’ont pas subi le test des tribunaux.

Un avocat représentant la victime présumée avait déclaré en mai que sa cliente préférait témoigner devant le tribunal et ne souhaitait pas participer à l’enquête mandatée par le Vatican parce qu’il s’agissait d’un processus interne à l’Église, manquant de crédibilité à ses yeux.

Dans un communiqué de presse, lundi, l’archevêque a décrit les derniers mois comme un «cheminement difficile».

«Les conclusions de l’enquête du juge Denis, le soutien de mon entourage et la possibilité de me faire entendre, qui pourrait résulter de la demande d’intervention, m’amènent à reprendre sereinement mon ministère. La communauté sait à quel point l’Église de Québec condamne les actes répréhensibles et connaît les mesures que nous avons prises pour les prévenir», a affirmé le cardinal dans une déclaration publiée lundi.

Il a par ailleurs délégué à l’évêque auxiliaire de Québec, Mgr Marc Pelchat, la gestion de l’action collective et le traitement des allégations d’abus, a-t-il indiqué par communiqué.

Son retour étant officialisé, Mgr Lacroix présidera vendredi la messe solennelle de la fête de sainte Anne au sanctuaire Sainte-Anne-de Beaupré.

Les allégations contre Mgr Lacroix font partie du même recours qui allègue l’inconduite sexuelle du cardinal québécois Marc Ouellet entre 2008 et 2010. Mgr Ouellet, âgé de 80 ans, a nié les allégations et a poursuivi la femme qui les a formulées pour diffamation. Il a ensuite fait l’objet d’une autre allégation d’inconduite sexuelle en 2020, qu’il a également niée. Marc Ouellet a pris sa retraite en avril dernier d’un poste au Vatican où il supervisait le puissant bureau des évêques.

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