Un parasite dangereux pour les huîtres trouvé à l’Île-du-Prince-Édouard

La Presse Canadienne
Un parasite dangereux pour les huîtres trouvé à l’Île-du-Prince-Édouard

SUMMERSIDE — L’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) affirme que la présence d’un parasite «inquiétant» a été confirmée dans au moins une région de l’Île-du-Prince-Édouard et que des échantillons provenant de plusieurs fermes ostréicoles ont été envoyés pour analyse.

Danielle Williams, spécialiste technique des maladies à l’ACIA, a indiqué que la présence du parasite appelé sphère multinucléée X — ou MSX — a été confirmée dans la baie Bedeque, sur la rive sud de la province.

«Nous n’avons pas encore déterminé l’ampleur de la propagation, mais c’est inquiétant. C’est très inquiétant», a-t-elle déclaré lundi dans une entrevue.

Plusieurs autres sites sont «soupçonnés» d’être infestés par le parasite et ont été placés en quarantaine alors que l’enquête se poursuit pour confirmer sa présence, notamment un cas présumé dans la baie Malpeque, sur la côte nord de la province.

«Nous avons trouvé un autre endroit dans la région de Malpeque et nous avons donc quelques endroits en quarantaine en ce moment», a précisé Mme Williams.

«Ce que nous avons fait, c’est que si un endroit était suspect, nous le placions en quarantaine jusqu’à ce que les résultats des tests soient terminés.»

Elle a ajouté que le parasite aime rester dans «de petites poches de zones» et que si les scientifiques sont capables de l’identifier rapidement et de l’empêcher de se déplacer plus loin, ils pourront limiter les dommages causés à l’industrie.

Le parasite affecte la croissance des huîtres et augmente leur mortalité, mais le MSX ne présente aucun risque pour la santé humaine. En règle générale, les huîtres cultivées mettent environ trois ans pour atteindre leur taille commerciale. L’ACIA soutient que les taux de mortalité dus à la maladie peuvent atteindre 90 à 95 % chez les huîtres plus âgées.

L’ACIA a déclaré que le MSX avait déjà été trouvé en Nouvelle-Écosse et en Colombie-Britannique, mais que c’était la première fois qu’il était détecté dans les eaux de l’Île-du-Prince-Édouard.

Les tests ont confirmé la présence du parasite plus tôt ce mois-ci après que la province a signalé une mortalité «importante» d’huîtres dans la baie Bedeque ce printemps.

Des impacts économiques

Cory Deagle, ministre des Pêches de l’Île-du-Prince-Édouard, a qualifié la présence du MSX dans les huîtres de la baie Bedeque de «nouvelle dévastatrice».

«Il ne s’agit pas seulement de l’impact sur notre industrie ostréicole, il s’agit également du gagne-pain des insulaires, de leurs familles et de nos communautés», a-t-il déclaré dans un communiqué la semaine dernière.

«C’est la première fois que nous sommes confrontés au MSX dans notre province. Même si le MSX a fait l’objet de nombreuses recherches au fil des années, les scientifiques, les chercheurs et les pêcheurs du monde entier ne comprennent toujours pas comment la maladie se propage. Cela prendra du temps avant de connaître toute l’étendue de l’impact sur notre industrie», a-t-il poursuivi.

Une étude du gouvernement provincial indique qu’en 2019, l’Île-du-Prince-Édouard comptait pour 32 % de la valeur économique nationale des huîtres, soit environ 54 millions $, ce qui en fait l’un des plus grands producteurs du Canada.

Peter Warris, directeur exécutif du P.E.I. Aquaculture Alliance, a indiqué que les ostréiculteurs sont «très préoccupés» par la présence du MSX, qu’ils redoutent depuis des années. «C’est donc une mauvaise nouvelle qu’il est finalement arrivé», a-t-il commenté.

Les pêcheurs n’ont pas encore constaté de mortalité significative, a-t-il relevé, soulignant qu’il s’agit d’une situation en évolution. «Je pense que tout le monde fait une petite pause dans ses activités en attendant de voir les résultats des tests, de voir où cela s’est propagé.»

Une publication du ministère de l’Agriculture du Connecticut indique que le MSX a causé une mortalité massive d’huîtres dans la baie du Delaware en 1957 et, deux ans plus tard, dans la baie de Chesapeake.

Le parasite a été trouvé aux États-Unis de la Floride au Maine, mais toutes les régions n’ont pas été associées à la mort d’huîtres, indique le rapport.

M. Warris estime qu’il est possible d’avoir une industrie ostréicole florissante malgré le MSX. «L’industrie s’adaptera aux nouvelles circonstances», a-t-il prédit.

Un parasite «inquiétant» a été confirmé dans au moins une région de l’Île-du-Prince-Édouard, et des échantillons provenant de plusieurs fermes ostréicoles ont été envoyés pour analyse, indique l’Agence canadienne d’inspection des aliments.

Parasite méconnu

Rod Beresford, professeur agrégé au département de biologie de l’Université du Cap-Breton, a déclaré que l’un des défis liés au parasite est que, même s’il existe depuis les années 1950, on ne sait pas grand-chose de son cycle de vie.

Les scientifiques ont tenté de déterminer si le parasite possède un hôte intermédiaire qui lui permet de se déplacer, a-t-il expliqué. Ce qu’ils savent, c’est que l’infection est d’abord observée dans les branchies de l’huître – où les huîtres obtiennent leur nourriture – et se multiplie, conduisant finalement à la mort de l’hôte.

«Pour quelque chose qui existe depuis 60 ans et qui a causé autant de dégâts économiques et écologiques, il est vraiment très surprenant que nous n’ayons pas compris son cycle de vie, a indiqué M. Beresford. C’est vraiment un mystère.»

Dans de nombreuses maladies, la proximité d’un animal infecté augmente le risque d’infection, mais ce n’est pas toujours le cas pour le MSX, a poursuivi M. Beresford, qui a étudié le parasite.

On ne sait pas non plus exactement quelles températures, salinités ou conditions font que ce parasite finit par provoquer une infection et une maladie. Dans le passé, a-t-il expliqué, les chercheurs ont rassemblé des huîtres infectées et non infectées dans des réservoirs et il n’y a eu aucune propagation. Des huîtres exemptes de MSX ont reçu une injection de tissu provenant d’un animal malade, mais n’ont pas été infectées, a-t-il ajouté.

«Il nous manque ici une partie du cycle de vie, a-t-il relaté. Nous savons si peu de choses sur cet organisme, c’est choquant (…) Nous sommes vraiment bloqués. C’est un vrai défi.»

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